Chroniques rebelles
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Christiane Passevant
Mumia Abu-Jamal : En direct du couloir de la mort
Mumia Abu-Jamal
Article mis en ligne le 23 décembre 2007

par CP

Mumia Abu-Jamal, en direct du couloir de la mort

« Je vous écris de la prison d’État de Huntingdon, dans le centre de la Pennsylvanie, le plus grand couloir de la mort de l’État. Je suis l’une des 123 personnes qui attendent la mort. Je vis dans ce royaume stérile de la mort depuis l’été 1983. » [1]

Pour s’être élevé contre le système raciste et inégalitaire qui sévit aux États-Unis, Mumia Abu-Jamal est condamné en juin 1982, à l’issue d’un procès truqué. Les charges qui pèsent contre lui sont en réalité ses convictions politiques et son passé de membre des Black Panthers et non le meurtre d’un flic blanc qui lui est attribué. Mumia Abu-Jamal vit quotidiennement la banalité de l’horreur « dans un monde austère où les prisonniers sont traités comme des corps à maintenir en vie pour être tués ». Électrocution, pendaison, chambre à gaz ou injection létale… les solutions finales s’accélèrent avec la montée de la violence et des meurtres dans les villes américaines. « Peu importe que sur les dix États ayant les taux de meurtre les plus élevés, huit connaissent aussi le plus grand nombre d’exécutions, ces exécutions qui ont un prétendu effet dissuasif. »

Surnommé la “voix des sans voix”, Mumia Abu-Jamal est journaliste, noir et militant. En direct du couloir de la mort est un témoignage terrible contre la barbarie d’un « appareil de répression raciste », contre l’État qui criminalise les activités des activistes politiques pour les réduire au silence, contre le “lynchage légal”, contre un système qui a fait de la peine de mort un argument électoral. La mobilisation aux États-Unis et internationale a permis de retarder son exécution et n’a cessé de dénoncer l’acharnement contre Mumia Abu-Jamal mené par la police de Philadelphie. Mais qu’en est-il de la révision d’un procès, de l’audition d’importants témoins qui avaient jusqu’ici fait l’objet de pressions policières et d’intimidations.

Si la campagne pour sauver Mumia Abu-Jamal a stoppé l’appareil de mort, la mobilisation doit continuer non seulement pour la libération de Mumia Abu-Jamal, mais contre une violence étatique raciste. « En Pennsylvanie, 111 condamnés à mort sur 184, soit plus de 60%, [en 1994] étaient noirs. » alors qu’ils constituent « à peine plus de 9% de la population de la Pennsylvanie, et un peu moins de 11% de la population nationale. […] Le droit n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens. »

CP