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Samedi 30 octobre 2021
Oray de Mehmet Akif Büyükatalay (entretien). Burning Casablanca (Zanka Contact) de Ismaël El Iraki. Los Lobos de Samuel Kishi Leopo. 101 chansons de films} Alain Pozzuoli & Philippe Sisbane (éditions du Layeur).
Article mis en ligne le 7 novembre 2021
dernière modification le 17 octobre 2021

par CP

Oray
Film de Mehmet Akif Büyükatalay (en salles depuis le 27 octobre 2021)

Burning Casablanca (Zanka Contact)
Film de Ismaël El Iraki (3 novembre 2021)

Los Lobos
Film de Samuel Kishi Leopo (3 novembre 2021)

101 chansons de films
Alain Pozzuoli & Philippe Sisbane (éditions du Layeur)

Oray
Film de Mehmet Akif Büyükatalay (en salles depuis le 27 octobre 2021)

Entretien avec Mehmet Akif Büyükatalay

Burning Casablanca (Zanka Contact)
Film de Ismaël El Iraki (3 novembre 2021)

Dans une ville complètement déjantée, aux repaires étranges et fonctionnant en parallèle des règles, avec des bras d’honneur balancés à tout va, se croisent une amazone descendant d’un taxi accidenté et un rockeur looser en mal de shoot. On pourrait le décrire avec la chanson de Lou Reed I’m Waiting For My Man, mais voilà on est à Casablanca, Casablanca l’interlope, l’inattendue, la dangereuse, entre réalité et fantasmes, avec des personnages tout aussi surprenants les uns que les autres issus d’une cour des miracles maghrébine. Il y a en vedette Raja l’Amazone au bord de l’abîme, une rebelle qui se glisse dans son rôle de séductrice vénéneuse qui n’en a rien à foutre, mais compte bien aller au bout de l’inconnu. Pourquoi pas ? Why not ? Alech La ? dirait-elle.

Burning Casablanca, le titre initial était Zanka Contact, d’Ismaël El Iraki est un film ovni, inclassable, jonglant avec les genres, fascinant sur tous les plans, mêlant le récit des différents personnages, la musique et une violence abrupte. C’est l’histoire d’une rencontre passionnée entre Raja l’incontrôlable et Larsen, amoché d’une réussite musicale avortée. La rebelle et le has been dans un pas de deux sous ivresse et trip sordide. Il ressort de ce climat en clair obscur une ode à l’amour fou complètement surréaliste. Poursuivis par des mafieux, Raja et Larsen fuient dans le désert sur fond de musique géniale, trouvent des personnes pour les aider, qui de ce fait sont condamnées à mort. Des bas fonds casablancais au western, il n’y a qu’un pas et la transition offre un rebondissement supplémentaire.

La bande son est formidable, rock métal, et la voix fantastique de Khansa Batma qui interprète Raja. Des personnages hauts en couleurs, un humour violent entre rythme cassé et rebondissements à fond la caisse.
Un film étonnant et complètement allumé !
Burning Casablanca de Ismaël El Iraki en salles le 3 novembre 2021

Los Lobos
Film de Samuel Kishi Leopo (3 novembre 2021)

Deux enfants, Max et Léo quittent le Mexique avec leur mère Lucia pour aller aux Etats-Unis. Si la famille s’attendait à une vie meilleure, le premier jour les fait déchanter avec la recherche d’un appartement, 500 dollars pour un gourbi, mais impossible de trouver quelque chose de convenable quand on est immigrée et sans le sou.

Los Lobos est filmé à travers le regard de Max et sa perception du « nouveau monde », l’immigration et le danger, sa mère absente pour travailler dans plusieurs jobs, l’absence du père, les voisins dont les enfants ne comprennent pas la langue et les règles. La seule présence durant des journées interminables, c’est la voix enregistrée de leur mère sur un magnétophone et celle du grand père.

Los Lobos ouvre l’univers de ces petits loups avec une idée merveilleuse de réalisation, celle d’animer soudain leurs dessins, une seconde couche de narration pour mieux comprendre les conditions de vie. Car finalement peu de choses sont révélées sur cet exil décidé par la mère, peu de choses sinon par quelques signes parfois fugaces, la drogue et le souvenir de disputes, que Max associe aux événements de la famille sans bien les comprendre. Pour les deux enfants une chose est certaine, c’est la promesse de leur mère de les emmener à Disneyland à la condition qu’ils s’expriment en anglais : « I want to buy a ticket to go to Disney ». C’est l’antienne et le rêve d’un autre horizon pour les deux enfants et échapper à l’attente de Lucia durant de longues journées.

