Chroniques rebelles
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Fix me de Raed Andoni en DVD. Cinéma d’auteurs avec Blaq Out
Samedi 5 janvier 2013
Article mis en ligne le 7 janvier 2013

par CP

Cinéma d’auteur et de lutte

Blaq Out

Dans le cadre du Salon du Livre Libertaire, en mai 2012, les Chroniques rebelles ont organisé une journée autour des films documentaires avec la projection de quatre films en présence des documentaristes. Une journée pour voir des docs, pour poser des questions et débattre sur l’écriture cinématographique, la production, la réalisation, la diffusion et la distribution… La distribution étant la clé et la finalité de la production des films, qu’ils soient documentaires ou de fiction.

En effet, il ne s’agit pas de seulement prendre la caméra, bien que le numérique favorise la démarche et l’expression cinématographiques, il faut ensuite pouvoir montrer et diffuser ses films. De plus, si la production est alternative ou a des ambitions autres que le seul divertissement, les difficultés se multiplient.

Recevoir aujourd’hui Blaq Out, c’est continuer d’une certaine manière la réflexion entamée durant le Salon du livre libertaire.

« Créée en 2002, Blaq Out est une société d’édition vidéo consacrée au cinéma d’auteur en DVD. » L’urgence étant de « pallier la faible exposition des films d’auteur en salles compte tenu de la pression exercée par les blockbusters et le nombre de sorties croissantes ». Ces phénomènes ont pour résultat la disparition rapide des écrans de films originaux. D’où « la nécessité de trouver des débouchés autres pour assurer aux différentes œuvres une deuxième vie, voire une pérennité d’ordre patrimonial[…]. « L’un de ces débouchés est l’édition vidéographique. »

Le DVD a permis d’offrir une qualité de l’image et du son supérieure à celle des cassettes vidéo, ainsi que la possibilité d’ajouter au film des « bonus » tels que des entretiens avec les cinéastes, les comédiens et les comédiennes, les critiques historiens du cinéma, ou encore des reportages ou des making of.
« Blaq Out s’engage ainsi à offrir aux films d’auteur, qu’ils soient français ou étrangers, classiques ou contemporains, la seconde vie, voire la première vie, qu’ils méritent, sur un support de qualité et au contenu enrichi. »

Nouvelles possibilités de diffusion, nouveaux supports… Ne reste que le grand écran et la salle obscure qui manquent. Mais n’empêche, ainsi des œuvres majeures échappent à l’oubli et cela permet aussi la découverte d’œuvres cinématographiques inédites.

Le film palestinien de Raed Andoni, Fix me, édité par Blaq Out n’est pas inédit. Fix me est sorti sur les écrans en 2010 et avait pour titre initial Rencontre dans l’œil du chameau. Le film est certainement une rencontre avec un cinéma tout à fait ancré dans l’humour et l’imagination propre à cette région du Moyen Orient. Raed Andoni, qui dit n’avoir jamais fait d’école de cinéma puisqu’il était en prison, fait s’écrouler le mur entre Israël et Palestine et utilise « des métaphores non réalistes, le mur qui s’écroule, la conduite à l’envers, le niveau de la mer, l’œil du chameau, [qui] sont une façon de jouer avec la réalité. Lorsque je crée [dit-il] des scènes fantaisistes, des métaphores, je ne veux pas obligatoirement dire quelque chose de précis. […] Ce qui me plaît dans ces scènes, [c’est] que chaque personne l’interprète différemment. »

À la question, Pensez-vous que les métaphores soient plus naturellement utilisées au Moyen-Orient qu’en Europe ? Raed Andoni répondit : « Oui, parce que la vie n’y est pas généralement aussi systématique. Elle est plus vibrante. C’est sans doute pourquoi les métaphores viennent plus facilement. Ici, en Europe, il y a moins de place pour l’imagination. Tout est construit dans un système. Liberté et imagination n’ont guère de place ici. »

Fix me [1] ou rencontre dans l’œil du chameau

Raed Andoni [2] : Dans cette thérapie, je ne pensais pas résoudre mes problèmes de migraine, mais plutôt exprimer des questions enfouies en moi, dans mon subconscient. C’est le sujet du film et d’ailleurs une thérapie ne résout pas les problèmes, c’est plutôt le processus qui compte. Avant le tournage et la réalisation du projet, je me suis posé la question : « pourquoi une thérapie sous forme de film ? ». S’agissait-il de faire un film pour faire une thérapie ou bien de faire une thérapie pour réaliser un film ? Je suis un cinéaste et faire un film fait partie de mon humanité. Je ne cesse jamais d’être cinéaste ; je pense et je vis comme un réalisateur. Ce mélange de motivations m’a poussé à monter ce projet et, dès notre première rencontre, j’en ai parlé au thérapeute puisque, lui aussi, fait partie du film.

