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Samedi 19 avril 2014
Jacques Demy. L’enfance retrouvée. Les images que nous sommes. 60 ans de cinéma québécois. Éléphant, la mémoire du cinéma québécois.
Alain Naze (L’Harmattan). Serge Bouchard (éditions de l’Homme).
Article mis en ligne le 20 avril 2014
dernière modification le 18 mars 2015

par CP

Jacques Demy. L’enfance retrouvée

Alain Naze (L’Harmattan, collection drôle d’époque !)

À l’origine de ce livre, il y a d’abord ce bonheur têtu du spectateur face aux films de Jacques Demy. Selon quels mécanismes singuliers son oeuvre parvient-elle à produire ses effets ? On parlerait de l’univers « en chanté » du cinéaste nantais, bien sûr, on évoquerait aussi cette part d’enfance présente dans l’ouverture aux contes, ou encore les couleurs éclatantes des décors nous arrachant à la grisaille quotidienne. Le cinéma de Jacques Demy détient la capacité de rendre heureux.

Les images que nous sommes.

60 ans de cinéma québécois

Serge Bouchard en collaboration avec Marie-Christine Lévesque (éditions de l’Homme)

une initiative importante : plus de 200 films sur Internet :

Éléphant, la mémoire du cinéma québécois.

« Le Québec sera le premier pays du monde dont le répertoire cinéma aura été restauré et diffusé, un patrimoine qui autrement serait resté enseveli dans les beaux suaires de la Cinémathèque québécoise ou d’autres qui dormiraient encore à la belle étoile, sans abri, sans protection. »

En compagnie d’Alain Naze, Claude Fournier et Marie-Josée Raymond.

Jacques Demy. L’enfance retrouvée

Alain Naze (L’Harmattan)

En refermant le livre d’Alain Naze, Jacques Demy. L’enfance retrouvée, on se dit qu’il
faut voir ou revoir tous les films de ce réalisateur. Le texte incite en effet à une découverte nouvelle de sa filmographie, ne serait-ce, en premier lieu, que pour percevoir le lien entre l’imaginaire et la démarche complexe de Jacques Demy à propos de l’idée de bonheur.

Cet ouvrage, Jacques Demy. L’enfance retrouvée, propose une déambulation dans
une œuvre tout à fait originale du cinéma français. On serait tenté de parler de plongée
dans l’irréalité. Mais c’est plutôt, comme l’explique l’auteur, un retour à l’enfance,
« qui jaillirait aux détours d’une image, d’une chanson, avec tous ses possibles rouverts
en un éclair
 ».

Depuis Lola — dédié à Max Ophüls —, Les parapluies de Cherbourg — mélodrame
chanté qui fait penser aux films de Douglas Sirk —, Les demoiselles de Rochefort
comédie musicale —, Peau d’âne — inspiré du conte de Perrault, où une jeune femme revendique ses choix —, Une chambre en ville — drame chanté sur fond de conflit social
et de luttes de classes… Ce sont autant de films où il ne s’agit pas de « capter la réalité,
dans une vision naïvement positiviste du cinéma, mais de la conduire à se révéler sur l’écran, comme on parle d’un révélateur photographique, c’est-à-dire d’un produit capable de conduire l’image à sa visibilité.
 »

Belle définition qui suggère évidemment bien des questions sur une création cinématographique qui transfigure les faits et les personnages du quotidien pour atteindre une autre réalité, une dimension politique. Les films de Jacques Demy peuvent provoquer des réactions de rejet ou l’adhésion immédiate, mais il est certain qu’ils ne laissent pas indifférent ou indifférente.

« Si le cinéma de Demy parvient à nous réveiller, il sera a priori susceptible de le faire aussi
bien à travers ses films visant au pur enchantement (le conte de fée), qu’à travers ceux qui viseraient à porter au jour les mécanismes de l’enchantement, pour donner à saisir un réel supposé hors fantasmagorie, à supposer qu’une telle opposition soit seulement pensable
dans
[sa] filmographie ».

Les images que nous sommes.

60 ans de cinéma québécois

Serge Bouchard, en collaboration avec Marie-Christine Lévesque (éditions de l’Homme)

Et une initiative pas comme les autres :

Éléphant, mémoire du cinéma québécois.

Du cinéma québécois, le public français connaît évidemment Denys Arcan, réalisateur de nombreux films, dont Le déclin de l’empire américain, Jésus de Montréal, ou encore Les invasions barbares… qui ont été distribués et applaudis en France, de même la comédienne Carole Laure, ou bien entendu Xavier Dolan, jeune réalisateur prodige qui présentera son nouveau film au festival de Cannes, et enfin un festival de cinéma, en novembre à Paris.
Mais, c’est seulement une petite partie de la production cinématographique québécoise, pourtant riche et innovante, qui est projetée sur nos écrans.

C’est pourquoi l’initiative d’Éléphant, mémoire du cinéma québécois [1] comblera une lacune
de méconnaissance en donnant la possibilité de découvrir toute une variété d’expressions cinématographiques et d’accéder à plus de 200 films en copies restaurées [2].
Une belle surprise !

La mémoire du cinéma québécois sur Internet, c’est une tâche laborieuse de cinq années durant lesquelles il a fallu non seulement trouver les copies de films en 35mm, les numériser, mais aussi les restaurer. Le résultat en valait la peine, c’est la mise en ligne de plus de 200 films, représentant un répertoire de 60 années de cinéma et un véritable patrimoine culturel rendu accessible à un public international [3].

Première initiative du genre, il faut souhaiter que ce premier pas soit largement imité. Trop souvent les problèmes de droits ou de mauvaise conservation condamnent à la disparition une grande partie de la production cinématographique mondiale.

Le livre de Serge Bouchard, Les Images que nous sommes. 60 ans de cinéma québécois,
qui paraît conjointement et accompagne la mise à disposition des films sur Internet, est
une autre démarche originale. Car ce n’est ni un dictionnaire ni une encyclopédie classique… C’est plutôt un voyage à travers le cinéma, ses thématiques, le temps et l’imaginaire québécois.