Chroniques rebelles
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Samedi 30 août 2014
Réfractions n° 32, De Freinet à la lutte antifasciste (Espagne 1936-1939) de Marcel Diaz. Les Zanars / 1. Aldine de Ronald Creagh. La Nueve par Armand Gatti.
Article mis en ligne le 1er septembre 2014
dernière modification le 9 octobre 2014

par CP

 

Réfractions n° 32

Entre techno et éco

Quelle logique pour l’avenir ?

 

De Freinet à la lutte antifasciste

(Espagne 1936-1939)

Marcel Diaz (ACL)

 

Les Zanars

1. Aldine

Ronald Creagh

Illustrations de Diane Bianca Bonfils (Atelier de création libertaire)

La Nueve, monté par Armand Gatti et des films…

5 et 6 septembre 2014 au cinéma La Clef

Les chroniques syndicales sont en vacances, mais toute l’équipe sera présente la semaine prochaine, le 6 septembre.

Les chroniques rebelles vous accompagnent donc aujourd’hui pendant quatre heures et avec quatre sujets. Tout d’abord la revue Réfractions avec un thème, Entre techno et éco, et une question essentielle : Quelle logique pour l’avenir ? Comme à son habitude, la revue de recherches et d’expressions anarchistes propose des pistes de réflexions et de questionnements « entre analyses critiques et exploration d’alternatives » pour, je cite, « contribuer à
l’esquisse d’un autre futur
. »

Nous aurons ensuite un entretien avec Sylvie Maugis et Hugues Pétérelle autour du livre de Marcel Diaz, De Freinet à la lutte antifasciste (Espagne 1936-1939). Un témoignage dense et passionnant réalisé grâce aux rencontres de Sylvie et Hugues avec Marcel Diaz, entre 2011 et 2012, qui retrace, de Marseillan, en France, au camp de concentration d’Albatera, l’itinéraire à la fois ordinaire et étonnant d’un adolescent de l’école Freinet, puis d’un jeune militant au cœur de la Révolution espagnole. Le livre est publié par l’Atelier de création libertaire.

Autre livre, également publié par ACL, Atelier de création libertaire, mais cette fois de la
science-fiction. Il s’agit du nouveau livre de Ronald Creagh, Les Zanars, et de son premier épisode, Aldine, illustré par Diane Bianca Bonfils. Il y est question d’un numéroïde, « Ten Sixty Six », un Martien envoyé sur terre pour une mission, ou une enquête, qui rencontre les Zanars et fait l’expérience de leur fonctionnement en groupe.

Enfin, dans la dernière partie des Chroniques rebelles, La Nueve montée par Armand Gatti. Après le succès de la première représentation de La Nueve à la Parole errante de Montreuil, une nouvelle représentation de La Nueve se fera au cinéma La Clef, le samedi 6 septembre prochain, à 15h.
La clef, c’est au 34 rue Daubenton, à Paris dans le 5ème arrondissement, métro Censier Daubenton.

Pour contrer le déni de l’histoire officielle depuis soixante-dix ans, l’association 24 août 1944 s’est donné pour but de faire connaître et de cultiver la mémoire historique — écrite, enregistrée, filmée, iconographique… — de la Libération de Paris en 1944, en liant sa célébration à la participation des anarchistes et des antifascistes espagnols de la 2e DB dont la lutte commencée de fait le 19 juillet 1936, en Espagne, s’est poursuivie ensuite en Europe et en Afrique, et plus particulièrement dans les maquis en France. Pour beaucoup de femmes et d’hommes, la lutte se prolongera dans le combat contre le franquisme.

Nous reviendrons donc sur l’histoire — redécouverte — de la Libération de Paris et sur ces combattants espagnols, dont nombreux étaient antimilitaristes et anarchistes. Des jeunes gens qui se sont engagés dans la lutte contre le fascisme et, avant tout, dans la lutte pour la liberté.

Ces quatre heures des Chroniques rebelles sont dédiées à notre compagnon et ami Antonio Martin, qui nous a quitté le 17 août 2014.

Réfractions n° 32

Entre techno et éco

Quelle logique pour l’avenir ?

L’idée de progrès — mot fourre-tout quasi « magique » utilisé pour couper court aux diverses propositions alternatives — continue d’entretenir l’illusion d’un mieux vivre futur. Illusion fallacieuse et argument soi-disant incontournable pour une hypothétique amélioration des conditions de vie sur la planète, qui n’impliquent pas d’ailleurs la nécessité d’anticiper ni d’estimer les conséquences économiques et écologiques pour les populations, à moyen et à long terme. Le après nous le déluge règne aujourd’hui autant chez les politiques — préoccupé-es essentiellement par les sondages et la poursuite du pouvoir — que chez les industriels dont la règle unique est le profit.

