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Samedi 22 mai 2021
.Si le vent tombe… de Nora Martirosyan. L’Arbre (Drvo) d’André Gil Mata. Balloon de Pema Tseden. Paris Stalingrad de Hind Meddeb co-réalisé par Thim Naccache. Vers la bataille d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux
Article mis en ligne le 31 mai 2021

par CP

Si le vent tombe…
Film de Nora Martirosyan (26 mai 2021)
Entretien avec Nora Martirosyan et le comédien Grégoire Colin

L’Arbre (Drvo)
Film d’André Gil Mata (26 mai 2021)

Balloon
Film de Pema Tseden (26 mai 2021)

Paris Stalingrad
Film documentaire de Hind Meddeb co-réalisé par Thim Naccache (26 mai 2021)

Entretien avec Hind Meddeb

En compagnie de Gilles Tourman (émission Longtemps je me suis couché de bonne heure et des Fiches du cinéma).

Si le vent tombe…
Film de Nora Martirosyan (26 mai 2021)
Entretien avec Nora Martirosyan et le comédien Grégoire Colin

Après un long voyage sur une route unique, en provenance d’Arménie, un technicien français débarque dans une ville du Haut-Karabagh, avec pour mission d’auditer un aéroport flambant neuf, situé à proximité d’un No Man’s Land entre la république, auto déclarée indépendante, et l’Azerbaïdjan.

L’origine des tensions entre le Haut-Karabagh, lié à l’Arménie, et l’Azerbaïdjan, date en fait du début des années 1920, la région du Caucase est alors sous tutelle soviétique.

À la fin du régime soviétique en 1989, la situation s’envenime après la déclaration d’indépendance du Haut-Karabagh, et le conflit se solde par 30 000 victimes. En 1994, un cessez-le-feu est signé avec l’Azerbaïdjan, mais celui-ci s’avère des plus précaires et, comme le remarque le directeur de l’aéroport dans le film, "Nous vivons sur un volcan".

C’est dans ce contexte que l’auditeur en mission pour un cabinet international, un peu dépassé par ce qu’il découvre et par la culture du pays, commence son enquête afin d’expertiser la possibilité d’ouverture de l’aéroport. Il vérifie les normes sécuritaires pour l’atterrissage des avions, les possibilités de manœuvres des appareils, s’inquiète de voir un enfant, traversant quotidiennement le terrain pour livrer une eau soi-disant miraculeuse, et regarde avec étonnement cette société dont il ne comprend ni l’importance symbolique de l’aéroport "international", ni la détermination de la population à ce qu’il soit inauguré.

Peu à peu cependant, il est amené à comprendre la résistance de la population pour qui la terre, les animaux, l’eau miraculeuse, enfin l’image de cet aéroport, représentent une reconnaissance, aux yeux de celle-ci vitale, de leur pays et de leur culture. Le jeu des comédiens et des comédiennes traduit à merveille les préoccupations inhérentes à la situation. Grégoire Colin, Candide un peu largué se retranchant tout d’abord dans son rôle de technicien, fait évoluer très finement son personnage jusqu’à ce que s’opère un soudain basculement, qui lui fait prendre des risques jusqu’alors imprévisibles.

Si le vent tombe… a été tourné avant le conflit armé qui a fait perdre son indépendance au Haut-Karabagh et provoqué l’expulsion et l’exil d’une très grande partie de la population.
Le film devait sortir initialement le 4 novembre 2020. La fermeture des salles de cinéma a décalé toutes les sorties nationales à plusieurs reprises, finalement Si le vent tombe… sera dans les salles le 26 mai.

Ce premier long métrage de Nora Martirosyan fait montre d’une très grande maturité, à la fois documentaire et poétique. Elle capte avec justesse et subtilité la tension régnant dans la région, évoque l’impact du climat de guerre sur la population, en particulier sur les enfants et les adolescent.es. Pour tout dire, le film en apprend beaucoup sur cette région dont on sait peu de choses et ce premier film laisse certainement présager du futur travail prometteur de la réalisatrice. Si le vent tombe de Nora Martirosyan
Cet entretien choral avec Nora Martirosyan et Grégoire Colin s’est déroulé dans le cadre du festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier, en octobre 2020.

