Chroniques rebelles
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Rencontre cinématographique au salon du livre libertaire
Autour des films documentaires
Samedi 16 juin 2012
Article mis en ligne le 18 juin 2012
dernière modification le 16 juillet 2012

par CP

Bleu pétrole

Film documentaire de Nadège Trebal

Sur les écrans actuellement

La classe ouvrière n’existerait soi-disant plus… Et pourtant, il est aujourd’hui question de deux films, Bleu pétrole de Nadège Trebal, actuellement sur les écrans et, dans la seconde partie de l’émission, de Putain d’usine de Rémy Ricordeau, film documentaire inspiré du bouquin de Jean-Pierre Levaray qui écrit : « Tous les jours pareils. J’arrive au boulot (même pas le travail, le boulot) et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe. Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons — et des collègues que, certains jours, on n’a pas envie de retrouver. »

Mais tout d’abord, Bleu Pétrole de Nadège Trebal, un film au cœur du travail, de l’usine… Une raffinerie de pétrole, Total, plantée là — sur l’estuaire de la Loire —, des ouvriers, un syndicat au jour le jour… Entre discussions sur les négociations, sur les séances du comité d’entreprise et les actions syndicales à mener, on suit des syndicalistes, le secrétaire de la CGT qui vient de prendre sa retraite et le plus jeune qui prend la suite, engagé dans la lutte pour les droits des salarié-es et les conditions de travail dans l’entreprise, mais aussi en dehors lorsque des profs et des parents d’élèves manifestent devant la raffinerie pour la bloquer.

Bleu Pétrole de Nadège Trebal, une belle réflexion sur la classe ouvrière et sur l’état de l’engagement syndical aujourd’hui.

Devant le paysage plein écran, on hésite entre l’impression d’un cauchemar industriel et l’image « futuriste » et incongrue en pleine nature de l’importante raffinerie. De plus, c’est beau dans les différentes lumières et bien sûr la nuit… Mais si Nadège Trebal nous offre des images léchées de cet environnement, fascinée peut-être par le décalage du bâtiment — « gigantesque enchevêtrement de tuyaux, traversé par des voies de chemins de fer, fruit d’une contorsion historique qui a vu l’usine s’agrandir, et passer les rails » —, elle s’intéresse avant tout aux personnes qui y travaillent et qui y luttent.

Construire un rapport de force, c’est aussi faire une autocritique, se construire dans le combat syndical face aux méthodes patronales. Les valeurs fondamentales restent les mêmes, dans le fond, et si les formes de résistance évoluent, le problème principal demeure : l’exploitation.

Et

Diffusion de la table ronde autour des films documentaires durant le Salon du livre libertaire (Paris, 12 mai 2012)

Du projet à la réalisation et à la distribution…

Le Salon du livre libertaire, c’était trois belles journées autour des livres, de l’anarchie, d’un autre futur, de belles rencontres et… du cinéma. Avec une journée entière, le 12 mai, consacrée au cinéma documentaire d’auteur.

Avec les réalisateurs et la réalisatrice des films documentaires projetés le 12 mai 2012 : Olivier Azam (réalisateur et pour la coopérative audiovisuelle des Mutins de Pangée), Rémy Ricordeau, Michèle Rollin, Didier Zyserman.

Putain d’usine de Rémy Ricordeau (52 mn) d’après le livre de Jean-Pierre Levaray (L’Insomniaque, 2002/Agone)

« Tous les jours pareils. J’arrive au boulot (même pas le travail, le boulot) et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe. Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons — et des collègues que, certains jours, on n’a pas envie de retrouver. »

Nosotros del Bauen (Nous autres du Bauen) de Didier Zyserman, avec la collaboration de Jérémie Reichenbach (2010 – 95 mn)

La construction de l’hôtel Bauen, au centre de Buenos Aires, date de la dictature militaire. Durant 25 ans, ses employé-es ont servi l’élite argentine et accueilli les touristes venus du monde entier. Depuis mars 2003, le personnel travaille en autogestion, se partageant les tâches et les salaires, votant les décisions lors des assemblées générales. Elena, Osvaldo, Santiago, Marcello luttent contre leurs anciens patrons, désireux de récupérer l’immeuble à leur profit. Le film est un regard sur cette expérience autogestionnaire et l’Argentine actuelle.

Je déboule à Kaboul d’Olivier Azam, 
Ramine, Habib, Florent, Samate, Manoocher Deghati, Youssouf Janessar, Fahim Dashty, Siddiq Barmak
 (2002 - 1h30)

« Avril 2002, je déboule à Kaboul libérée du régime taliban depuis à peine six mois. Dans ce pays interdit d’images depuis des années, et n’ayant connu que la guerre depuis plus de 25 ans, l’ONG française Aïna lancée par Reza Deghati m’a missionné pour « exporter la démocratie audiovisuelle en Afghanistan à l’aide des technologies numériques ». Concrètement, je dois monter le premier film documentaire tourné à Kaboul après les talibans, et ce film devra aussi servir de support pour former des Afghans au montage virtuel. Ce carnet de montage filmé raconte le « off » des premières heures où les images afghanes ont ressuscité au cœur même d’Afghan Film et du Centre des médias et de la culture de Kaboul. »

La Cité dont l’architecte est un enfant de Michèle Rollin (2011 – 57’)

Les enfants de la Cité Maillard de Rosny dessinent et décrivent leur ville idéale.

Le film explore l’imaginaire des enfants de toutes les origines quant au milieu architectural dans lequel ils évoluent, grâce à leurs créations et commentaires sur leurs dessins, dans un espace de mixité sociale et de rencontre de populations issues de la diversité : la cité HLM Maillard, prototype de l’architecture « innovante proliférante » des années 1970.

Prendre la caméra aujourd’hui, est-ce plus facile ? Les nouveaux supports favorisent-ils l’expression cinématographique ? Comment monter une production ? Où en est la production alternative et les coopératives audiovisuelles ? Quelles sont les nouvelles possibilités de diffusion ? Les nouveaux outils ? Les formats TV sont-ils une contrainte ? La multiplication des chaînes facilite-t-elle l’accès des cinéastes au petit écran ? Le retour du cinéma documentaire sur grand écran est-il une réalité ou encore un rêve ? Et internet dans tout ça ?

Autant de questions à aborder, à discuter et évoquées durant cette journée consacrée aux films documentaires, premiers pas pour prendre en compte le tournant ou pas de la production audiovisuelle.