Chroniques rebelles
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Samedi 16 septembre 2000
Samudaripen. Le génocide des Tsiganes
Claire Auzias (L’esprit frappeur) (16-9-2000)
Article mis en ligne le 16 janvier 2008
dernière modification le 25 juin 2011

par CP

"Ce sont les idéologies qui font les lois, instruments d’exercice du pouvoir. Il nous faut encore envisager l’idéologie française du racisme dont se nourrit cette politique antitsigane, laquelle n’eut aucunement besoin de l’emprunter à l’extérieur de son terroir."

Pas besoin de la justification du nazisme de l’occupant pour justifier la persécution des Tsiganes et la complicité du gouvernement français dans leur génocide. De même revient encore la question de la responsabilité collective pendant l’occupation.

Dans le cas de la période de Vichy, cela explique peut-être aussi cette volonté d’"oublier", de "gommer" toute analyse de cette époque — après la Seconde Guerre mondiale et même jusqu’à maintenant.

Difficile de dépasser les barrières mises en place pour masquer la honte de la collaboration active ou tacite. Il y a eu bien sûr la chasse aux collabos et les femmes tondues de la "libération"… Et beaucoup de règlements de compte sous couvert d’intérêts de pouvoir ou autre. Mais jamais de profonde réflexion sur l’acceptation — par la majorité de la population — du militaire gâteux qui avait fait "don de sa personne à la France", et encore moins sur les lois abjectes promulguées par un gouvernement français servile et raciste. Il ne s’agit pas de condamner seulement les responsables directs — quoique, cela aussi on a pu en voir les limites avec un Papon qui a été confirmé dans ses fonctions après avoir envoyé des enfants juifs à la mort et a pu ainsi orchestrer le massacre des Algériens lors d’une manifestation pacifique le 17 octobre 1961. Il faut aussi analyser les bases sur lesquelles la persécution des "étrangers", des Juifs, des Tsiganes, des réfugiés politiques, des marginaux… a pu se faire avec le silence de la majorité de la population française. Et c’est en cela que le livre de Claire Auzias, Samudaripen. Le génocide des Tsiganes, est important, car si le génocide des populations d’origine juive a été reconnu, il n’en n’est pas de même pour les populations tsiganes.

Pourquoi ? Pourquoi le racisme antitsigane est-il encore aussi fort dans les pays de l’est de l’Europe ?
Dans un sondage du Los Angeles Times datant des années 1980, le racisme antitsigane atteignait les 90% en Tchécoslovaquie.
Et en France ?
Dernièrement, il y a eu une protestation contre les rassemblements tsiganes aux Saintes Maries de la mer ! Un comble si l’on connaît cette petite ville, car il est évident qu’elle est surtout connue en raison de ces rassemblements de Roms !

Pourquoi donc ce racisme latent et solidement enraciné contre les Roms, nourri de fantasmes d’un autre âge ?

Il faut garder en mémoire les paroles d’une rescapée des camps de la mort, citée par Claire Auzias, à propos de l’extermination des Roms en Allemagne : "“Tout d’abord ils sont déclarés asociaux, ensuite on les met dans un camp de concentration, enfin on les extermine.”"