L’Arbre (Drvo)
Film d’André Gil Mata (26 mai 2021)

Un homme, un enfant, deux guerres, une rivière, un arbre.
Un homme et un enfant se rencontrent sous un arbre au bord d’une rivière, partageant secret. Ils retrouvent l’un dans l’autre le silence et le temps qu’ils ont perdu dans l’eau courante de la rivière. Au sein d’une obscurité qui rassure, où seuls les éclairs et le bruit des détonations témoignent de la présence lointaine d’une guerre, le vieil homme imperturbable traverse un paysage hivernal. Il porte sur ses épaules son pilori de bois, lui servant à transporter de l’eau. Sur son chemin, il aperçoit un enfant près d’un feu, sous un arbre, sur une berge, un enfant qui fuit la guerre sur un tapis de neige… Les souvenirs ressurgissent et la peur.

À Sarajevo : «  J’imaginai que cet homme avait été là, dans cette ville, pendant la Seconde Guerre mondiale et, de nouveau, dans les années 1990, pendant le siège. Cette idée de quelqu’un ayant vécu, au cours de son existence, deux guerres dans cette ville, finit par m’obséder. L’idée de ce film est née de cette image. »

« L’arbre est un film qui a pour sujet la répétition cyclique de l’humanité dans le courant de la vie. Un rituel qui n’oublie jamais que la vie marche vers les morts. C’est un film fluvial, froid et nocturne. Dans une ville assiégée, la nuit, un vieil homme traverse un paysage d’hiver dans une barque et, sur le rivage, il voit un enfant blotti sous un arbre dénudé, auprès d’un feu maigre ; un enfant qui fuit la terreur de la guerre rencontre un vieil homme. Un miroir, une répétition à travers lesquels cet homme se réconcilie avec lui-même et ses souvenirs, et un enfant qui retrouve de la chaleur et l’espoir de rester en vie, tandis que la rivière se contente de suivre son cours. »

« Filmer sur pellicule qui crée une relation avec la matière qui apporte de la plasticité, des impressions chromatiques et sensorielles impossibles à obtenir avec le numérique. Et puis ces caméras 2K ou 4K donnent une curieuse haute définition qui, pour moi, fait que tout semble pareil. Aussi je pense que ce que nous recherchions dans la matière ne pouvait être obtenu qu’avec la pellicule. »
Influence : La Nuit du chasseur de Charles Laughton. Une expérience de cinéma totalement spirituelle et philosophique qui convoque tous les sens du spectateur. Proprement envoûtant et d’une prodigieuse intelligence.

L’Arbre est un film dans lequel la représentation humaine se limite à Ibro, à deux âges différents, et à sa mère. Tous les autres personnages nous sont montrés en hors champ, par le son, plaçant Ibro dans une confrontation solitaire, accroissant le rapport des proportions entre le paysage de montagne et la neige qui semble toujours l’engloutir.

Ibro ne croit guère dans l’existence de l’homme : il vit seul, dans la maison de son enfance, avec son chien. Il consacre pourtant ses journées à un rituel consistant à aller chercher de l’eau pour lui-même et ses voisins, toujours accompagné de son chien. La guerre est là, invisible, présence menaçante entre le silence et les coups de canons.

Balloon
Film de Pema Tseden (26 mai 2021)

Ça commence comme une blague, deux gamins ont trouvé des préservatifs sous l’oreiller de leurs parents et les gonflent, pour eux ce sont des ballons que père, gêné, fait éclater. Il leur promet de rapporter des ballons la prochaine fois qu’il va en ville. D’évidence, l’utilisation de préservatifs est dissimulée et contraire aux traditions. Par ailleurs, la virilité est magnifiée, on compare l’homme au bélier qui féconde les brebis. Cela se passe au cœur des étendues tibétaines. Drolkar et son mari élèvent des brebis, tout en veillant sur leurs trois fils. La pratique de la contraception est taboue dans la communauté traditionnelle malgré la politique de l’enfant unique imposée par Pékin. Et c’est en secret que la jeune femme se procure des préservatifs, mais ils sont rares. Elle a prévu de se faire ligaturer les trompes, mais ne peut envisager de mettre un stérilet de peur qu’elle le perde et révèle ainsi son entorse aux traditions. Alors le jour où les enfants trouvent les préservatifs et jouent dehors avec les « ballons » volés sous son oreiller, elle sait qu’elle va devoir tout affronter : les reproches des aînés, le poids de la tradition, le regard des hommes. De son côté, le père des enfants se rend en ville afin d’emprunter un bélier « supérieur » pour ses brebis et par la même occasion se saouler chez un ami.