C’est un film sur l’inconscient et cela a été une expérience extraordinaire, tout d’abord parce que j’y ai consacré vingt semaines, sans travailler sur aucune autre production. À ma proposition, le médecin a posé une seule condition : ne pas visionner les rushes avant la fin du tournage, c’est-à-dire avant de clore les vingt séances de thérapie. Exigence logique, car mon regard de réalisateur aurait primé et l’expérience aurait été différente et sans doute faussée alors que durant la thérapie, mes réactions étaient naturelles et évoluaient au fur et à mesure des séances. La difficulté venait surtout de devoir accepter d’abandonner le contrôle du film et son déroulement, de lâcher prise sur ce que je ne pouvais prévoir et, par là, ignorer la scène suivante. Ce projet était risqué, mais sans limites. Le film, d’une certaine manière, parle de liberté.

Je n’ai pas fait d’école de cinéma, je suis allé en prison et, à ma sortie, je n’étais pas autorisé à voyager. J’ai appris le cinéma de la vie. Pour ce qui est les échanges avec mes amis et ma famille, je voulais qu’il y ait de l’espace pour les autres et éviter les clichés à propos de la Palestine. J’ai suivi en parallèle l’évolution de la thérapie et la situation extérieure. Mon neveu, qui vit au Etats-Unis, est venu en visite à cette époque, il est dans le film, d’autant qu’il me ressemble lorsque j’avais son âge, 18 ans. Un autre participant, Bassem, était en prison avec moi et son histoire figure aussi dans le film. Omar, l’électricien, travaillait chez moi au moment du film. Beaucoup de scènes, de rencontres n’étaient pas prévues. Ces vingt semaines représentent ma relation avec la réalité, les événements, la thérapie et leurs interférences. Et bien sûr, ma famille fait partie de l’expérience, d’ailleurs en thérapie, on aborde toujours le sujet de la famille. De cette expérience, j’ai appris à faire confiance et à partager.

Durant le tournage et ces vingt semaines, je doutais d’avoir suffisamment de matériel pour un film, mais lorsque j’ai visionné les rushes, j’ai compris que la réalité peut donner de quoi faire un film.



Extraits du catalogue Blaq Out

Créée en 2002, Blaq Out est une société d’édition vidéo consacrée au cinéma d’auteur en DVD.

Afin de pallier la faible exposition des films d’auteur en salles compte tenu
de la pression exercée par les blockbusters et le nombre de sorties croissantes, la nécessité de trouver des débouchés autres pour assurer aux différentes oeuvres une deuxième vie, voire une pérennité d’ordre patrimonial, est devenue évidente et urgente. L’un de ces débouchés est l’édition vidéographique.

Ces dernières années ont vu à cet égard l’avènement du DVD, support numérique qui offre une qualité d’image et de son que ne proposait pas la vidéocassette, mais également une interactivité des plus conviviales et des suppléments de programme qui sont appelés à devenir des oeuvres à part entière — qu’il s’agisse de modules vidéo (making of, interviews, reportages), bref de mille et une possibilités artistiques destinées à éclairer ou à étayer le film.

Blaq Out s’engage ainsi à offrir aux films d’auteur, qu’ils soient français ou étrangers, classiques ou contemporains, la seconde vie, voire la première vie, qu’ils méritent, sur un support de qualité et au contenu enrichi.

La vocation de Blaq Out auprès de son public c’est alors le plongeon soudain et délibéré dans le noir, pour découvrir, redécouvrir ou faire découvrir des films d’auteur dans les conditions cinéphiles de la salle obscure.

THE YES MEN dee Chris SMITH (États-Unis, 2005)

Avec Andy Bichlbaum, Mike Bonanno, Michael Moore

Synopsis :
Les « Yes Men », un petit groupe d’activistes, créent un faux site internet affilié à l’Organisation Mondiale du Commerce. Leur ruse fonctionnant au-delà de leurs espérances, ils parviennent à infiltrer les rangs de l’OMC, alors qu’ils sont politiquement opposés à la dite organisation. Se rendant de conférences internationales en conférences internationales, ils profitent alors de leur nouveau statut pour pousser les théories du libre-commerce mondial au paroxysme, et ce parfois de façon spectaculaire, afin de réveiller les consciences… qui ne sont pas toujours au rendez-vous…

Grand Prix du Festival de Groland 2005, Prix du Public au Festival d’Amsterdam 2004, Sélection Officielle Festival de Berlin 2004, Sélection Officielle Festival de Toronto 2003, Sélection Officielle Festival de Sundace 2003.



