Québec, ville dépressionniste
Ouvrage collectif publié chez Moult éditions
Avec l’un des auter-es, Jasmin Miville-Allard et Jean-Pierre Garnier
Québec, ville dépressionniste
« Mieux vaut tard que jamais », dit le proverbe. Publié en 2008 au moment où la ville de Québec célébrait sous la houlette de ses notables le quatre centième anniversaire de sa fondation, l’ouvrage collectif Québec, ville dépressionniste a fait, à peine paru, l’objet d’un boycott non seulement de la part des instances officielles, mais aussi des milieux intellectuels qui prétendent s’en différencier. Il faut dire que ce livre faisait tache au milieu des festivités destinées à promouvoir la capitale nord-américaine de la francophonie.
Loin d’exalter, à l’unisson des porte-voix politiques, commerciaux, culturels et médiatiques, son caractère unique et la vitalité de son identité, il en ressortait que Québec dépérissait « sous sa muséification, son abandon à la spéculation grossière, son conservatisme grandissant, son esprit policier et sa dissolution dans des périphéries conformistes ».
À tel point que l’ennui qui en résultait parmi ses habitants faisait dire aux auteurs que cette ville était devenue « dépressionniste ».
Jean-Pierre Garnier
http://divergences2.divergences.be/spip.php?article86
Québec, ville dépressionniste
« Nous remercions le Conseil des Arts du Canada, de la SODEC ainsi que le gouvernement du Québec de ne nous avoir accordé aucune aide par l’entremise d’un quelconque programme bidon. Notre liberté d’expression n’a été entachée d’aucune subvention. » Note du collectif Moult éditions qui ajoute en avertissement : « Les textes sont à l’entière responsabilité des auteur-es. Mais pour ceux [ou celles] qui tiendraient mordicus à poursuivre Moult éditions, sachez que notre chiffre d’affaires est présentement de moins 400$ par année, ce qui revient à dire que vous perdriez votre temps. »
Ce préambule à des constats et des analyses qui ne vont pas par quatre chemins pour dénoncer une situation urbaine catastrophique, l’exemple d’une ville, Québec, « qui s’est développée par l’anéantissement systématique de son centre au profit de l’horreur banlieusarde ». Grâce aux promoteurs et au tout-pour-les-bagnoles, les « banlieues sont devenues d’antipathiques laboratoires de standardisation sociale. »
Raoul Lithium
Quant au centre, il n’est plus question d’y flâner ou d’organiser des fêtes populaires, c’est devenu un lieu du contrôle social avec ses caméras et ses touristes autorisés. Bref, « à force de passer le bulldozer sur tout ce qui
s’était créé naturellement, Québec est devenue dépressionniste », une
« ville plate ceinturée par une couronne de villes-dortoirs froides ».
Raoul Lithium
L’ennui y règne et « sous sa muséification, son abandon à la spéculation grossière, son conservatisme grandissant, son esprit policier et sa dissolution dans les océans de périphéries conformistes », la ville a dépéri, adoptant un caractère unidimensionnel qui, peu à peu, a annihilé la vie sociale spontanée. Contrôler les rues revient à contrôler les esprits.
Québec est gérée comme une entreprise, ce qui va de pair avec la dépolitisation de la population à son ennui et à son conformisme. La cité universitaire de Sainte-Foy en est un exemple édifiant, « le témoignage d’une société qui a échoué dans sa capacité à assure à ses membres les conditions d’une vie collective réussie. Ce campus est un droit qui donne fondamentalement envie de le quitter, de tourner le dos aux voisins, aux quartiers qui l’entourent, à la nature et à la vie. »
Québec, ville dépressionniste, ouvrage collectif publié chez Moult éditions, fait le bilan et l’analyse du processus de transformation d’une ville au détriment cynique de sa population. Pour ce faire, il n’y pas moins d’une dizaine d’auteur-es qui examinent le phénomène au plan historique, géographique, urbanistique et même imaginaire pour mieux le comprendre et réagir contre le rouleau compresseur de la propagande et du profit.
L’entretien avec Jasmin Miville-Allard et Jean-Pierre Garnier a eu lieu le jeudi 22 novembre 2012.
Le premier Petit salon de l’édition DVD engagée, du monde
Cinéma La Clef les 8 et 9 décembre 2012
Il réunit 10 éditeurs indépendants marqués par le sceau de l’engagement et par cette volonté de montrer le monde tel qu’il est, par des oeuvres fortes, de qualité, bien souvent méconnues du grand public.
De la fiction sociale de Ken Loach (Cathy come home), à la critique des médias orchestrée par Pierre Carles (Hollande, DSK etc.), en passant par le conflit israélo-palestinien vu par Eyal Sivan (Jaffa, la mécanique de l’orange), ou encore par une charge contre le militarisme au Japon avec Le Soldat dieu de Koji Wakamatsu, chaque éditeur proposera la projection d’un film de son catalogue, suivi d’un débat avec un invité.
LES ÉDITEURS PRÉSENTS ET LES PROJECTIONS
— ICTV-Solferino
Samedi 8 décembre - 12h : Poussières
Un documentaire de Jin Huaqing - Chine - 2012 - ICTV-Solferino - 52 min.
— Blaqout
Samedi 8 décembre - 14h : Soldat dieu
Un film de Koji Wakamatsu avec shinobu Terajima, Shima Ohnishi, Ken Yoshizawa - Japon - 2010. Wakamatsu Production. 1h25 min.
— Canal marches
Samedi 8 décembre - 16h : Une friche en hiver, Bonjour merci, Roms en résistance
Une série de courts-métrages documentaires de Sylvia Aubertin - Canal Marches - 2009-2010 - 35min.
— Les Mutins de Pangée
Samedi 8 décembre - 18h : American radical
Un film de Nicolas Rossier et David Ridgen - États-Unis - 2010. Baraka Production. 1h20 min.
— Doriane Films
Samedi 8 décembre - 20h30 : Cathy come home
Un film de Ken Loach avec Carol White et Ray Brooks - Grande Bretagne - 1966 - BBC - 1h 17 min.
— Doc net films
Dimanche 9 décembre - 11h : Le rite, la folle et moi
Un documentaire de Gentille M. Assih - France, Sénégal - 2012 -Ardèche Images, Karoninka - 1h 25min.
— K-Films
Dimanche 9 décembre - 13h : Ventres glacés / Kuhle Wampe
Un film de Slatan Dudow - Allemagne - 1932 - 1h 11min.
— Voir et agir
Dimanche 9 décembre - 15h : Disparaissez les ouvriers !
Un documentaire de Christine Thépénier et Jean-François Priester - France, 2011 ISKRA - 1h18 min.
— Momento
Dimanche 9 décembre - 17h15 : Jaffa, la mécanique de l’orange
Un documentaire d’Eyal Sivan - France - 2010 - Momento Films - 1h28 min.
— CP-Productions
Dimanche 9 décembre - 19h30 : Hollande, DSK, Etc
Un documentaire de Julien Brygo, Pierre Carles, Nina Faure et Aurore Van Opstal avec Jean-Michel Apathie, Nicolas Demorand, Laurent Joffrin, Maurice Szafran - France - 2012 - Alexandre Borrut et PLPL - 1h 26min.
HORAIRES DU SALON
Samedi 8 décembre de 11h45 à 20h
Dimanche 9 décembre de 10h45 à 19h30
http://www.petitsalondudvd.fr/
Présentation Thomas Tertois et Charles Hambert