Chroniques rebelles
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Samedi 6 décembre 2014
Luttes urbaines en Amérique latine. Chili, Mexico, Brésil, Medellín (Colombie)
Article mis en ligne le 8 décembre 2014
dernière modification le 9 décembre 2014

par CP

Luttes urbaines en Amérique latine. Chili, Mexico, Brésil, Medellín (Colombie)

Avec Alain Musset, Claudio Pulgar et Teresa Peixoto Faria

Lorsqu’Alain Musset a proposé une émission sur les luttes urbaines en Amérique latine, il s’agissait, à l’origine, de partir de l’expérience du Mexique, du Chili et de la Colombie pour analyser comment les politiques urbaines néolibérales tentent de s’imposer aux populations et comment celles-ci s’organisent et trouvent les moyens de résister afin de conserver notamment leur « droit à la ville ». Nous avons changé un peu ce programme, Marie Védie, qui a suivi les luttes au Mexique, n’ayant pu se joindre à nous aujourd’hui.

Cependant, un communiqué, daté du 2 décembre [1], en provenance de militants et militantes donne la mesure de la gravité de la répression des mouvements de protestation :

« Actuellement au Mexique et dans la ville de Mexico, divers événements préoccupants se déroulent ; à chaque instant des actions répressives se mettent en place contre la population. Ces actions ne semblent pas avoir de limites, elles sont chaque fois plus flagrantes, et l’État cherche à les rendre le plus visible possible afin que le peuple soit remplit de peur. Cette stratégie a un nom : Terrorisme d’État.

La répression prend forme quotidiennement par des disparitions, comme celles des 43 étudiants de l’École normale ; par des assassinats, comme ceux perpétrés contre les étudiants, comme celui de Carlos Sinhué Cuevas Mejía, parmi tant d’autres.

La répression prend la forme de détentions et de séquestrations, de tortures lors des emprisonnements. La répression, c’est aussi « le harcèlement et les diffamations venant de certains médias de désinformation (tels La Razon, Reforma, El Universal, etc.), médias qui sont au service de l’État et de ses institutions policières, et qui ont mis en œuvre une nouvelle campagne de signalements sélectifs contre les activistes sociaux ».

Cette campagne s’érige contre la pensée anarchiste, contre celles et ceux qui la partagent, et bien sûr en la détournant.

C’est l’émission Trous noirs de Radio Libertaire qui nous a fait parvenir ce communiqué qui se termine ainsi : «  De la solidarité et de la lutte dépend que toute cette répression et toute cette injustice cessent. »

En juin dernier, dans les chroniques rebelles, Teresa Peixoto Faria nous a parlé des luttes au Brésil, au moment de la Coupe du Monde, dans le contexte des projets pharaoniques réalisés au détriment de la population brésilienne et de leurs conséquences dramatiques sur l’environnement. Elle nous dira, aujourd’hui, les mobilisations et l’évolution des luttes depuis le remarquable Mouvement pour le Transport Gratuit et les manifestations contre la hausse des tarifs des transports publics.

De même, à l’occasion du tour d’Europe des défenseurs populaires chiliens [2], Claudio Pulgar expliquera ce que représente la Defensoria Popular qui travaille depuis six ans pour la défense de militants et de militantes contre l’État et contre sa volonté de criminaliser le mouvement social.

Comme l’écrit Alain Musset, « L’Amérique latine apparaît comme un laboratoire performant pour l’application de politiques urbaines néolibérales fondées sur un certain nombre de mots magiques sensés donner une certaine légitimité aux différentes échelles du pouvoir politique et aux entreprises privées qui mettent en œuvre ou qui inspirent ces transformations de la ville et de la cité : innovation, inclusion, équité, durabilité, résilience… »

En Amérique latine, en effet, se développe un modèle d’urbanisme social qui s’efforce de « masquer les effets des inégalités sociales » pour promouvoir l’idée d’un « capitalisme à visage humain ». Ce qu’Alain Musset développe dans son article « Mort à la ville innovante, inclusive et équitable ! Regards critiques sur le 7ème Forum Urbain Mondial (Medellin, Colombie, avril 2014 ».

Au Chili, le modèle néolibéral s’installe depuis 1975, et comme le souligne Claudio Pulgar, celui-ci est profondément ancré dans la société « avec des impacts visibles sur les villes ainsi que sur l’action publique et les acteurs sociaux. »

L’un des points communs à ces pays est donc le « droit à la ville », détourné, vidé de son contenu et utilisé à l’encontre des populations, en premier lieu les plus fragiles, les plus pauvres et les plus exploitées.

La résistance urbaine, les comités populaires, les occupations, les manifestations sont donc autant de sursauts et de luttes actives à analyser et à soutenir, car le modèle d’urbanisme social développé en Amérique latine, qui s’efforce de « masquer les effets des inégalités sociales », n’est certainement pas éloigné des politiques mises en place sur d’autres continents, notamment en Europe, histoire de faire avaler l’idée d’un « capitalisme plus humain », et, par là, de faire accepter la régression sociale comme moyen indépassable pour sortir de la crise. Les politiciens ont bien proposé de
« moraliser la finance »… Alors…