Chroniques rebelles
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Samedi 30 janvier 2016
Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl. Le Trésor de Corneliu Porumboiu
Article mis en ligne le 30 janvier 2016
dernière modification le 11 mai 2016

par CP

Contre-pouvoirs

Malek Bensmaïl

Sur les écrans depuis le 27 janvier

Entretien avec le réalisateur.

En seconde partie,

Le Trésor

Corneliu Porumboiu

sortie nationale mercredi 10 février

Entretien avec le réalisateur.

Contre-pouvoirs

Malek Bensmaïl

Sur les écrans depuis le 27 janvierDocumentariste depuis presque trois décennies, Malek Bensmaïl questionne cette fois la pensée journalistique et la résistance d’une presse indépendante dans une Algérie dominée par un président fantomatique et un cabinet ministériel sans programme, sinon de banaliser un système basé sur le profit, la corruption et les réseaux. Contre-pouvoirs s’inscrit dans une suite d’études documentaires sur l’Algérie que le réalisateur poursuit depuis ses débuts de cinéaste engagé.

Après, entre autres documentaires de création, Aliénations, en 2004, La Chine est encore loin, en 2008, Malek Bensmaïl réalise Contre-pouvoirs autour d’un sujet brûlant : la presse indépendante algérienne. Il plante alors sa caméra au sein de la rédaction du quotidien El Watan, et pour cela il choisit une période complexe et étonnante, celle de la campagne électorale de 2014 au cours de laquelle le président Bouteflika a brigué un quatrième mandat.

La campagne est surprenante avec une communication anachronique, sans débat… « Cette campagne, c’est irréaliste, inimaginable ! » lance un journaliste. En effet, durant cette campagne électorale où il n’existe ni chiffrage, ni programme, ni discours, ni présence présidentielle, sinon en affiche, il y a Abdelaziz Bouteflika, président sortant, qui déclare « Je suis l’Algérie ». Face à lui, un opposant, Ali Benflis a une feuille de route, critique la corruption et le clientélisme… Mais « l’oligarchie a acheté tout le monde » remarque une journaliste, alors qu’est-ce qui reste ? Le cannabis ? « Attention, on a des contrefaçons », ajoute un autre. En attendant, 65 % des Algériens et des Algériennes, sans illusions, boycottent les élections, mais il n’y a pas pour autant de mouvement politique considérable. Seulement 5 % de la population bouge, c’est la faillite des partis politiques. La décennie meurtrière semble avoir cassé le réflexe politique.

Devant cette mascarade où les dés sont à l’avance pipés ouvertement, les journalistes, confrontés à la situation ubuesque des élections de 2014, s’interrogent sur leur fonction et sur leur travail : quelle information donner et quelles analyses politiques publier ? Enfin, quel est le rôle et l’impact de la presse ? Découragement, discussions, analyses critiques sur une société sclérosée, doutes, ironie mordante, autocritiques, contradictions, boutades sur la mafia au pouvoir, échanges et réflexions au cœur de la rédaction et de la fabrication du journal. De toutes ces réactions à chaud, Contre-pouvoirs s’en fait un écho remarquable.

Dehors, c’est la répression contre ceux et celles qui revendiquent — «  les flics te plaquent au sol comme la police israélienne ! » — les manifs, les banderoles — «  Pouvoir assassin », « cette candidature est une violence » —, et la campagne vire bientôt au cauchemar. Au journal, les Unes prennent position — « Bouteflika, l’homme de la division » —, pour finalement publier, après le résultat qui donne 80 % des voix au président invisible — « Bouteflika élu dans un fauteuil » —, avec son image dans un fauteuil roulant. « Un score à la soviétique ! », lance un journaliste, « non à l’Algérienne ! » lui rétorque un autre.

Chronique du quotidien algérien, El Watan — ou comment les journalistes se donnent les moyens d’une certaine indépendance vis-à-vis du pouvoir et malgré les pressions d’un système verrouillé — Contre-pouvoirs est un documentaire de création qui porte une réflexion passionnante et universelle sur le journalisme aujourd’hui.

« Le film est dédié aux 120 journalistes algériens assassinés durant la décennie noire », et il est également un regard sans concession sur l’Algérie actuelle en même temps qu’il témoigne de l’histoire contemporaine algérienne.

Le film est sur les écrans depuis le 27 janvier.

Après le documentaire de Malek Bensmaïl et sa réflexion sur la presse et la société algérienne, une fiction qui, elle aussi témoigne d’une réalité sociale, mais par le biais d’une aventure et par petites touches :

Le Trésor

Corneliu Porumboiu

Bucarest aujourd’hui. Dans une voiture, Costi explique à son fils, qui boude, les causes de son retard pour le chercher à l’école. Un peu plus tard, il lui raconte avec conviction l’histoire de Robin des bois, lorsqu’un voisin vient lui demander son aide à propos d’un trésor enterré dans le jardin de ses grand-parents.

Tout d’abord, Costi ne prend pas du tout l’histoire au sérieux, puis, peu à peu, séduit par l’idée d’un butin possible, il accepte d’investir dans la location d’un détecteur de métal et entre dans l’aventure… L’aventure dans un jardin mystérieux, près d’une maison abandonner et à la recherche d’un trésor hypothétique.

Histoire rocambolesque où se mêlent fable, histoire et contexte social, le Trésor est finalement le prétexte pour traiter de la Roumanie actuelle avec justesse et humour à froid par le réalisateur de 12h08 à l’est de Bucarest (caméra d’or à Cannes en 2006) et de Métabolisme ou quand le soir tombe sur Bucarest. C’est aussi une étude fine des rapports familiaux, générationnels, des rapports de classes avec, en fond, l’évolution de la société roumaine qui a traversé en un temps relativement bref, le temps des boyards, l’occupation nazie, le régime communiste, ce qui est appelé la « révolution » et enfin le libéralisme… Le libéralisme, les difficultés financières et la crise…

Le trésor sera en quelque sorte l’épilogue et la morale de la fable…

Sortie nationale mercredi 10 février.



Pete Seegher, décédé il y a quelques jours, est un chanteur engagé proche de Woody Guthrie, il est l’interprète, entre autres chansons, de Talking Union, le Blues du syndicat que chante en français François Béranger et qui est le générique des Chroniques syndicales de Radio Libertaire.

Musiques :

 Musiques originales du film documentaire Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl.

 Extraits de la bande son du film de Corneliu Porumboiu, Le Trésor.

 Deux chansons de Pete Seegher, Talking Union (1941) et We shall Overcome.