BAB EL OUED CITY de Merzak ALLOUACHE (France, Suisse, Allemagne, Algérie, 1994)

Avec Nadia KACI, Mohamed Ourdache, Hassan Abidou, Nadia Samir

Synopsis :
Alger, 1989. Le quartier populaire de Bab el-Oued est encore sous le choc des émeutes sanglantes d’Octobre 1988. La nuit, le jeune Boualem travaille à la boulangerie. Le jour, la voix amplifiée de l’Imam l’empêche de dormir. Dans un accès de colère, il arrache le haut-parleur placé sur la terrasse de son immeuble et le jette à la mer. Un groupe de jeunes islamistes se met à la recherche du coupable afin de lui infliger une punition exemplaire.

Merzak Allouache vient de réaliser un autre film sur la situation et inscrit dans la réalité d’aujourd’hui : LE REPENTI.
Quand, au printemps de l’année 1993, Merzak Allouache (CHOUCHOU, SALUT COUSIN !) et son équipe de tournage se rendent à Alger pour filmer les frustrations de la jeunesse de Bab el Oued, c’est l’état d’urgence… Le quotidien est fait d’assassinats, d’embuscades, d’arrestations, de crimes politiques. Malgré l’insécurité grandissante, le réalisateur parvient à terminer son film et nous livre avec BAB EL OUED CITY un témoignage exceptionnel du conflit qui a ensanglanté l’Algérie.



93 LA BELLE REBELLE de Jean-Pierre THORN (France, 2010)

Avec Daniel Baudon "Sixties Memory", Marc Perrone, Loran "Bérurier Noir" et "Les Ramoneurs de Menhirs", Dee Nasty, NTM, Casey, B-James, Serge Teyssot-Gay et "Zone Libre", "93 Slam Caravane" : Abdel Haq, Bams, Grand Corps Malade, Yo et D’ de Kabal

Synopsis :
Une épopée — du rock au slam en passant par le punk et le hip hop — incarnant un demi-siècle de résistance musicale en Seine-Saint-Denis et se faisant porte-voix d’une jeunesse et de territoires en perte d’identité, sous les coups des mutations industrielles, des désillusions politiques et de l’agression constante des pouvoirs successifs. La banlieue, à contrario des clichés, se révèle un espace incroyablement riche de métissages engendrant une créativité époustouflante.



2 FILMS de Danielle ARBID (France, Liban)

Lépoard d’argent vidéo, Festival de Locarno 2000 Prix du Jury Oecuménique, Festival de Leipzig 2000

Synopsis :
SEULE AVEC LA GUERRE (2000)
"Beyrouth est une ville formidable. On se croirait au centre de tout. À Beyrouth, entre 1975 et 1990, il y avait une guerre civile, c’est-à-dire que tout le monde voulait exterminer tout le monde. Aujourd’hui, la guerre est finie. Elle s’est arrêtée un jour, comme ça, après avoir gangrené nos vies. J’ai voulu filmer le vide qu’elle a laissé. Sa présence fantomatique. Cette plaie..."

AUX FRONTIÈRES (2002)
"J’ai passé 4 semaines 3 nuits et 2 jours à tourner autour d’un pays qui porte deux noms : Israël /La Palestine. Je n’ai jamais traversé ses frontières. Je l’ai regardé comme ceux qui le regardent de l’extérieur, qui le fantasment, le méprisent ou l’adorent. Mon film suit mes errances. Il expose ce face-à-face avec un pays aussi obsédant, qu’invisible. Hors d’atteinte."



Koji WAKAMATSU

Un temps yakuza, Koji Wakamatsu devient cinéaste après avoir purgé une peine de prison, en jurant de faire du cinéma une arme politique pour dénoncer les abus du pouvoir. En 1959, il entame ainsi une carrière à la télévision avant de réaliser quatre ans plus tard ses premiers films pour le cinéma. Il est alors libre de filmer ce que bon lui semble à condition d’y injecter un maximum de scènes de sexe et de violence. C’est donc par stratégie qu’il mène une carrière remarquée dans le cinéma pink, dans le but de réaliser les films auxquels il tient. Mais il s’aperçoit que l’érotisme est nécessaire au développement de son discours politique et que ce qui n’était au départ qu’une obligation est devenu une nécessité.

En 1965, il fonde sa propre maison de production, Wakamatsu Production, et réalise Les secrets derrière le mur qui provoque l’indignation quasi générale, et surtout un incident diplomatique entre le Japon et l’Allemagne, en étant sélectionné au Festival de Berlin cette année-là. Sa caméra devient une arme politique offensive dénonçant les travers d’un gouvernement hypocrite et il s’impose surtout en tant que porte-parole d’une jeunesse en proie à une forte crise identitaire, comme en témoigne Va va vierge pour la deuxième fois (1967) ou encore Sex Jack (1970).