Profit et pouvoir sont donc les principaux écrans qui dissimulent la gravité de la situation économique et écologique, car comme le souligne l’éditorial du nouveau n° de la revue Réfractions — le n° 32 — « La transformation de nos modes de vie semble bien inéluctable en raison des limites écologiques et économiques que nous avons atteintes, voire déjà dépassées. Industriels et gouvernements proposent des solutions reposant toujours plus sur l’innovation technologique, alors même que celle-ci dégrade déjà certaines de nos manières d’être et de penser, tout en dévastant la planète au service d’un système à bout de souffle. »

Le système à bout de souffle semble, malgré tout, trouver les moyens de se recycler… en pire ! Pourtant, les résistances existent, même si elles paraissent minoritaires, sont peu médiatisées, récupérées ou reléguées aux oubliettes. L’imagination cependant gagne du terrain, peu à peu, et les solutions alternatives se multiplient… « En opposition [au modèle imposé], des mouvements recommandent une transition vers des formes de production, d’habitation, de consommation qui permettent la survie de l’humanité par un nouvel équilibre écologique et une répartition équitable des ressources. » Réfractions n° 32, “Entre techno et éco. Quelle logique pour l’avenir ?

Présentation de la revue par Jean-René.

ÉDITORIAL

La transformation de nos modes de vie semble bien inéluctable
en raison des limites écologiques et économiques que nous
avons atteintes, voire déjà dépassées. Industriels et gouvernements
proposent des solutions reposant toujours plus sur l’innovation
technologique, alors même que celle-ci dégrade déjà
certaines de nos manières d’être et de penser, tout en dévastant la
planète au service d’un système à bout de souffle. En opposition à
ce modèle, des mouvements recommandent une transition vers des
formes de production, d’habitation, de consommation qui permettent
la survie de l’humanité par un nouvel équilibre écologique
et une répartition équitable des ressources.

Il n’y a pas un discours anarchiste qui s’imposerait unanimement
sur ces questions, sans doute parce que plusieurs attitudes
sont compatibles avec nos principes de refus de toute domination
et de prise en main directe de nos propres conditions de vie.Aucun
de nous n’est dupe des illusions du capitalisme prétendument vert,
qui en réalité s’autodétruirait s’il procédait à un véritable tournant
écologique. Aucun de nous n’a envie de voir s’installer une domination
étatique de plus en plus forte destinée à gérer la rareté croissante
des ressources indispensables à la vie et à maintenir leur
répartition de plus en plus inégalitaire.

Les avis divergent cependant quant à savoir si la détérioration
de la situation peut servir de stimulant à une prise de conscience
et à une réorientation forcée, à défaut d’être choisie, des modes de
vie. Ils divergent également concernant le rôle que les techniques
devraient pouvoir jouer dans cette orientation, en particulier sur la
question de savoir si tout développement technique est par luimême
destructeur de la nature et des relations humaines, ou si certaines
techniques peuvent être récupérées et adaptées à un projet
de vie compatible avec ces équilibres. La première impulsion de
ce numéro vient d’un désaccord entre deux d’entre nous sur les
projections qui nous sont offertes concernant le futur proche :
l’épuisement des ressources énergétiques va-t-il faire s’effondrer
tout le modèle civilisationnel que nous connaissons actuellement,
ou bien les puissances alliées de l’argent, de la recherche et de la
domination vont-elles trouver de quoi s’assurer la poursuite de
leur modèle ? On ne sait ce qu’on doit le plus craindre ou espérer...

Aussi, plutôt que de rester paralysés sur des prospectives difficiles
à évaluer, nous nous sommes tournés vers l’interrogation des alternatives
possibles. Non pour répertorier les initiatives débutantes,
sujet certes important mais qui est réalisé par d’autres, par
exemple autour de revues comme Silence. Plutôt pour attirer l’attention
sur ce qui, dans une telle perspective de changement, doit
être exigé etmis en place pour constituer une avancée de type anarchiste.
En tant qu’anarchistes, en effet, nous écartons toute proposition
qui maintienne ou renforce les relations de domination, que
ce soit sous ses formes les plus brutales ou sous la forme plus insidieuse
de la technocratie, de l’expertise et de la déresponsabilisation
en général ; c’est pourquoi, nos analyses insistent sur
l’importance des conditions de la décision politique.

