Il sera question aujourd’hui d’un autre Iran… Un Iran de la poésie, de la musique, de la photo, des voyages…
D’ici que sait-on de l’Iran ? Très peu, et beaucoup si l’on considère les informations qui arrivent par vagues répétitives — des images d’apocalypse répandues par les médias et les politiques, et nombre de clichés dérivant de la propagande et de la méconnaissance.
Finalement, c’est le cinéma iranien — d’une grande qualité — qui offre une approche de la société iranienne dans sa complexité et sa réalité actuelle. Le récent et superbe film de Asghar Farhadi, Une séparation, qui met en scène à la fois le divorce d’un jeune couple et le divorce entre classes sociales, en est une illustration. De même, Les Chats persans de Bahman Ghobadi fait découvrir des musiques différentes et la ville de Téhéran. Ou encore le Cercle de Jafar Panahi qui parle de la condition des femmes. Autant de grands films d’auteur, profonds, universels et plongés dans la réalité sociale de l’Iran. Le cinéma iranien — nouvelle vague très impressionnante — passe les frontières et donne à voir des images inédites d’une société contradictoire, proche et lointaine.
L’idée serait donc de découvrir un autre Iran, par le cinéma bien sûr, mais surtout par la poésie et la musique. Dans le studio aujourd’hui, un poète, musicien, journaliste, photographe, voyageur… Reza Afchar Naderi. Reza est tout cela et l’on peut se demander si cet éventail de talents et d’activités découle d’une tradition ancienne de la culture iranienne, persane… Le grand poète Omar Khayyam n’était-il pas aussi mathématicien, astronome et philosophe ?
Des chroniques rebelles à la découverte de l’Iran, de la poésie, de la musique…
Les voyages : Depuis 1999, Reza Afchar Nadéri se rend tous les ans en Iran pour visiter à chaque voyage une province différente et constituer un fonds d’archives photographiques. Tout en recueillant et en consignant par écrit les multiples impressions de « choses vues » destinées à de futurs récits ou poèmes ancrés dans la réalité de l’Iran et du monde contemporain.
Les photos : Reza Afchar Nadéri mène depuis une quinzaine d’années une activité de photojournaliste parcourant le monde à la quête de récits et d’images rares et ses reportages l’ont mené tant dans les Caraïbes (Caïmans, Cuba, Floride), les Balkans (Bulgarie, Macédoine) et le pourtour méditerranéen (Égypte, Malte, Maroc) qu’au Proche- et au Moyen-Orient (Liban, Turquie, Bahreïn, Yémen), dans l’océan Indien (Djibouti, Maurice, Mayotte, Seychelles) et en Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande). Dans son activité la poésie et l’écriture ne sont pas distinctes de l’approche photographique.
Parallèlement, il a publié de nombreux poèmes dans des revues aussi diverses que Commune, Le Temps des cerises, Faites entrer l’infini (association Louis Aragon) ou Les Cahiers du sens, et traduit aussi bien le poète persan contemporain Ahmad Chamlu que les grands poètes classiques comme Khayyâm et Hâfiz.
Le chant des « Indignés »
de Reza Afchar Nadéri
Le peuple est sans le sou, le peuple court à sa ruine
Nos dirigeants s’en f…, chez eux c’est la débine
L’euro, l’euro, l’euro, y z’ont qu’ça dans l’citron
Leur loi c’est le bling bling à la botte du patron
Les gauchos c’est pas mieux qu’ont déclaré forfait
La lutte des classes mon frère chez eux c’est du surfait
On dit que trop c’est trop, voici qu’est venue l’heure
De rendre la politesse, de faire parler nos cœurs
Ni à droite, ni à gauche… on n’est pas alignés
Entends de notre bouche le chant des indignés
Notre chanson elle court, elle court et puis elle vole
De la place Syntagme à la Puerta del Sol
Ils ont noirci not’ ciel, ils ont tout saboté
Qu’on leur jette à la face leurs culottes crottées
Mon frère ma sœur j’te dis, qu’il faut être « unido »
Main dans la main le peuple, s’ra jamais « vencido » [1]
Le monde à feu, à sang, c’est l’coup des boutiquiers
L’armée, les chars, les flics, à la solde des banquiers
Ni à droite, ni à gauche… on n’est pas alignés
Entends de notre bouche le chant des indignés
La dette sans fond ni fin, le désert dans nos fouilles
La vie au jour le jour, l’av’nir qui part en c…
Aux dieux de la finance, ils ont tout sacrifié
C’est l’temps de redonner la voix aux cocufiés
Assez de beaux discours, on nous prend pour des ânes
Le seul qui parle vrai, dans l’boxon c’est Stéphane
Il te montre du doigt la dictature du fric
La course au toujours plus, le progrès à coup d’tric
Ni à droite, ni à gauche… on n’est pas alignés
Entends de notre bouche le chant des indignés
Nos acquis sont bradés : retraite, sécu, école
La dette qui la rembourse ? Encore nous qu’y s’y colle
Ça fait depuis longtemps qu’on nous sert que du vent
La crise elle est traitée par la fuite en avant
Voici le beau projet qu’on vous met sur la table
Pour que la planète terre devienne inhabitable
Les banques nous pompent l’air, elles broient nos destinées
C’est par le porte-monnaie qu’elle veulent nous dominer
Ni à droite, ni à gauche… on n’est pas alignés
Entends de notre bouche le chant des indignés
Le v’là not’ bel avenir, partout à tous les âges
Les p’tits boulots au noir, la misère, le chômage
Toujours les mêmes qui trinquent, en face les mêmes qui trichent
Voici venu le temps de faire payer les riches
On veut qu’aux boutiquiers on présente la facture
Qu’on mette enfin le pied dans l’ère de la rupture
Y’en a marre qu’on confonde le public et l’privé
Comment est-ce qu’aussi bas on a pu arriver ?
Ni à droite, ni à gauche… on n’est pas alignés
Entends de notre bouche le chant des indignés
À force de s’emballer l’engin s’est enrayé
Que ceux qu’ont fait la crise, s’occupent de la payer
Une droite d’affairiste, au service des potes
Une gauche laxiste, restée droit dans ses bottes
Personne qui dit pourquoi toute une population
Est livrée aux combines, aux spéculations
Devant un tel chaos il faut vaille que vaille
Re’vnir aux vraies valeurs, au fruit de son travail
Ni à droite, ni à gauche… on n’est pas alignés
Entends de notre bouche le chant des indignés
Paris, 27 juin 2011
Texte du chant des « Indignés » (extrait) et photos de Reza Afchar Naderi extraites de :
http://rezablog.com/le-chant-des-in...
Reza Afchar Naderi a interprété en direct ce texte en s’accompagnant à la guitare sur Radio Libertaire, dans l’émission des chroniques rebelles, le 9 mars 2013.