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La Turquie bafoue la liberté de la presse en mettant dans les geôles 76 journalistes
Article mis en ligne le 19 novembre 2012

par CP

La Turquie bafoue la liberté de la presse en mettant dans les geôles 76 journalistes

La Turquie détient le record du monde toute catégorie du nombre de journalistes emprisonnés : 76 d’entre eux Turcs et Kurdes sont en effet sous les verrous dans le cadre de la loi anti terroriste. En réalité, ces journalistes sont emprisonnés pour avoir écrit des papiers qui touchent à des sujets tabous (corruption, question kurde etc) et qui sont des opposants au régime islamo conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Cette véritable répression pour museler l’information et priver l’opinion publique turque d’une autre voix que celle des medias officiels provoque un tollé à l’intérieur du pays comme à l’extérieur.

En Turquie, de nombreuses organisations et notamment le syndicat des journalistes (TGS) mènent une lutte déterminée pour organiser la solidarité et exiger la libération des journalistes détenus pour beaucoup depuis des mois sans avoir été jugés. Mais le pouvoir contre attaque en qualifiant de "terroristes" les journalistes prisonniers, en dénonçant les rapports internationaux, comme celui du Comité de Protection des journalistes (CPJ), qui osent critiquer le gouvernement d’Istanbul. Un responsable turc a même été jusqu’à déchirer devant les caméras de la télévision un de ces rapports.

"Le climat de peur" actuel est stigmatisé par Ercan Ipecki, le dirigeant des journalistes turcs, car hormis les détentions inhumaines des "76", qui n’ont pas le droit de posséder ni ordinateur, ni machine à écrire, le pouvoir a réussi à "imposer" l’auto censure dans nombre de rédactions pas peur de sanctions.
En Europe, la Fédération européenne des journalistes (FEJ 300.000 membres) a lancé une campagne de solidarité avec parrainage de journalistes, délégations enTurquie, création d’un site, publication d’un journal spécifique Gazette des Prisonniers etc. Cette année la FEJ a dédié le 5 novembre, la journée de la défense du journalisme en Europe, à la solidarité aux journalistes emprisonnés.

En France, les trois syndicats membres de la FEJ, (SNJ, SNJ-CGT et CFDT) ont accueilli à Paris Halide Kurt, la compagne de Soner Yalçin, journaliste d’investigation, dirigeant du site d’opposition au régime (OdaTV), qui est en prison sans jugement depuis 22 mois à la centrale de Silivri, près d’Istanbul. Il a écrit une lettre récemment (publiée par l’Humanité qui parraine ce journaliste) "Y a-t-il quelqu’un là-bas" pour lancer un cri d’alarme face au régime turc et pour qu’on oublie pas les 76 prisonniers. La visite à Paris a permis de rencontrer des parlementaires (la sénatrice du Front de Gauche Michelle Demessine), des syndicalistes, des ONG, comme la LDH etc.
Les medias (l’AFP, et même Le Figaro) ont relayé cette campagne de solidarité.

À Bruxelles, Halide Kurt a rencontré plusieurs parlementaires européens, dont Patrick Le Hyaric qui a appelé à la libération des journalistes sine die.
À Istanul, le 5 novembre quelques 200 journalistes ont manifesté pour appeler à libérer leurs collègues.

Aujourd’hui, il y a urgence : le 16 novembre Soner Yalçin doit comparaître devant la justice à Istanbul. D’autres comparutions auront lieu au cours du mois de novembre.

De plus aujourd’hui 9 journalistes kurdes sont en grève de la faim depuis plus de 50 jours avec plusieurs centaines d’autres pour réclamer notamment le droit à l’usage de la langue kurde.