Ses films, le plus souvent co-écrits avec Masao Adachi et tournés de manière frénétique (il en réalise une dizaine par an), d’apparence simpliste dans leur mise en scène dépouillée qui rappelle celle de Jean-Luc Godard, mais dont les excès de sexe et de brutalité ramènent au cinéma d’exploitation, sont de virulents manifestes anarchistes qui font encore aujourd’hui grincer des dents les autorités nipponnes et qui lui valent d’être toujours interdit sur les sols étatsunien, russe et chinois.

En 1971, Wakamatsu obtient la reconnaissance internationale à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, avec Les anges violés (1967) et Sex Jack, et ralentit en même temps son rythme de production. Cinq ans plus tard, il rejoint Nagisa Oshima qui fait appel à lui pour L’Empire des sens, dont il assure la production exécutive. United Red Army, film coup de poing de 3h10 sur l’Armée Rouge Unifiée (pendant national de l’Armée Rouge Japonaise) sélectionné et récompensé au Festival de Berlin 2008, marque son retour sur la scène internationale, le film étant sorti en salles en France le 6 mai 2009 et en DVD le 17 novembre. Son film suivant, Le soldat dieu (Caterpillar) est sélectionné en compétition officielle au Festival de Berlin en 2010 et remporte l’Ours d’Argent de la Meilleure Actrice pour Shinobu Terajima. Le film sort en salles au Japon le 15 août 2010 et en France le 1er décembre 2010.

Sa filmographie Blaq Out :

Les secrets derriere le mur (Kabe no naka no himegoto, 1965)

Quand l’embryon part braconner (Taiji ga mitsuryo suru toki, 1966)

Les anges violés (Okasareta hakui, 1967)

Va va vierge pour la deuxieme fois (Yuke yuke nidome no shojo, 1969)

• Coffret Koji Wakamatsu Vol.1 (4 DVD) (Koji Wakamatsu Boxset vol.1 (4-disc set), 1965)

United Red Army (Jitsuroku rengo sekigun : Asama sanso e no michi, 2008)

• Coffret Koji Wakamatsu Vol.2 (4 DVD) (Koji Wakamatsu Boxset vol.2 (4-disc set), 1969)

• Coffret Koji Wakamatsu Vol.3 (4 DVD) (Koji Wakamatsu Boxset vol.3 (4-disc set), 1969)

Le Soldat Dieu (Caterpillar, 2010)

Piscine sans eau (Mizu no nai puuru, 1982)

Voir Divergences2, décembre 2013.



LE VOYAGE DE JAMES à JÉRUSALEM (MASSAOT JAMES BE’RETZ HAKODESH) de Ra’anan ALEXANDROWICZ (Israël, 2003)

Avec Siyabonga Melongisi Shibe, Arieh Elias, Salim Daw, Sandra Schonwald, Hugh Masebenza, Florence Bloch, Ya’akov Ronen Morad

Synopsis :
Dans le village imaginaire de Entshongweni, loin, très loin de la civilisation occidentale, le jeune James est choisi pour accomplir une mission : un pèlerinage dans la ville sainte de Jérusalem. Suspecté d’essayer d’entrer clandestinement, il est dès son arrivée jeté en prison. Un miracle se produit, un inconnu règle sa caution. Mais ce n’est en fait qu’un pourvoyeur de main d’œuvre illégale. Le voyage de James se transforme alors en une suite de quiproquos au cœur d’un système économique impitoyable dont il va cependant vite comprendre les règles du jeu…

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2003, LE VOYAGE DE JAMES À JÉRUSALEM est une comédie burlesque qui explore la réalité des clandestins en terre inconnue et évoque le pèlerinage rocambolesque d’un James pas si naïf qu’il en a l’air. Une quête initiatique sur le ton de l’humour, enlevée par des personnages résolument tendres et attachants.



LOUISE WIMMER de Cyril MENNEGUN (France, 2012)

Avec Corinne Masiero, Jérôme Kircher, Anne Benoit

Bayard d’or de la Meilleure première oeuvre au Festival International du Film Francophone de Namur 2011, Prix du public au Festival International du Film Entrevues de Belfort 2011, Œil d’or de la meilleure actrice pour Corinne Masiero au Festival International du Film de Zurich 2011, Swann d’or coup de coeur à Corinne Masiero au Festival International du Film de Cabourg 2012, Mostra de Venise 2011 - Critics’ Week, 54th BFI London Film Festival 2011

Synopsis :
Insoumise et révoltée, Louise Wimmer a presque tout perdu. Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle va tout faire pour reconquérir sa vie.

Avec LOUISE WIMMER, Cyril Mennegun, documentariste reconnu, met à profit son expérience (TAHAR L’ÉTUDIANT, la première apparition de Tahar Rahim à l’écran) pour dresser le portrait touchant et sans compromis d’une femme d’aujourd’hui.



