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Philomène Le Bastard
Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan
Article mis en ligne le 4 octobre 2015

par CP

Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan (Turquie, 2014)

Le film de Nuri Bilge Ceylan, Winter Sleep, a gagné la palme d’or du Festival de Cannes 2014. Il a été tourné dans un très beau décor en Anatolie, par un hiver rigoureux.

Un ancien comédien vieillissant est propriétaire d’un hôtel où il vit, retiré, en compagnie de sa sœur et de sa compagne. Winter Sleep commence par une sorte d’introspection du personnage qui fonctionne en autarcie et ne se remet certainement pas en question. Le film est une longue réflexion sur relations de classes, sur le pouvoir, les relations conflictuelles, familiales et de couple, le rapport homme-femme, l’égoïsme, sur l’amitié aussi ou ce qu’elle devrait être.

La séquence de l’enfant qui jette une pierre et doit ensuite s’excuser, son humiliation devant le propriétaire, est d’une violence extrême. Les différences de classes sont montrées ici à l’état brut. La colère et la dignité du père sont poignantes. De même, la scène de capture du cheval sauvage est quasi insupportable dans ce qu’elle symbolise de la beauté et de la liberté maltraitée.

On a parfois reproché sa durée au film, plus de trois heures, mais l’œuvre de Ceylan est à la fois exigeante et profonde, et de fait il serait difficile d’en soustraire une partie au risque d’en caricaturer l’évolution et la démarche philosophique.

Pour Winter Sleep, Nuri Bile Geylan dit avoir été inspiré par Tchekov et Dostoïevski ; il est certain que l’isolement et la rudesse de l’hiver fait ressortir l’ambiguïté des rapports humains, leurs contradictions et leur violence, et souligne encore la difficulté du personnage principal à s’ouvrir réellement aux autres. La narration cinématographique est ponctuée par des silences bouleversants.


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