Chroniques rebelles
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Samedi 31 janvier 2015
L’enseignement et les livres scolaires en Israël et en Palestine
Article mis en ligne le 3 février 2015

par CP

This is my Land

Film documentaire de Tamara Erde

et

Israël-Palestine

Le conflit dans les manuels scolaires

Ouvrage collectif coordonné par Roland Lombard et Marilyn Pacouret (Syllepse)

Entretien avec Tamara Erde et Roland Lombard.

Le film documentaire de Tamara Erde se présente comme une enquête, une enquête sur la construction de la représentation de « l’Autre » à travers les méthodes pédagogiques employées par des professeur-es en Israël et en Palestine. La réalisatrice montre ainsi la mise en place de programmes destinés à produire des images et à façonner des attitudes, parfois discriminatoires, au sein de l’école, par le biais de l’enseignement et par le contrôle des manuels scolaires.

This is my land représente un travail cinématographique d’autant plus intéressant que la réalisatrice ne tente à aucun moment de commenter ou de juger telle ou telle méthode d’enseignement ; elle ne prend pas parti. Tamara Erde pose les questions, entraîne le public sur le terrain, dans les écoles, suit les professeur-es en caméra libre, observe avec respect les réactions des élèves, et c’est absolument passionnant.

Dans les classes, l’influence des milieux, auxquels appartiennent les élèves, transparaît dans leurs réponses et les échanges pendant les cours ; le discours des enseignant-es donne à voir le formatage de la vision des jeunes qui développe, ou non, leur curiosité et leur sens critique.

L’enseignement a des répercussions sur la société et Tamara Erde en fait la démonstration en adoptant un filmage sur le mode comparatif, qui souligne les méthodes et les axes adoptés par les professeur-es, qu’il s’agisse du langage, des jeux, de l’analyse historique, avec ses implications sur la perception de
« l’Autre ».

Le film renvoie immanquablement à une analyse des systèmes d’éducation, au Proche-Orient et ailleurs, au contenu des livres scolaires et à l’histoire officielle telle qu’elle est transmise.

Parallèlement à ce film documentaire, paraît un ouvrage collectif, coordonné par Roland Lombard et Marilyn Pacouret : Israël-Palestine. Le conflit dans les manuels scolaires. Un essai sur la manière dont les événements historiques et sociaux politiques du Proche-Orient sont relatés et traités dans les manuels scolaires, en France, en Israël, en Palestine, en Suède, et évidemment l’orientation politique qui en découle. Autrement dit, comment la question israélo-palestinienne est-elle évoquée dans les manuels scolaires. Comme le soulignent les auteur-es, « L’histoire de la question israélo-palestinienne offre un cas d’école. Son enseignement dans ces deux pays (Israël et Palestine) suscite suspicions et polémiques, dans le cas typique d’un peuple spolié et dont le spoliateur s’est forgé une idéologie, un argumentaire pour légitimer à ses yeux ses exactions. »

L’ouvrage présente un travail scientifique critique sur l’histoire officielle telle qu’elle est mentionnée dans les manuels scolaires à propos de l’État d’Israël, de sa création, des affrontements, des guerres et de l’occupation de la Palestine.
Nurit Peled-Elhanan pour Israël, Samira Alayan pour la Palestine, Michaël Walls pour la Suède et Sandrine Mansour-Merien pour la France partagent des réflexions issues de leurs travaux de recherche et de leurs analyses réalisées à partir de l’étude de nombreux manuels scolaires.

Israel-Palestine. Le conflit dans les manuels scolaires est donc un ouvrage
qui offre, outre des réflexions, des regards croisés et une analyse comparée
sur le processus de construction du récit national, sur la représentation
de « l’Autre », enfin sur l’imagerie faconde de la propagande et ses mythes persistants.

Aujourd’hui, dans les chroniques rebelles de Radio Libertaire : un ouvrage collectif, Israël-Palestine. Le conflit dans les manuels scolaires, et un film documentaire, This is my Land de Tamara Erde. Deux documents essentiels pour déconstruire des images disséminées au quotidien et pour mener une réflexion — en miroir — sur le rôle de l’enseignement de l’histoire et de la géographie au plan international.