Du côté des technologies de l’information, il est plus difficile
encore d’adopter une position tranchée. D’un côté, les moyens d’asservissement
n’ont jamais été aussi puissants : les jugements, les
désirs, les relations sont modelés par des machines qui à la fois
augmentent considérablement la puissance des aliénations déjà
existantes (celle, par exemple, de la publicité ou du discours de valeurs
dominant), et en introduisent de nouvelles (l’addiction à la
connexion permanente, la dépendance par rapport aux services
constamment disponibles en ligne, etc.). D’un autre côté cependant,
ces techniques possèdent des potentiels qui pourraient être
favorisés et développés dans une visée libertaire : mobilisation rapide d’un grand nombre de personnes pour un rassemblement
urgent (comme on l’a vu, dans une certaine mesure, lors d’insurrections
récentes), mise à la portée de tous d’une créativité partagée,
échanges de documents et même prise de certaines décisions
collectives qui permette d’éviter les nuisances des déplacements
motorisés. Est-il raisonnable de considérer que certains de ces
objets demandent une évaluation non pas absolue mais en fonction
des acteurs et des circonstances de leur production, du type de
société et de ressources qu’ils nécessitent, de la spécialisation et de
l’échelle des opérations de maintenance qu’ils impliquent, ou
encore de la convivialité et de la créativité qu’ils éveillent ?
Entre analyses critiques et exploration d’alternatives, nous tentons
de contribuer à l’esquisse d’un autre futur.

 [1].

Et

De Freinet à la lutte antifasciste

(Espagne 1936-1939)

Marcel Diaz (ACL)

Des souvenirs, un récit… Ce livre est plus que ça. Avec De Freinet à la lutte antifasciste (Espagne 1936-1939), Marcel Diaz nous offre un témoignage en roue libre et en jaillissements sur l’itinéraire d’un adolescent, puis d’un homme confronté à l’une des périodes les plus graves et les plus intenses du XXe siècle.

À partir du témoignage unique de Marcel Diaz se pose évidemment la question de la prise de conscience. Le récit, conservant son caractère authentique de tradition orale, entraîne dans l’aventure d’une vie, celle de Marcel Diaz, depuis l’enfance jusqu’à la Révolution sociale et libertaire. Il observait et observe le monde, il a traversé des épreuves terribles, s’est exalté dans l’action, parfois avec une certaine inconscience, mais toujours avec justesse et une générosité qui paraît innée.

C’est sans doute cette générosité et sa spontanéité qui ont séduit Hugues Pétérelle et Sylvie Maugis, les ont convaincues de se lancer dans le travail de dénouer les fils d‘Ariane des souvenirs que Marcel a tu pendant plus de soixante dix ans.

Marcel Diaz est resté longtemps silencieux sur son itinéraire, son aventure révolutionnaire et sur la barbarie franquiste. Finalement, il a désiré rendre hommage à ses compagnons et à ses compagnes de lutte, au mouvement libertaire et aux utopies, mais également il a voulu que ses souvenirs rendent compte d’une réalité souvent mise de côté : le fascisme n’a rien d’un phénomène exceptionnel.

Remonter le temps à partir d’enregistrements, rassembler des bribes de récit, confiés au cours de conversations, faire émerger une mémoire vive pour transmettre, à travers une expérience personnelle, ce que fut l’une des plus formidables expériences du XXe siècle : la Révolution espagnole… C’est l’ambition de ce livre.

Cet entretien avec Hugues Pétérelle et Sylvie Maugis a eu lieu en Cévennes au cours du mois de juillet.

Et

Les Zanars

1. Aldine

Ronald Creagh

Illustrations de Diane Bianca Bonfils (Atelier de création libertaire)

Les Zanars. Premier épisode, Aldine, de Ronald Creagh, est illustré par Diane Bianca Bonfils.

Science-fiction ou héroïc fantaisy libertaire ? Difficile de se prononcer.
Mais d’abord, qui est ce numéroïde « Ten Sixty Six » débarquant de Mars sur terre pour une mission dont il semble ignorer lui-même le but ?

Quant aux Zanars, pas de mystère : ils et elles vivent en communauté, « sans administrateurs ni économistes », à la suite d’une catastrophe planétaire. Rencontres donc des Zanars avec Ten Sixty Six qui n’en croit pas ses oreilles : on discute en effet du passé, de l’avant catastrophe et de l’exil sur Mars, de la domination aussi qui reposait sur la dette, comme fondement de l’économie et du politique, et de prison modèle. Les échanges se poursuivent sur l’autonomie et l’émancipation, sur Adam Smith et le mythe du troc, et sur le refus des Zanars de s’envisager en tant que propriétaires. Proudhon est passé par là… Les Zanars parlent d’usage et non de propriété.

