Chroniques rebelles
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Samedi 19 septembre 2015
La dette en questions
Article mis en ligne le 21 septembre 2015

par CP

La dette en questions

La dette, la crise de la dette, le déficit de la dette, la spirale de la dette… Ces termes sont répétés quotidiennement. Antienne médiatique, son influence contribue à un climat anxiogène dans la population, surtout depuis 2010 et la
« crise » grecque.

Mais finalement, c’est quoi la dette ? Car « nul ne semble savoir exactement ce qu’elle est, ni comment la penser. Le fait même que nous ne sachions pas ce qu’est la dette, la flexibilité de ce concept, est le fondement de son pouvoir. »

Donc un sujet d’autant plus important que le mot est souvent utilisé pour abréger une analyse critique ou couper court à tout questionnement sur la logique et les intérêts qui génèrent la « crise de la dette ».

Véritable cul de sac du débat et exit les arguments lorsque est asséné avec conviction : « c’est la dette qui nous plombe » ! La dette publique et son remboursement présenté par les agences de notation comme inévitable, bien qu’en fait inacceptable… Pourquoi en effet les États cèdent-ils aux diktats du marché, du Fonds monétaire international et des banques privées ?

Il serait inévitable de combler le déficit et de rembourser la dette ? C’est un peu gros comme préambule au discours sur la fatalité d’appliquer une politique de l’austérité pour « redresser l’économie du pays ». Le discours est relayé par un matraquage médiatique, généralement sans analyse ni critique, ni proposition alternative, avec pour conclusion : « il va falloir se serrer la ceinture », c’est-à-dire avaler une armada de mesures antisociales — baisse et gel des salaires, revue en règle des acquis sociaux et du code du travail… Alors que, bizarrement, les crises, la dette profitent aux banques et aux actionnaires, bref aux plus riches tandis que les différences sociales s’accroissent.

Le mécanisme de la dette creuse les inégalités, et la politique d’austérité est au service de la domination. Rappelons nous la citation de John Adams : « Il y a deux manières de conquérir et de mettre un pays en esclavage : par l’épée ou par la dette. »

« D’où vient l’étrange puissance de ce concept ? [ajoute David Graeber dans son ouvrage, La dette : 5000 ans d’histoire.] Tous les États modernes sont bâtis sur le déficit budgétaire. La dette est devenue le problème central de la politique internationale. [Encore une fois,] Le fait même que nous ne sachions pas ce qu’est la dette, la flexibilité de ce concept, est le fondement de son pouvoir. L’histoire montre que le meilleur moyen de justifier des relations fondées sur la violence, de les faire passer pour morales, est de les recadrer en termes de dette — cela crée l’illusion que c’est la victime qui commet un méfait. »

Pour aborder ce sujet et mettre la dette en questions, nous avons demandé à Christian Cauvin — auteur du Capitalisme ne joue pas aux dés et de La fin du capitalisme… Et la nécessaire invention d’un monde nouveau —, d’expliquer et de cerner le mécanisme et les enjeux de la dette, histoire de désembrouiller ce que l’on nous raconte. Et nous serons également en compagnie de Serge des Chroniques syndicales venu me seconder pour l’occasion.

Musiques :

 Gilles et Julien, Dollar
 Fred Alpi, Étranges abysses
 Michel Bühler, Mondialisation
 Jolie Môme, Tout allait bien