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Samedi 6 juillet 2013
67ème Festival d’Avignon et Théâtre à domicile
Article mis en ligne le 5 juillet 2013
dernière modification le 27 juin 2013

par CP

Samedi 6 juillet 2013

Spectacles au Festival Off d’Avignon 2013

Au théâtre de l’Essaïon.

67ème édition du Festival d’Avignon. Ça commence aujourd’hui. Une ville entière dédiée au spectacle vivant. Le IN, prestigieux avec la cour d’honneur et d’autres endroits magnifiques, et le OFF avec ses quelques 1200 ou 1300 spectacles où se mêlent le meilleur et l’anecdotique à oublier… Bref, une profusion de créations et de vitrines théâtrales où l’excitation se mêle aux interrogations sur ce qu’il faut voir et ne pas manquer. Le bouche-à-oreille fonctionne pleinement et les rencontres fugitives sont fertiles en impressions, les remarques fusent avec enthousiasme, rapides, parce que le prochain spectacle attend. Avignon, c’est le spectacle non stop… Permanent.

Le spectacle est aussi dans la rue avec les parades et les happenings dans les coins de la ville. Jean Vilar serait surpris de voir la ville transformée en multi scènes où se croisent ce qu’il appelait le « théâtre épicier » et des créations novatrices, originales, subversives, fulgurantes.

Et puis, il y a aussi les expositions, les débats sur le spectacle vivant, sur le statut d’intermittent-es, sur les subventions de plus en plus rares, accordées à la création en général. Avignon, c’est un peu tout cela. Alors, on peut jouer les blasé-es bien sûr, mais l’on peut encore s’émerveiller des perles qui se découvrent comme ça, presque par hasard… Nous en reparlerons le 20 juillet, avec je l’espère des témoignages de ce 67éme Festival.

Louise Michel Écrits et cris

Spectacle de théâtre musical d’après les Mémoires et la correspondance de Louise Michel.

Adaptation et mise en scène de Marie Ruggeri

Interprétation : Marie Ruggeri et Christian Belhomme

Illustration musicale de Christian Belhomme

Présenté l’année dernière avec succès au théâtre de l’Essaïon d’Avignon, le spectacle est aussi présent cette année dans le Off, et c’est pourquoi nous avons choisi de rediffuser un entretien de Christian Belhomme, qui nous offre trois illustrations musicales, et le second avec Marie Ruggeri, littéralement habitée par « La Louise », comme elle le dit. Mais d’abord musique…

Deux entretiens, le premier avec Christian Belhomme qui nous offre trois illustrations musicales de Louise Michel Écrits et cris, puis avec Marie Ruggeri, littéralement habitée par « La Louise » comme elle le dit.

À toi pour toujours, ta Marie-Lou

de Michel Tremblay

mise en scène de Christian Bordeleau

Autre spectacle, repris aussi à l’Essaïon, une pièce du québécois Michel Tremblay :

À toi pour toujours, ta Marie-Lou

Mise en scène de Christian Bordeleau

Dix ans après la mort de leurs parents, deux sœurs, Carmen et Manon se retrouvent dans la cuisine familiale. Carmen, volontariste et décidée, Manon, enfermée dans le drame et se réfugiant dans la bigoterie.

Parallèlement, Marie-Lou et Léopold, les parents, revivent leur dernier samedi matin.

Des entretiens avec Cécile Magnet (qui interprète Marie-Lou), le metteur en scène, Christian Bordeleau, Sophie Parel (Carmen,), Marie Mainchin (Manon) et Yves Collignon (Léopold).

Et

Théâtre à domicile :

Spleen & Alegria

Création théâtrale de Monique Surel et Nicolas Mourer

La scène se déroule dans un jardin sur un banc public.
Entrée d’Alegria. Elle s’installe et sort un livre : Illusions perdues de Balzac.

Rencontre improbable sur un banc : extrait.

Alegria : Et lui, c’est un homme très classe, chic, un rien négligé…

Spleen : Ca s’appelle un bobo, un mec qu’a un loft super stylé dans le 11ème arrondissement de Paris avec des gosses aux prénoms délirants : Attila, Cassius, Shalom, Lili-Rose et j’en passe.

Alegria : Je ne vois pas bien ce que vous appelez un « bobo ».

Spleen : Ok. Je vais vous décrire la journée type d’un bobo, ça vous donnera une idée.

11h, le bobo se réveille, il a faim et va de ce pas se centrifuger quelques fruits de saison avec un peu de lait de soja. Trois tartines de pain complet et un thé vert. Ensuite, il va se prélasser dans sa baignoire… Oh pardon ! Le bobo écolo ne prend pas de bain, il prend des douches ! Puis il enfile son uniforme : jean usé, pull en V sur chemise parfaite, veste en cuir élimé, enfourche son scooter et part barbe et cheveux au vent.

12h30, le bobo retrouve ses amis…

Alegria : Mais ils ne déjeunent pas le midi ?

Spleen : Ben non, un bobo, ça déjeune pas, ça brunche…Et ça cherche machinalement une clope dans le revers de sa veste. Ah mais il est con : ça fait un mois qu’il ne fume plus ! Parce qu’on ne peut plus fumer dans les bars et parce que tous ses potes ont arrêté.

13h30, « si on se faisait une petite expo les gars ? » « Attends, c’’est trop con, il fait juste hyper beau et je crois qu’il y a une brocante à Arts et Métiers, viens, ça va être fun ! »

Alegria : Et ils ne travaillent pas ces gens ?

Spleen : Si, ils travaillent quand ça leur convient.

14h30, les bobos s’extasient devant les antiquités. Olivier aide Sylvain qui galère à porter sa lampe fleur vintage des années 70. Trop contents de leurs achats, ils décident de faire une pause. Seule Cathy est un peu triste : ses chaises qu’elle a payées 2000 euros sont en fait de vulgaires imitations. Et Sylvain qui raconte : « J’ai un copain, c’est un concepteur designer interactif, il sort son chien tous les jours. L’autre jour il me dit : mon chien pisse sur des mini-répliques de la Tour Eiffel. J’ai besoin de savoir ce que pense le chien de ce qu’il vient de faire. Quelle est sa tendance politique. Vient-il de pisser sur le symbole Tour Eiffel dressé à l’image d’une des plus grandes puissances mondiales, ou au contraire a-t-il voulu niquer la marchandise de l’Africain, lui foutre le moral à zéro pour qu’il retourne dans son putain de pays ? »

20h, il dîne dans le meilleur traiteur végétarien du quartier pendant que Juliette vante les mérites des bains de boue en Lettonie.

22h, les bobos filent vers une fête d’appartement pour se mettre en jambes.
De minuit jusqu’à 5 heures du mat’, ils bougent au Moon Bar, saluent le videur, dansent sur Haddaway, lancent une chenille. Ils refusent de la coke mais se mettent une race au champagne. Pierre refume.

Le lendemain à 13h, la bande se retrouve au marché d’Aligre pour manger des huîtres, adossés à des poubelles, en riant avec les clodos du coin.

Alegria : Ils m’ont l’air de sacrés lascars vos bobos !