La sœur de Drolkar, devenue nonne à la suite d’une déception amoureuse, se rend au lycée où étudie son neveu et rencontre son ancien prétendant, devenu professeur, qui lui donne un livre. La vie quotidienne de cette famille est ponctuée par les rêves, ceux des enfants qui se voient courir dans le sable, des deux femmes, et du grand-père qui voit son épouse défunte qui réclame des rites. Lorsque le grand-père meurt à son tour, mais le lama prédit sa réincarnation dans une future naissance. Parole que reprend la nonne à sa sœur enceinte qui songe à avorter. « Tu y crois ? » lui rétorque l’aînée.
Quant à son mari, qu’elle compare au bélier du troupeau, en dépit de l’amende pour un autre enfant, interrompt le curetage et lui promettant de ne plus boire et de l’aider. « Tu as eu raison de te faire nonne » lance-t-elle à sa sœur
Balloon est un film quasi documentaire sur les coutumes tibétaines et la place des femmes dans la société. La loi de l’enfant unique assortie d’amendes.

L’idée initiale du film : « Un soir d’automne, je marchais dans le quartier et mon regard a croisé un ballon rouge qui volait dans le vent. Il m’a semblé qu’il s’agissait d’une image de départ très forte pour un film, alors j’ai commencé à imaginer d’autres plans qui pourraient s’y rattacher. Cette image clé m’a aussi renvoyé à une autre symbolique du ballon : celle du préservatif. C’est ainsi que le squelette de cette histoire a pris forme dans mon esprit. » Cette image, on la retrouve à la fin du film lorsque l’un des ballons rapportés par le père aux enfants s’envole et que chaque personnage du film le regarde passer dans le ciel : les enfants, le père, la mère, la nonne, l’ancien amoureux, etc.

Pema Tseden est un réalisateur, scénariste et auteur tibétain, né en décembre 1969 dans une famille de nomades tibétains à Thrika, un village dans la Préfecture autonome tibétaine de Hainan dans le Qinghai (ancienne province tibétaine de l’Amdo), en Chine.

La majorité de ses films ont été réalisés en tibétain, par des équipes tibétaines. Grâce à ses portraits aussi méticuleux que réalistes de sa terre natale, son cinéma donne l’opportunité au public d’y découvrir un pan de la culture tibétaine et les conditions de vie de ses habitants. Les films de Pema Tseden sont passés par La Mostra de Venise, Le Festival de Locarno, Le Festival de Toronto, et beaucoup d’autres, où ils ont reçu plusieurs prix dont Meilleur Film, Meilleur Réalisateur ou Meilleur Scénario.
Son dernier film sorti en France, JINPA, UN CONTE TIBÉTAIN a remporté le prix du Meilleur Scénario dans la catégorie Orizzonti à la 75ème Mostra de Venise.

Paris Stalingrad
Film documentaire de Hind Meddeb co-réalisé par Thim Naccache (26 mai 2021)

Entretien avec Hind Meddeb

Dormir dans la rue… pas d’autre choix dans l’attente de papiers. Après avoir fui la guerre, les persécutions de toutes sortes, les conflits intérieurs à leurs pays, des hommes et des femmes arrivent du Soudan, d’Éthiopie, du Nigeria, d’Afghanistan, du Pakistan, etc., dans l’espoir de se reconstruire loin des violences. Les exilé.es ont vécu des drames et des agressions durant leur fuite, à la merci des profiteurs de la misère, des lois des États traversés, des interdictions et des rejets.