Aldine est donc l’une des protagonistes — l’intello du groupe — et Papou, autre membre de la communauté libertaire, remarque non sans humour et auto critique : « nos convictions sont nos œillères. » Et voilà ! Autrement dit, en bon sens populaire : balaye devant ta porte !

Et il y a aussi cet ordinateur, implanté dans Ten Sixty Six… un ordinateur qui philosophe, se trouble, en perd son formatage, se prend les pieds dans le tapis de son initialisation et fait ses propres commentaires. Par exemple : « Le chameaux ne rient pas entre eux de leurs
bosses.
 » Sagesse orientale et clin d’œil de l’auteur pour cette adaptation du bien connu
«  le chameau ne voit pas sa bosse ». Bref, ce livre prouve que l’on peut de concert réfléchir, sourire, ne pas se prendre au sérieux et se distraire…

Tel est le premier épisode d’une série parfaitement imprévisible, car Ronald Creagh a reçu des mises en garde. De qui ? Il nous en dit un peu plus dans cet entretien enregistré cet été à Montpellier.

Le deuxième épisode à venir et à confirmer. Valcheta, Patagonie.

Enfin, vers 13h30

Retour sur une histoire oubliée avec un spectacle, La Nueve, monté par Armand Gatti et des films…

Reprise du spectacle au cinéma La Clef, le samedi 6 septembre, à 15h.

Cinéma et spectacle les 5 et 6 septembre 2014 au cinéma La Clef

La constitution de l’histoire officielle, celle de la Libération de Paris, racontée sous tous ses angles — enfin presque — a longtemps fait l’impasse sur un épisode pourtant fort connu.

Jusqu’à présent, malgré les faits, les preuves en images et en sons, les journaux, l’histoire officielle a passé sous silence l’entrée dans Paris d’une division du Général Leclerc, la 2ème DB, composée de combattants antifascistes espagnols, antifranquistes et, pour la plupart, anarchistes et même antimilitaristes. Ce furent les premiers à entrer dans Paris jusqu’à l’Hôtel de ville et à faire la jonction avec la Résistance de l’intérieur.

Depuis deux ans, l’association 24 août 1944 se donne pour but de faire connaître et de cultiver la mémoire historique — qu’elle soit écrite, filmée, enregistrée, iconographique ou artistique —, la mémoire historique de la Libération de Paris en 1944.

Il est important que la reconnaissance de la participation des antifascistes espagnols de la 2e DB soit liée à la lutte commencée le 19 juillet 1936 en Espagne. Une lutte poursuivie sur différents fronts en Europe et en Afrique, et plus particulièrement dans les maquis en France. Pour beaucoup de femmes et d’hommes, la lutte se prolongea pendant des années dans le combat contre le franquisme.

La Nueve par Armand Gatti, qui donne la parole à des hommes sincères et convaincus incarnés avec brio, est reprise au cinéma La Clef, le samedi 6 septembre, à 15h.

Un spectacle ? Une expérience plutôt avec des témoignages portés par des interprètes motivés, inspirés par le combat pour la liberté. De la conscience vive sur scène, de l’émotion grave aussi, de l’humour et bien entendu des chansons…

Armand Gatti, à la fin de la première représentation de la Nueve, le 23 août, a déclaré : « Cette pièce que vous applaudissez n’est pas une pièce au sens classique, c’est notre amour pour le peuple espagnol. »

J’ajouterai : c’est aussi l’expression d’une solidarité pour tous les peuples qui luttent et vivent sous l’oppression.

Après une première représentation à la Parole errante de Montreuil, La Nueve montée par Gatti est reprise

le samedi 6 septembre au cinéma La Clef

(34 rue Daubenton, 75005 Paris, métro Censier Daubenton)

Mise en espace d’Armand Gatti, mise en scène de Jean-Marc Luneau et scénographie de Stéphane Gatti.

Les interprètes : Juan Chica Ventura, Hugo Alderete Royo, Daniel Pinos, Serge Utgé-Royo, Moha Melhaa, Bernard Prieur Smester, Frank Mintz, Christopher Pinos.

Dans le studio, Serge, Daniel, Bernard, Juan,Christopher, Agnès parlent de cette expérience forte et nous donneront des extraits de la prochaine représentation.

Avec eux également, Agnès pour l’association 24 août 1944.

http://24-aout-1944.org/?La-memoire-des-republicains

Les Chroniques rebelles sont aujourd’hui dédiées à notre compagnon et ami, Antonio Martin, membre de l’association 24 août 1944, qui nous a quitté le 17 août 2014.