VIVRE AU PARADIS de Bourlem GUERDJOU (France, 1999)

Avec Roschdy Zem, Fadila Belkebla, Omar Bekhaled

Synopsis :
1961-1962, tandis que la Guerre d’Algérie bat son plein, Lakhdar, émigré en France, ne supporte plus de vivre seul, sans sa famille, dans le bidonville de Nanterre. Il ne rêve que de les faire venir. Mais peut-être est-il resté trop longtemps loin d’eux. Sa femme, Nora, a des engagements militants et il ne s’en est pas aperçu...

Bourlem Guerdjou réalise avec VIVRE AU PARADIS un film bouleversant où l’histoire d’un couple d’immigrés algériens est confrontée à l’Histoire, celle de la Guerre d’Algérie. Entre l’individualisme de Lakhdar, qui se bat pour se sortir lui et sa famille de la misère, et l’engagement de sa femme Nora aux côtés du FLN, le réalisateur dresse un portrait réaliste et touchant de la situation des Algériens en France au début des années 1960.



LES MOLEX, DES GENS DEBOUT de José ALCALA (France, 2011)

Synopsis :
En juillet 2008, les 283 employés de l’usine de Villemur-sur-Tarn sont félicités par la direction du groupe pour l’excellence de leurs résultats. Ils reçoivent même en grande pompe des récompenses d’honneur lors d’une réception organisée dans le restaurant d’entreprise. À peine trois mois après, le 23 octobre 2008, les délégués du personnel sont convoqués pour une réunion exceptionnelle du comité d’entreprise.
L’ordre du jour : la fermeture pure et simple du site de Villemur-sur-Tarn.

José Alcala, réalisateur d’ALEX et de COUP D’ÉCLAT (avec Catherine Frot), signe un documentaire unique, témoignage bouleversant d’un combat ouvrier pour sauver leur emploi. LES MOLEX, DES GENS DEBOUT, bien plus que le récit de ces destins brisés par les comportements délictueux de patrons-voyous, constitue un véritable appel à l’engagement. Dans ce combat solidaire, les salariés de Molex seront amenés à se rassembler, plaçant leurs espoirs dans le triomphe de la justice. Une bataille soulignant la folie des marchés financiers qui ont entraîné la fermeture d’une usine pourtant rentable.



MY FATHER, MY LORD (HOFSHAT KAITS) de David VOLACH (Israël, 2007)

Avec Assi Dayan, Ilan Griff, Sharon Hacohen Bar

Synopsis :
David Volach sait de quoi il parle lorsqu’il filme le quotidien de cette famille religieuse ultraorthodoxe. Lui-même qui a grandi parmi 19 frères et soeurs, est issu d’une communauté juive religieuse lituanienne.

Sous son regard de peintre caressant, un message radical se dégage peu
à peu : lorsque la religion se détourne de la vie, elle risque de la tuer.
Message universel pour tous ceux qui, derrière les dogmes, se coupent
de leur sensibilité. Ici, c’est le fils unique de ce couple ultra-religieux, le petit Menahem, qui est confronté dans ses élans de vie à l’intransigeance de la Torah et à l’obligation de s’y conformer. Dans une extrême innocence, il questionne son père qui reste à la fois doux mais inflexible. Celui-ci ne voit pas que c’est à la vie même que son propre fils l’appelle.



MON TRÉSOR (Or) de Keren YEDAYA (Israël, 2004)

Avec Ronit ELKABETZ, Dana IVGY

Caméra d’Or Festival de Cannes 2004 - Grand Prix de la Semaine de la Critique Festival Cannes 2004

Synopsis :
Ruthie et Or, une mère et sa fille de 17 ans, vivent dans un petit appartement à Tel-Aviv. Ruthie se prostitue depuis une vingtaine d’années. Le quotidien de Or est une succession sans fin de petits boulots qu’elle essaie de combiner tant bien que mal avec le lycée. Alors que sa mère sort d’un énième séjour à l’hôpital, Or décide que les choses doivent changer…

Le premier long-métrage de Keren Yedaya fait l’effet d’un coup de poing : loin des clichés manichéens en vigueur, la réalisatrice porte un regard politique et social sans concession sur la prostitution, sans juger jamais ses personnages ni les confiner dans quelque fatalité facile. Servi par l’interprétation exceptionnelle de Ronit Elkabetz, à la fois flamboyante et pathétique, et l’énergique Dana Ivgy, MON TRESOR nous plonge ainsi dans une poignante relation mère-fille que la cinéaste transcende pour évoquer le sort des femmes et de son pays.



WATERMARKS de Yaron ZILBERMAN (Israël, 2005)

Avec Judith Haspel, Trude Hirschler, Anni Lampl

Synopsis :
Elles sont belles, souriantes, généreuses. Elles ont entre 85 et 90 ans et
ont toutes en commun d’avoir été les figures de proue de l’équipe de
natation du mythique club sportif juif de Vienne, l’Hakoah-Vienna.
Parmi elles, Judith Haspel, meilleure nageuse autrichienne de l’époque
refusa de participer aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936.

