Chroniques rebelles
Slogan du site
Descriptif du site
samedi 25 mai 2013
Les guerrières de la paix de Monique Surel-Tupin et Howard Zinn. Une vie à gauche de Martin Duberman
Les éditions Lux… Toute une histoire. Nouvelle création de Monique Surel-Tupin
Article mis en ligne le 25 mai 2013

par CP

Les guerrières de la paix

Pièce de Monique Surel-Tupin

« Elles étaient nombreuses. Elles étaient vaillantes. Elles luttaient pour la paix contre la guerre. C’étaient des femmes, on les a oubliées. »

Gabrielle Bouet, institutrice, syndicaliste révolutionnaire :

« Selon vous, pas un Allemand ne serait digne de pitié. Il faudrait les exterminer jusqu’au dernier afin qu’il n’en reste aucun pour perpétuer cette race maudite. »

Julia Bertrand, institutrice, anarchiste, antimilitariste :

« De la prison de Paray-le monial j’ai été dirigée sur Clermont-Ferrand où j’ai vécu 10 jours dans une caserne, en compagnie de plusieurs centaines de prisonniers et d’otages allemands et alsaciens couchant sur la paille, où j’ai du subir durant une après-midi et une nuit, une mise au cachot sans air, sans nourriture, sans récipient pour les nécessités. »

Stéphanie Bouvard, ouvrière fleuriste-plumassière, militante socialiste et syndicaliste :

« Qu’on fasse cesser cette danse des morts ! »

Sévérine, journaliste :

« Pacifiste, oui. On l’a été avant la guerre, on l’est pendant, on le sera
après.
 »

Louise Bodin, journaliste, socialiste :

« C’est la guerre qu’il faut combattre. Chaque guerre nous fait faire un pas de plusieurs siècles en arrière. »

Marcelle Capy, journaliste, écrivaine, socialiste libertaire :

« Maudissez ceux qui creusent les charniers. La vie n’en sort pas. »

Nelly Roussel, journaliste, conférencière féministe :

« À bas les guerriers ! »

Jeanne Melin, féministe, pacifiste, internationaliste :

« Seule Française, je prends la liberté de rester ce que j’ai toujours été, pacifiste, internationaliste, et maintenant antimilitariste. »

Madeleine Pelletier, médecin, féministe, antimilitariste, socialiste libertaire :

« Les soldats qui croient se battre pour leur pays se battent et meurent pour du charbon, du pétrole du fer et quelques millions d’hommes tombent pour le profit de quelques industriels qui sortent de l’aventure couverts d’argents et d’honneurs. »

Jeanne Alexandre, professeure, agrégée de philosophie :

« Il faut choisir. Ou la vie humaine n’est rien et la guerre est légitime, et tous les moyens sont bons et il n’est pas d’atrocités. Ou la vie humaine est le premier et seul bien. La guerre est alors toute entière atrocité. »`

Et

Howard Zinn, une vie à gauche

Martin Duberman (Lux)

La vie d’Howard Zinn (1922-2010) fut pleine de contrastes : après s’être engagé comme bombardier pour combattre le fascisme, il devint un pacifiste convaincu ; né d’une famille pauvre, il obtint un doctorat en histoire à l’université Columbia ; professeur blanc, il enseigna dans un collège pour jeunes filles noires à Atlanta ; érudit, il restera dans les mémoires comme l’auteur d’Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours.

Non seulement Howard Zinn a-t-il bouleversé notre façon d’aborder l’histoire, mais il en a été lui-même un acteur à part entière. S’étant trouvé au cœur des événements marquants de l’histoire contemporaine des États-Unis — de la Seconde Guerre mondiale aux invasions de l’Afghanistan et de l’Irak, en passant par le maccarthysme, les luttes pour les droits civiques et celles contre la guerre du Vietnam —, il pourrait être le héros d’un roman historique autant que le catalyseur d’une réflexion sur la tâche de l’historien.

Pour tous ceux qui ont été touchés ou inspirés par l’engagement politique d’Howard Zinn et par sa vision « populaire » de l’histoire, cette biographie, agrémentée de photos inédites de la collection familiale, constituera un ouvrage essentiel.

Avec Alexandre Sanchez

Guerrières de la paix

Monique Surel-Tupin et Nicolas Mourer

Les Guerrières de la paix est une nouvelle création théâtrale de Monique Surel-Tupin avec, notamment, pour interprète Nicolas Mourer.

Peut-être vous souvenez-vous du Cabaret anarchiste ; de la Commune à Nouméa — vaudeville en un acte du Communard Georges Cavalier — ; ou encore du monologue poétique sur Armand Robin, Je viens de la solitude ; de Voter nuit gravement, sevrage complet avec immersion théâtrale, autrement nommé : «  Je vote donc tu suis » ; et, plus récemment, de cette pièce à la demande et jouée à domicile, Spleen et Alegria, qui a eu sa version radiophonique dans les chroniques rebelles, sur Radio Libertaire.