En 2016, Hind Meddeb décide de filmer ces exilé.es, victimes d’une politique administrative arbitraire. Très vite cependant, elle s’attache surtout au vécu des exilé.es, à leur créativité malgré une situation souvent désespérée. Avec son co-réalisateur, Thim Naccache, elle dépasse les angles habituels du documentaire : « Je suis [écrit-elle] avec ceux que je filme dans une relation de proximité, il devient alors possible de recueillir des paroles sans filtre qui me sont données avec confiance. » Un choix de réalisation qui pose la question : peut-on filmer et rester en dehors dans une situation extrême ?

Elle croise alors Souleymane un soir de pluie, dont les poèmes s’imposent comme fil conducteur du récit « documentaire », mais n’est-ce pas plutôt un récit de vie, de plusieurs vies depuis l’intérieur du groupe ? L’axe adopté pour filmer la vie quotidienne des exilé.es, leurs souvenirs, leur perpétuel qui-vive, les bénévoles, enfin le duo de réalisation, fait la force du film qui mêle ainsi dans sa construction les séquences de cinéma direct, les déambulations dans la ville en compagnie de Souleymane et de ses textes poétiques libres, la voix off et sa subjectivité assumée. Un voix qui rappelle que le point de vue de la réalisatrice s’exprime « autant que possible aux côtés des personnes rencontrés, mais sans se mettre à leur place ». Durant les deux années de tournage, les discussions, le montage et la finalisation du film, on perçoit l’implication de l’équipe de réalisation et même son engagement.

Paris Stalingrad ou le désir de laisser une trace, ou plutôt des traces face à la volonté des autorités politiques, administratives et policières de les effacer, de les éradiquer : qu’il s’agisse de la transformation d’un quartier, de l’organisation du campement face à la mauvaise volonté et la brutalité des autorités, enfin la solidarité des exilé.es, des sans voix, qui mettent des années à échapper à l’insupportable et à la mort pour être, à la fin du voyage, rejetté.es en arrivant en Europe. Souleymane et son parcours de cinq années à travers l’horreur, ses poésies — des repères pour ne pas se perdre et s’abandonner au désespoir — à la fois, témoignent et jalonnent sa quête d’un monde vivable. Les poèmes scandent le récit de ce que vivent les exilé.es et ouvrent parfois à un imaginaire inattendu, l’échappatoire …Paris Stalingrad c’est la force des images filmées de l’intérieur qui plonge le public dans une réalité sans grandiloquence, non : une inhumanité ordinaire…
Paris Stalingrad de Hind Meddeb co-réalisé avec Thim Naccache au cinéma le 26 mai.

Vers la bataille
Film de Aurélien Vernhes-Lermusiaux (26 mai 2021)

Vers la bataille est un film sur la transmission, sur la barbarie de la guerre, du colonialisme, sur la manipulation des images et re-création d’une réalité.
Vers 1860, un photographe, Louis, est censé rejoindre l’armée française pour photographier la guerre coloniale au Mexique. Il se perd entre les lignes dans un pays dont il ignore tout, à commencer par la langue. Le photo reporter a eu quelque succès pour ses clichés d’accidents dans les fonderies et de fusillés, mais à l’évidence, il ne peut prendre aucune photo de la guerre et ne cherche pas d’ailleurs à bidonner une quelconque mise en scène. Il écrit à sa femme son désarroi et son ambition de célébrité sans d’ailleurs savoir si ces lettres atteindront sa destinataire.
Le film est sur cette errance durant laquelle un paysan mexicain, Pinto, le sauve de la mort en le tirant d’un piège. Tout d’abord, Louis le traite avec rudesse, puis c’est ensuite un dialogue de sourds qui s’instaure entre les deux, tant et si bien que Pinto s’enfuit un matin. Louis le retrouve en mauvaise posture, encerclé par des soudards qui comptent bien « s’amuser avec l’indigène », et le sauve en montrant son sauf-conduit signé du général qui commande les troupes, document qui lui donne le droit d’avoir un serviteur. Peu à peu, ils communiquent, Louis parle de son épouse et de son fils, Pinto de sa femme et de son village. Louis cependant garde un secret douloureux qui l’a amené sur le continent américain.