L’enfermement, le fait de se sentir étranger, la curiosité, l’observation donnent au regard de Max, à 8 ans, une acuité saisissante. Los Lobos est aussi un constat des conditions de travail de la main d’œuvre immigrée, la misère régnante dans ces quartiers… Et avec la galerie de portraits, en images fixes, qui termine le film, on est loin du mythe de l’American Way of Life et de l’idée d’un pays des opportunités… Histoire de balayer les clichés grâce à la vision des petits loups sur les Etats-Unis. Mais ils veulent quand même aller à Disneyland !

Inspiré pour une part de l’enfance du réalisateur, Los Lobos finit cependant sur une touche d’espoir et d’ouverture, c’est un conte ancré dans la réalité…
Los Lobos de Samuel Kishi Leopo au cinéma le 3 novembre

Après Oray, chronique sur la communauté turque en Allemagne et le patriarcat quelque peu bousculé, l’univers musical et junkie de Burning Casablanca, enfin la vision enfantine de Los Lobos, poursuivons avec du cinéma et de la musique :

101 chansons de films
Alain Pozzuoli & Philippe Sisbane (éditions du Layeur)

Chansons et cinéma… les images se mêlent aux refrains, aux émotions, aux souvenirs personnels ou partagés. Voilà un bouquin qui révèle bien des moments vécus en salles obscures, mais également sur petit écran. D’ailleurs, dès la couverture, on est dans l’ambiance : c’est une image du film Singin’ in the Rain (Dansons sous la pluie) de Stanley Donen qui présente une caractéristique originale : non seulement, c’est un film dans le film, mais il illustre aussi ce moment où l’on est passé du cinéma muet au cinéma parlant.

Toute une histoire : du Chanteur de Jazz qui traditionnellement marque les débuts du cinéma parlant, des Temps modernes de Charlie Chaplin avec le fameux Je Cherche après Titine (The Non-sens Song) aux Nuits rouges de Harlem (Shaft), ou encore les Copains d’abord chanté par Brassens, jusqu’à Gloria Gaynor et I Will survive dans Priscilla, folle du désert… On en traverse des époques sans parfois savoir si l’on retient plus la chanson ou le film, ou bien les deux.

101 chansons… le choix est difficile d’abandonner certains des refrains issus des bandes originales qui ont marqués une époque ou se sont imposés avec le temps sans que vraiment s’explique le phénomène. C’est peut-être cela l’attrait des mélodies et des paroles qui demeurent dans les esprits…

Au delà de la nostalgie que la déambulation cinématographique et musicale ravive dans le livre d’Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane, bien des questions jalonnent le temps imaginaire et imaginé par les auteurs, à commencer par le Chanteur de Jazz : est-il réellement le premier des Talkies, le premier film du cinéma parlant états-unien ?

101 CHANSONS DE FILMS
Chansons illustrant l’entretien :
Singin’ in the Rain de Stanley Donen (1952)
Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975) : Women of Ireland

Cria Cuervos de Carlos Saura (1976) : Porque te vas, Jeannette
Saturday Night Fever (La Fièvre du samedi soir) de John Badham (1977) : Staying Alive, The Bee Gees
The Graduate (Le Lauréat) de Mike Nichols (1967) : Simon & Garfunkel, Sounds of Silence
The Wall de Alan Parker (1982) : Another Brick in the Wall, Pink Floyd
The Hunger (Les Prédateurs) de Tony Scott (1983) : Bela Lugosi’s Dead, Bauhaus.


Blue Velvet de David Lynch (1986) : Blue Velvet, Isabella Rosselini

Interview With a Vampire (Entretien avec un vampire) de Neil Jordan (1994) : Sympathy For The Devil, Guns ‘n Roses
Bagdad Café (Out Of Rosenheim) de Percy Adlon (1987)
A Hard Day’s Night (Quatre garçons dans le vent) de Richard Lester (1964)

Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy (1964), Michel Legrand
La Vieille dame indigne de René Allio (1965), On ne voit pas le temps passer, Jean Ferrat

Butch Cassidy and the Sundance Kid (Butch Cassidy et le Kid) de George Roy Hill (1969) Raindrops Keep Fallin’ On My Head, BJ Thomas
Sacco et Vanzetti de Giuliano Montaldo (1971), Here’s To You, Joan Baez et Ennio Morricone
Cabaret de Bob Fosse (1972), WillKommen

Lady Sings the Blues de Sidney Furie (1972), Strange Fruit, Billie Hollyday  [1]
Les Portes de la nuit de Marcel Carné (1946) : Les Feuilles mortes de Prévert, Yves Montand.

Orfeu Negro de Marcel Camus (1959)

Le Tourbillon était presque une évidence pour clore cet entretien sans chronologie et laisser la part belle à la mémoire :
101 chansons de films
Alain Pozzuoli & Philippe Sisbane (éditions du Layeur)


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