Il sera donc question aujourd’hui d’une nouvelle pièce de la compagnie La Balancelle (encore en préparation) : les Guerrières de la paix.

« Elles étaient nombreuses [ces guerrières]. Elles étaient vaillantes. Elles luttaient pour la paix contre la guerre. C’étaient des femmes, on les a oubliées. »

Howard Zinn, une vie à gauche

Martin Duberman (Lux)

Nul doute que son livre, Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours, ait contribué à faire connaître Howard Zinn en France.

Cet ouvrage remarquable, paru en 1980 aux États-Unis, connaît, après un accueil mitigé, un énorme succès et est traduit en une douzaine de langues. Il présente, il est vrai, une histoire inédite et bien différente de l’histoire officielle, une histoire des oublié-es, des sans voix, des esclaves, des Noirs, des Indiens… Des inconnu-es et des pauvres, de leurs résistances aussi et de leurs luttes.
Dans un climat d’amnésie historique généralisée entretenu savamment par le pouvoir — l’histoire et la géographie sont des enseignements subversifs ! —, Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours génère une réflexion profonde permettant de décrypter les effets de la propagande officielle et les manipulations politiques destinées à contrôler les populations.

Plusieurs textes de Howard Zinn ont été publiés depuis, toujours surprenants par leur clarté et la prédominance à vouloir être le passeur d’une radicalité limpide. Aujourd’hui, c’est une biographie qui paraît aux éditions Lux, Howard Zinn, une vie à gauche de Martin Duberman, biographie particulière qui retrace l’itinéraire de cet intellectuel étatsunien, engagé courageusement dans les luttes depuis l’après Seconde Guerre mondiale.

Howard Zinn est issu d’un milieu modeste d’immigrants juifs et, très tôt,
il est passionné de lecture, Dickens, Upton St Clair, George Seldes…
George Seldes, journaliste et intellectuel libertaire, a su analyser et dénoncer, sans concessions et avant la plupart des figures médiatiques, le fascisme en Italie, le nazisme en Allemagne et le stalinisme en URSS. Il s’est également engagé contre le franquisme. C’est un engagement libertaire de la génération précédant celle de Howard Zinn, mais il existe un lien certain entre les deux activistes : le refus de l’autorité. Tous deux étaient attirés « par la position anarchiste qui s’élevait contre toute forme d’autorité », tous deux n’ont pas été dupes du nationalisme étatsunien qui encourageait, et encourage encore le lavage de cerveau qui consiste à croire « en la mission de [leur] pays de répandre la bonne parole et la “démocratie”. »

La « démocratie » qui, en 1945, a justifié le largage de bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. Témoignage :

« [Il] se pencha et prit une femme par les mains ; la peau céda et vint sous ses doigts, par lambeaux énormes, comme un gant. Cette sensation éveilla en lui une telle nausée qu’il dut s’asseoir un instant […] Il devait se répéter sans cesse : “ce sont des êtres humains”… » (Extrait de la Bombe. De l’inutilité des bombardements aériens de Howard Zinn).

Contre la guerre, Howard Zinn a préconisé d’agir au nom de
l’« humanité commune et à l’encontre de ces abstractions que sont
le devoir et l’obéissance.
 »

Dans son engagement au cœur du combat pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis, il a la même lucidité : « Ce n’est pas dans les urnes que l’on règlera la question lancinante de la discrimination : “Ceux qui votent participent à un système politique foncièrement antidémocratique. Quand les Noirs votent, ils n’en retirent, de ce fait, pas plus de pouvoir que les Blancs — c’est-à-dire très peu. »

Quant à la soi-disant neutralité académique, se voulant apolitique sous prétexte d’objectivité « scientifique », Howard Zinn s’en moque de manière acerbe et la replace dans le contexte de la réalité :

« Si vous assistiez à une réunion d’historiens dans l’Allemagne de 1936, est-ce que vous prendriez la même position sachant que l’on massacrait les Juifs ? Si vous assistiez à une réunion d’historiens au Mississippi sachant que l’on lynche les Noirs, est-ce que vous vous diriez encore que vous ne pouvez pas prendre position en tant qu’“historien”, mais simplement en tant que citoyen ? Notre silence au sujet de la guerre, du racisme et d’autres maux de la société, ce n’est pas la liberté ; c’est laisser la liberté aux leaders politiques de faire ce qu’ils veulent en comptant sur notre silence. Se taire, c’est faire de la politique. »