Chroniques rebelles
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Faire quelque chose de Jean-Pierre Levaray. Les Gaspilleurs de Mack Reynols. Les Retombées de Jean-Pierre Andrevon
Avec l’auteur et les éditions Chant d’orties
Article mis en ligne le 7 juin 2015
dernière modification le 9 juin 2015

par CP

Faire quelque chose

Jean-Pierre Levaray (Chant d’orties)

Et deux nouveaux livres de la collection Dyschroniques

des éditions du Passager clandestin :

Les Gaspilleurs

De Mack Reynolds

Les Retombées

De Jean-Pierre Andrevon

En compagnie de Jean-Pierre Levaray, Béatrice Guillemard
et Nicolas Mourer pour les lectures.

Un court récit de résistance aux échos actuels.

1940. De jeunes cheminots se retrouvent confrontés à l’invasion allemande en France. Que faire ?

Quand on est confronté à l’insupportable, il faut Faire quelque chose
« Il faut toujours faire quelque chose. Pour la liberté, la sienne et celle des autres, contre les injustices, pour ses droits. »

Voilà ce que raconte le récit du jeune Simon pendant l’Occupation, en France sous régime fasciste. Il est ouvrier et travaille depuis l’adolescence dans un atelier qui fabrique des locomotives… Alors bien sûr, sous la surveillance de soldats allemands, on a des envies de sabotage…

« Je ralentis la cadence et, pire, je donne un petit coup de trop en resserrant le mandrin. Ce qui fait que l’entretoise terminée, elle ne sera pas à la bonne dimension pour son roulement à billes. Et il faudra recommencer, encore et encore.

Oui, je sais, il n’y a pas de quoi être fier. C’est du sabotage et c’est notre manière à nous tous de dire notre colère de devoir travailler six jours sur sept pour les Allemands.

Nous faisons tous ça. C’est ainsi que nous résistons. Le travail n’est pas toujours drôle, mais, en plus devoir fournir du matériel à l’ennemi qui nous rend la vie si difficile… C’est inhumain. Alors on résiste. On ronchonne. On fait comme si on ne comprenait pas les ordres. On se blesse. On rate notre pièce à usiner. On met du sable dans les essieux pour qu’ils s’usent rapidement. On fait la queue devant la seule cintreuse encore utilisable. On verse des copeaux métalliques dans les bacs d’huile. On oublie un marteau dans un gros piston… J’en passe et des meilleurs. Ça ne va pas pourvoir continuer longtemps »…

Le sabotage une manière de résister… Cependant lorsque la répression s’intensifie, on veut aller plus loin dans la révolte et les actions de résistance.
Faire quelque chose de Jean-Pierre Levaray est un récit personnel de prise de conscience, d’engagement, qui pose la question de l’attitude à adopter dans une situation extrême. Le jeune Simon choisit la solidarité avec ceux et celles qui se rebellent et résistent. Survivre en fermant les yeux, en ignorant les autres, les copains fusillés, n’est plus possible.

Qu’aurions-nous fait à la place de Simon ? Aurions-nous pris les risques qui ont coûté la vie à tant d’hommes et de femmes durant l’Occupation nazie ? « Il faut toujours faire quelque chose. Pour la liberté, la sienne et celle des autres, contre les injustices, pour ses droits. »

Les Gaspilleurs

Mack Reynolds

(Passager clandestin, collection Dyschroniques)

Agent secret et guerre froide en folie… Nous sommes en plein dans la conspiration, qui revient ces jours-ci en force sur le devant de la scène, avec d’autres protagonistes certes, mais qui n’ont peut-être que changé d’habit. Il n’est pas question aujourd’hui de « grand ennemi communiste », mais les mêmes fantasmes conspirationnistes se déchaînent et manipulent l’opinion à qui mieux mieux.

C’est en 1967 que Mack Reynolds imagine l’émergence d’un complot contre le progrès économique, modèle états-unien. Et voilà que l’agent secret Paul Kosloff entre dans l’arène avec la mission très spéciale d’infiltrer un groupe de gauchistes radicaux, prêts à s’en prendre au système capitaliste pour faire table rase. Le système a la peau dure, mais quand même, il faut se méfier !

