Chroniques rebelles
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Journée mondiale contre la peine de mort. Toute ma vie en prison, film documentaire de Marc Evans dédié à Mumia Abu Jamal
Samedi 29 septembre 2012
Article mis en ligne le 29 septembre 2012

par CP

Journée mondiale contre la peine de mort :

10 octobre 2012 [1]

Mumia Abu Jamal

Mobilisation et nouvelle campagne pour sa libération

Le COLLECTIF UNITAIRE NATIONAL DE SOUTIEN À MUMIA ABU-JAMAL, [2] rassemble une centaine d’organisations et de collectivités publiques françaises :

www.mumiabujamal.com

Toute ma vie en prison

Film de Marc Evans sur l’affaire Mumia Abu-Jamal.

Avec Claude Guillaumaud-Pujol, auteure de Prisons de femmes. Janine, Janet & Debbie, une histoire américaine et de Mumia Abu-Jamal. Un homme libre dans le couloir de la mort (Temps des cerises), Patrick Kamenka, journaliste et syndicaliste et Ramite.

Né en 1954, Mumia Abu-Jamal s’appelle d’abord Wesley Cook, mais encore au lycée, il se choisit un prénom swahili, Mumia. C’est à la naissance de son fils qu’il adopte Abu Jamal qui signifie le père de Jamal. Dès l’adolescence, Mumia proteste contre le racisme. À 15 ans, il est chargé de l’information à la section de Philadelphie du Black Panther Party et est évidemment fiché par le FBI qui le considère comme l’une des personnes « à surveiller et interner en cas d’alerte nationale ».

C’est l’époque du Cointelpro (programme d’infiltration et de contre-espionnage), un programme de répression et d’assassinats politiques, sous l’égide du FBI, dont les victimes ciblées sont les activistes de l’American Indian Movement — Leonard Peltier est toujours en prison — et les Black Panthers. Ce programme s’apparente aux méthodes expéditives fascistes de liquidation utilisées à l’encontre des activistes politiques. L’engagement politique de Mumia Abu Jamal est donc un élément crucial pour la suite des événements puisque, des années plus tard, à l’issu d’un procès truqué et expédié, sa condamnation à mort sera essentiellement fondée sur son appartenance aux Black Panthers.

Ce qui est remarquable chez Mumia Abu Jamal, c’est la cohérence de ses convictions et sa détermination. Lorsqu’il devient journaliste indépendant, il est surnommé « la voix des sans-voix » car, dans ses émissions de radio, il donne l’antenne à ceux et à celles qui en sont généralement écarté-es. Il dénonce également les brutalités policières, la corruption des autorités et critique les politiques. Et à Philadelphie, il y a de quoi faire ! Mumia tient un discours libre et articulé : « il dit des choses que le pouvoir veut taire. »

Il va notamment s’élever contre les persécutions meurtrières dont est victime la communauté MOVE. En bref, Mumia, journaliste noir, radical, apprécié pour son travail d’investigation et ses émissions, dérange les autorités par sa liberté de parole. Outre cette liberté, le soutien déclaré de Mumia à MOVE exaspère les politiques et la police de Philadelphie, sous l’emprise — il faut le souligner — du Fraternal Order of Police. Conséquence directe : une des stations de radio lui retire son émission. Mumia travaille alors en parallèle comme chauffeur de taxi, la nuit. C’est dans le cadre de cet emploi que le piège se met en place et que se situe toute l’affaire.

Aux premières heures du 9 décembre 1981, Mumia Abu-Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de la ville, où il vient de déposer un client. Arrêté, il est accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans cette fusillade. Malgré ses protestations d’innocence et son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable est menée sans qu’il y ait d’expertises balistiques, d’identification des balles ou de relevé d’empreintes, dans une zone des faits qui n’est pas sécurisée. L’enquête bâclée vraisemblablement à dessein conclut à la culpabilité de Mumia Abu Jamal. S’ensuit une série de violations des droits de l’accusé et de malversations avérées — témoins menacés, subornés, occultés, rapports de police contradictoires… — afin d’aboutir, en juillet 1982, à la condamnation à mort de Mumia Abu Jamal, opposant politique gênant. Et ceci sous la pression d’un juge — le juge Sabo —, qui détient des records en matière de sentence capitale. Celui-ci n’hésite d’ailleurs pas à lâcher cette remarque au cours du procès : « je vais les aider à le faire griller, ce nègre » !

Le pays de la soi-disant « libre entreprise » est aussi le pays du racisme, de même que de la religion, puisque l’on voit, dans le film de Marc Evans, les policiers du Fraternel Order of Police faire le signe de croix à qui mieux-mieux et que l’un des accusateurs de Mumia n’hésite pas à le comparer sérieusement à l’image de Satan dans la bible. Sans parler évidemment du fameux « In God we trust » inscrit sur les billets de banque ! Autrement dit « nous croyons en dieu » : intégrisme et pognon auxquels s’accolent racisme et notion de peuple élu ! [3]

Le juge Sabo ne déroge donc pas à une certaine tradition ancrée dans les mentalités étatsuniennes en disant «  Je vais les aider à le faire griller, ce nègre » ! Dès lors, la cause est entendue, le « coupable idéal » qu’est Mumia est jugé en tant que terroriste et n’a cessé depuis d’être l’objet d’un acharnement forcené de la machine judiciaire… Trente années dans le couloir de la mort ! [4]

Sacco et Vanzetti, Ethel et Julius Rosenberg, Mumia Abu Jamal… Autant de coupables désignés d’avance, autant de preuves fabriquées, de témoignages obtenus par des pressions policières, autant de victimes d’une justice arbitraire, autant de principes violés d’une constitution à géométrie variable !
In extremis, Mumia Abu-Jamal échappe à un nouveau déni de justice !

Délégation française à Washington 2012.

http://www.mumiabujamal.com/site/index.php?page=les-photos