Dispersées à travers le monde, sauvées de la déportation par les dirigeants
du club alors qu’elles avaient à peine 17 ans, elles reviennent les unes après les autres sur les traces d’une jeunesse foudroyée par l’arrivée du nazisme. Avant de faire un dernier plongeon dans la piscine de leur jeunesse, elles nous livrent un témoignage pudique et émouvant sur ce groupe solidaire et joyeux qui leur a appris fierté et dignité dans une époque qui voulait faire d’elles des êtres de second rang. Cette école de vie leur a sauvé la vie.



MÉMOIRE D’UN SACCAGE (MEMORIA DEL SAQUEO) de Fernando SOLANAS (Argentine, 2004)

Ours d’Or d’Honneur Festival de Berlin 2004

Synopsis :
Durant ces vingt-cinq dernières années, de la dictature militaire à
aujourd’hui, l’Argentine a subi l’un des effondrements économiques
et sociaux les plus brutaux qu’un pays ait pu connaître en temps de paix.
Ce pays riche et sa population ont vécu dans leur chair et de plein fouet l’ensemble des traumatismes dénoncés par les altermondialistes : ultralibéralisme éhonté, spoliation des biens de l’État, explosion de la dette extérieure, corruption politico-finanicère massive… Tout cela avec l’aide
et la connivence de multinationales occidentales et sous le regard complice
des institutions internationales. Cette politique de la terre brûlée aboutit
à un véritable « génocide social », un cataclysme inouï fait de famine, de maladies et de vies humaines sacrifiées.

MÉMOIRE D’UN SACCAGE dénoue un à un les mécanismes qui ont conduit à cette catastrophe. Ce film est dédié par son réalisateur, Fernando Solanas (L’HEURE DES BRASIERS, LE SUD, LE VOYAGE, LE NUAGE), à tous ceux qui résistent avec dignité et courage.



BAMAKO de Abderrahmane Sissako (France, Mali, 2006)

Synopsis :
Bamako, Mali. Melé est chanteuse dans un bar, son mari Chaka est sans travail, leur couple se déchire... Dans la cour de la maison qu’ils partagent avec d’autres familles, un tribunal a été installé. Des représentants de la société civile africaine ont engagé une procédure judiciaire contre la Banque mondiale et le FMI qu’ils jugent responsables du drame qui secoue l’Afrique. Entre plaidoiries et témoignages, la vie continue dans la cour. Chaka semble indifférent à cette volonté inédite de l’Afrique de réclamer ses droits...

Suppléments :
Entretien avec Abderrahmane Sissako et Roland Rappaport (30 mn)
Présentation des avocats (20 mn)



PETITE CONVERSATION FAMILIALE de Hélène Lapiower (France, Belgique, 1999)

Film documentaire

Synopsis : :
Hélène Lapiower, actrice vivant à Paris, a filmé, sept années durant, sa famille éparpillée en Belgique et aux États-Unis. Une famille de « petits tailleurs juifs, Polonais émigrés, dont les enfants se sont tous mariés avec des Noirs, des Belges et des Arabes. » Rupture totale d’identité pour cette génération, touchée dans son intimité par le poids de l’« Histoire ». PETITE CONVERSATION FAMILIALE est un film sur cette rupture. Mais aussi sur l’exil, la mémoire et la transmission.

Suppléments :
Hommage en images à Hélène Lapiower (extrait de l’émission "Surpris par la nuit" de Adrien Walter sur France Culture, avec François Margolin, Yolande Zauberman, Claire Denis et André Wilms)

Court-métrage ELLE ET LUI de François Margolin avec Hélène Lapiower



FAUST de Alexandre SOKOUROV (Russie, 2011)

Avec Johannes Zeiler, Anton Adasinskiy, Isolda Dychauk

Synopsis :
Le docteur Faust cherche désespérément un sens à sa vie lorsqu’il fait la rencontre de Méphistophélès, figure du diable masquée sous les traits d’un usurier. Celui-ci lui offre l’occasion d’approcher la jeune Marguerite, troublante image de la grâce et de la féminité...

Dernier volet de la tétralogie de Sokourov (après MOLOCH, TAURUS et LE SOLEIL), Faust emmène le spectateur dans une double expérience physique et existentielle. Destination finale : les tréfonds de l’âme humaine. Un voyage cinématographique et esthétique dessiné plan par plan à l’aquarelle par Sokourov d’après la célèbre « théorie des couleurs » de Goethe, et d’où, à travers les tonalités brunes, ocres et grises, surgira la figure sublime et lumineuse de Marguerite. Un voyage sans retour qui donne envie de se plonger dans le texte de Goethe pour affronter la puissance du
mythe qui a précédé le grand auteur allemand.