« La différence qu’il y a entre une réforme et une révolution, Bill ? Les uns veulent replâtrer la libre entreprise pour qu’elle devienne plus efficace. Les autres veulent en voir la fin et ériger un nouveau système socio- économique. Ceux-ci sont nos ennemis. Aussi longtemps que nos beaux parleurs ne s’intéressent qu’aux réformes, ils ne constituent pas un vrai danger. C’est quand ils commencent à parler révolution que notre service doit agir. »

Mis à l’épreuve des idées libertaires, charmé par l’une des gauchistes qui lui démontre par A + B les impasses du modèle de société productiviste et consumériste, Paul, l’espion chargé de prendre la direction des opérations, pour mettre fin à la possible expansion de cette bande d’utopistes, est — juste retour des choses — ébranlé dans ses convictions…

Les Retombées

Jean-Pierre Andrevon

(Passager clandestin, collection Dyschroniques)

Un dimanche comme les autres, un week-end ensoleillé de juin… Soudain, l’éclair, une fraction de seconde, une déflagration immense, inimaginable… L’éclair, le flamboiement — en fait était-ce bien un éclair, cette fulgurance qui avait balayé en un instant le paysage et la ville au loin ? —, c’était « plutôt une énorme flamme à la base renflée et au sommet pointu qui avait illuminé l’horizon, comme si un titan avait craqué une allumette au ras de la vallée. »

La collection Dyschroniques du passager clandestin exhume une fois de plus un texte, court — une centaine de pages —, qui résonne aujourd’hui comme une évidence et non plus comme de l’anticipation.

Dans ce texte, Jean-Pierre Andrevon imagine un coin de France après une catastrophe nucléaire. Parue en 1979, l’année de l’accident de la centrale de Three Mile Island, la nouvelle d’anticipation « offre un scénario possible de la catastrophe nucléaire et de la gestion d’urgence mise en œuvre par les autorités. L’objectif : effacer toute trace de l’accident, faire comme si ce qui n’aurait jamais dû se produire n’avait jamais eu lieu. »

À la manière du film de Peter Watkins, la Bombe, l’auteur met en scène des personnes rassemblées par le hasard d’une promenade et plongées brutalement dans le cauchemar de la catastrophe dont ils et elles ignorent les circonstances. Les questions reviennent, récurrentes : que s’est-il passé ? Où sont les proches, la famille ?

On se rassemble alors, on s’organise dans l’attente, on fait des hypothèses… Les secours surgissent finalement au petit matin, mais aucune réponse n’est apportée et, face au mutisme de l’autorité dont le seul souci est de contrôler la population, l’angoisse grandit…

« Je m’excuse, Monsieur. Je ne peux vraiment rien vous dire. C’est le secret militaire. Croyez bien que seules des raisons de sécurité sont en cause. Il ne faut en aucun cas vous affoler. Nous avons la situation bien en main. Tout danger est écarté dans l’immédiat. Maintenant je dois vous demander instamment de monter dans le camion. Nous ne pouvons pas perdre davantage de temps… »

Que s’est-il passé ? Les radiations sont-elles mortelles ? On se raccroche à ceux et celles qui paraissent mieux tenir le coup. «  En cas de catastrophe [dira l’auteur en 1983], on ne sait jamais ce qui vous arrive, on est des jouets impuissants de forces qui restent invisibles ([il faut se souvenir] des juifs qui ne comprenaient toujours pas en entrant dans les chambres à gaz…) »

Le brouillard se densifie, au propre et au figuré… Une pluie de cendres gluantes couvre le sol. Pourquoi le camp de regroupement est-il entouré de ces miradors, de triste mémoire ? Dans une telle situation, chaque individu réagit à sa manière : l’anéantissement et l’hébétude, la soumission à l’autorité, la révolte.



Dimanche 7 juin à 17h

La Bellevilloise Ménilmontand

19-21 rue Boyer, 75020 Paris

HISTOIRE UNIVERSELLE DE MARSEILLE

d’Alèssi Dell’ Umbria (éditions Agone)

par le collectif Manifeste Rien
suivi d’un débat avec Eric Hazan

Projections d’extraits de film courts à l’issue du débat

La comédienne nous invite à remonter le temps pour découvrir une autre histoire de France. Une riche expérience d’émancipation qui nous montre que la démocratie ne vient pas d’en haut, de l’État, mais d’en bas, de la commune. Une adaptation théâtrale faite de combats, de trahisons, de poésie, qui se clôt sur les mutations urbaines que connaissent aujourd’hui les grandes villes européennes... Quel modèle d’intégration offrent-elles ? Comment se conjuguent la république universelle et la désintégration du local ?