C’est un premier long métrage qui montre ses influences, Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog, même climat angoissant, même obsession de trouver de qui échappe au personnage, d’abandon peu à peu dans la boue et la moiteur d’une nature hostile. « L’idée première était de filmer les précurseurs, les pionniers d’une technique nouvelle. Passionné de photographie, j’avais une envie forte de raconter cet outil surtout à une période où son utilisation était encore très contraignante – temps de pause particulièrement long, besoin de beaucoup de lumière, matériel encombrant – et clairement pas adaptée à la commande. »

C’est aussi sur la vision dénaturée, l’aveuglement, puisque Louis va perdre la vue pendant sa recherche de l’armée. Et bien sûr se pose la question du but des photos de guerre, à qui est-ce destiné ? Il faut se souvenir, comme le précise le réalisateur, que « les premières photos truquées datent de la guerre de Sécession, au milieu du XIXe siècle ! On pense aussi aux photos staliniennes où l’on effaçait les dissidents, mais les exemples sont encore nombreux... Ces manipulations ont toujours existé et sont d’autant plus présentes aujourd’hui du fait que la tricherie est maintenant possible avec les images en mouvement. Louis marche à l’instinct, il n’est pas un photographe de la reconstitution. Il va se révéler particulièrement attaché à une retranscription de la vérité et rejeter totalement les modifications du réel. […]Trouver des artifices pour fabriquer des images, ramener de la matière à tout prix. Louis n’est pas dans cette démarche ». Il n’empêche que Louis est à la solde des militaires, puisque payé par le général des armées coloniales, et il primordiale de remplir son contrat.

Le film est également centré sur le colonialisme, la guerre coloniale au Mexique n’est pas connue en France, elle la barbarie de l’armée y transparaît, et les deux hommes vont trouver des villages où tout le monde a été massacré. De fait, le film questionne sur la fabrication de l’histoire et du roman national. Reste le geste de Louis : apprendre à Pinto les secrets techniques de la photographie. Il lui lègue son matériel.
Vers la bataille est situé dans une histoire passée, mais pose des questions toujours aussi actuelles sur l’image et le rapport à l’autre.

À L’abordage
Guillaume Brac (ARTE vendredi 28 mai)

Paris, un soir au mois d’août. Un garçon rencontre une fille. Ils ont le même âge, mais n’appartiennent pas au même monde. Félix travaille, Alma part en vacances le lendemain. Qu’à cela ne tienne. Félix décide de rejoindre Alma à l’autre bout de la France. Par surprise.

Il embarque son ami Chérif, parce qu’à deux c’est plus drôle. Et comme ils n’ont pas de voiture, ils font le voyage avec Edouard en voiture stop en quelque sorte. Évidemment, rien ne se passe comme prévu. Peut-il en être autrement quand on prend ses rêves pour la réalité ?
Le film est interprété par des élèves du conservatoire national d’art dramatique, mais avec plus de moyens que pour Contes de Juillet réalisé trois ans auparavant.
Le résultat est un film qui semble une expérience autant sur l’écran que pour le public.

Le cinéma de Guillaume Brac semble avoir des liens avec la démarche de Jean-Gabriel Périaux. Dans un livre, intitulé Ce que peut le cinéma, dans lequel il converse avec Alain Brossat, il confie rêver « d’un cinéma politique qui interroge de manière critique le monde tout en restant dans une inventivité formelle, un cinéma qui permettrait d’adresser des films à un public [divers] et non pas à un public par avance convaincu soit du fond politique, soit de la forme expérimentaliste de ces films »…

« Faire des films est avant tout une façon de me forcer à travailler, à réfléchir, à comprendre un tant soit peu le monde dans lequel je vis [explique Jean-Gabriel Périot]. Ma pratique du film est très intuitive et rien n’est plus difficile pour moi qu’expliciter ce que je cherche et comment les outils que j’utilise peuvent m’aider dans cette recherche. Ce qui peut paraître "évident" [pour le public] une fois un film réalisé ne l’a jamais été pour moi pendant le processus de travail ».


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