Que notre volonté soit fête !

Pendant 3 jours, nous proposons d’exprimer de manière festive notre rage contre toutes celles et ceux qui décident de nos futurs loin de nous. Contre toutes celles et ceux qui, pour leurs seuls intérêts personnels, sont prêts à foutre en l’air des milliers d’hectares de notre héritage le plus précieux. Le monde de l’aéroport est un monde de guerres, de pauvreté et de misère, d’aliénation des populations et de destruction de l’environnement. Un monde d’ennui, un monde de mort ! Si justement, il y a un mal contre lequel la Fête Libre est souveraine, c’est bien l’ennui. Dans sa forme mentale, policière, policée, forcée ou consommée, peu importe. La Fête Libre et la Lutte Radicale s’entremêlent en un flot de créativité qui répand les germes de la subversion. La Fête Libre c’est la vie. Et la vie ce n’est pas cet aéroport !

Nous n’attendrons pas demain pour vivre ! Le grand soir, c’est ce soir, demain matin et demain soir. Ce soir, nous sortons les enceintes et nous faisons la fête. Bien sur, pas une fête conditionnée, standardisée, tarifée. Un festival n’est pas politique. Une fête évolue en acte politique dès lors que chacun et chacune en devient actrice, où l’espace réquisitionné devient autogéré, lieu d’échange, de création, de tolérance. Ce qui est expérimenté ici aujourd’hui sert à concevoir demain au quotidien. Dans une Zone d’Action Festive, nous sommes autonomes, nous ne dépendons que de nous mêmes. Une Fête Libre n’a pas de hiérarchie. Qu’on soit dans l’orga ou simplement de passage, nous y sommes toutes et tous chez nous. La réussite de nos actions n’est le résultat que de notre seul effort commun. « Créer c’est Résister, Résister c’est Créer ! »

La Fête Libre, éphémère, brise parfois le cours d’une histoire, d’un projet. Si périssable soit-elle, elle engendre des semences d’idées et de désirs, jusque-là inconnus, et qui, souvent, lui survivent. Celles et ceux qui parlent de révolution et de lutte sans comprendre ce qu’il y a de subversif dans une Manifestation Festive, de positif dans le refus des dogmes, des contraintes et des cloisonnements, celles-ci et ceux-là ont dans la bouche un cadavre. Mais laissons leurs illusions à celles et ceux qui pensent tout posséder, tout contrôler. Qu’ils soient rouges ou gris, en passant par le noir, le vert, le rose et le bleu, ils nous ont toujours trahis ! Ne soyons plus complices de notre propre soumission à leurs sociétés pseudo-démocratiques, ou même pseudo-libertaires, et à leurs modes de pensée. Nous avons déjà choisi. Les coupables ne seront pas Ayrault ou Vinci. Les coupables seront toutes celles et ceux qui n’auront rien fait contre l’aéroport, contre ce monde injuste et destructeur. Il n’y a pas de méchant système, juste une somme d’individuelles lâchetés...

La Liberté absolue offense, déconcerte. On préfère alors invoquer la maladie, la démoralisation ou encore la déviance pour légitimer son oppression. Qui nous juge n’est pas né à l’esprit, à cet esprit de Liberté que nous voulons dire, et qui est pour nous bien au-delà de ce que vous appelez la liberté. Gare à vos logiques, Mes-sieurs-dames, vous ne savez pas jusqu’où notre haine de la logique peut nous mener. Il faut lutter sans plus attendre pour l’apparition concrète de l’ordre mouvant de l’avenir. Les forces réactionnaires à l’œuvre dans notre pays ne laisseront à aucun prix, tout en affirmant le contraire, une véritable contestation se développer en dehors de celle qu’elles ont pris soin d’organiser elles-mêmes. Des ordres injustes existent : nous satisferons-nous de leur obéir, tacherons-nous de les amender, allons-nous obéir jusqu’à ce que nous y ayons réussi, ou les transgresserons-nous sur le champ ? On estime en général devoir attendre d’avoir persuadé la majorité de les altérer. On pense que si l’on résistait, le remède serait pire que le mal. Or c’est de la responsabilité du gouvernement et du capital que le remède soit pire que le mal. C’est eux qui le rendent pire !

Alors jetons notre vote, pas un simple bout de papier, mais toute notre influence. Une minorité est impuissante tant qu’elle se conforme à la majorité. Ce n’est du reste plus une minorité, mais elle devient irrésistible quand elle la bloque de tout son poids. La Victoire sera pour celles et ceux qui auront su faire le désordre sans l’aimer. Il nous reste, dans les limites où il nous appartient d’agir avec efficacité, à témoigner en toutes circonstances de notre attachement absolu à l’Autonomie de nos existences. Non pas seulement en assurant individuellement la sauvegarde de ce principe, non pas seulement en élevant une faible protestation contre chaque violation qui en est faite, mais encore en recourant, le cas échéant, aux moyens d’agitation générale les plus propices. Notre participation à cet acte de Résistance à l’ordre établit est salutaire, nous devons prendre soin de cette Liberté si fragile que nous nous sommes réappropriée. Nous sommes toutes et tous coupables de refuser leur aéroport et le monde qui va avec !

Nous résistons à l’avenir probable dans le présent, car nous faisons le pari que ce présent offre encore matière à Résistance, qu’il est peuplé de pratiques encore vivantes même si aucune n’a échappé au parasitage généralisé qui les implique toutes. Nous montrons à toutes celles et ceux qui voudraient nous voir rentrer dans le rang ou envoyer au purgatoire, que nos modes de vies Autonomes et Festifs sont bien plus fertiles que leur vieux monde décrépi plein de projets inutiles. Ce monde fascisant qui n’a su répondre à l’expression de nos désirs que par la répression et la calomnie. Nous leur donnons ce spectacle fascinant d’une horde sauvage qui, sans chefs et sans moyens, construit un espace accessible à toutes les classes, à toutes les populations. Nous offrons à la face de ce monde nos Alternatives et nos Solidarités afin de semer nos Idées et nos Désirs. Ces germes nous survivront et finiront d’effriter petit à petit les fondements de cette société réactionnaire...

Nous ne sommes pas nées pour être possédées, pour être subalternes aux ordres, serviteurs ou instruments utiles de tout souverain de part le monde. Nous sommes nées pour marcher sur la tête des rois, apprenons à marcher seules ! Nous briserons celles et ceux qui, dans leur monde qui se meurt, n’ont que l’ambition de mourir avec lui. Aux réactionnaires qui veulent que l’histoire fasse machine arrière, à tous les soumis, indécis, suppôts de la tradition, aux apologues de la masse, à tous les serviles qui se complaisent dans les lambris ministériels, opposons notre entêtement : votre aéroport ne se fera pas et votre vieux monde, nous le briserons !

« Au vent qui sème la tempête, se récolte les jours de Fête »

N’oubliez pas que vous êtes dans une lutte anticapitaliste, sociale et
écologique : soyez autonomes, ne tolérez aucun comportement raciste, homophobe, machiste ou tout simplement dominant et irrespectueux, ne laissez aucun déchet ou mégot au sol, partagez et échangez ce que vous ramenez et surtout, agissez de partout contre Vinci et le Parti Socialiste !

plus d’info sur zad.nadir.org

Cette Zone d’Autonomie Festive est née d’individu-es librement associées, se reconnaissant dans les principes suivants :

Une opposition radicale au capitalisme et aux schémas de culture de masse imposés par les média majoritaires, modes entrainants une attitude de consommation contraire aux principes de partage et de participation active. Les cultures présentées, et par extension leurs espaces et modes d’expression, ne doivent souffrir d’aucune restriction. Elles sont la démonstration de la possibilité d’agir et de créer librement et de manière autonome au sein de nos sociétés conformées.

Un rejet très clair du féodalisme, de l’impérialisme, du racisme, du sexisme et de toutes formes et systèmes de domination et de discrimination. Nous reconnaissons la dignité entière de tous les êtres humains et prônons le respect de la diversité des modes de vie.

Une attitude de Confrontation Festive Directe, puisque nous ne pensons pas que le " lobbying " ou la " collaboration de classe " puissent avoir un impact majeur sur des gouvernements et organisations à tel point démagogues et antidémocratiques, pour lesquels le capital et leur maintien au pouvoir sont les seuls facteurs réels déterminants leur politique.
Un appel à l’Action Directe Créative et à la Révolte Festive mettant en avant des formes de Résistance Solidaire qui maximisent le respect pour la vie et pour les droits des peuples ou individu-es opprimés, ainsi que la construction d’alternatives locales au capitalisme mondial.
Une philosophie organisationnelle fondée sur la Décentralisation et l’Autogestion.

Notre but est la participation immédiate à une abondance passionnelle de la vie, à travers le changement de moments périssables délibérément aménagés. La réussite de ces moments ne peut être que leur effet passager. Nous envisageons l’activité culturelle, du point de vue de la totalité, comme construction expérimentale de la vie quotidienne. Il s’agit de produire nous-mêmes, et non des choses qui nous asservissent. Notre identité est l’Autogestion, la mobilisation infinie notre force, la danse et la musique l’expression de notre indéfectible Liberté.

Pour nous contacter : festizad@riseup.net

Annonce et informations : https://zad.nadir.org/spip.php?article885