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Samedi 20 novembre 2021
Liban 1982 de Oualid Mouaness. Frida Viva la vida de Giovanni Trilo. Soul Kids de Hugo Sobelman. Les Graines que l’on sème de Nathan Nicholovitch. Au Crépuscule de Sharunas Bartas. Les Choses humaines de Yvan Attal. Revues…
Article mis en ligne le 21 novembre 2021

par CP

Liban 1982
Film de Oualid Mouaness (24 novembre 2021)

Entretien avec Oualid Mouaness.

Frida Viva la vida
Film de Giovanni Trilo (24 novembre 2021)

Rencontre avec Asia Argento au CINEMED

Soul Kids
Film de Hugo Sobelman (24 novembre 2021)

Les Choses humaines
Film de Yvan Attal (1er décembre 2021)

Liban 1982
Film de Oualid Mouaness (24 novembre 2021)

Liban 1982 est un film extrêmement personnel sur l’enfance confrontée à la guerre, sur l’éducation et la perte des repères en temps de conflit. « Qui est avec nous ? » demande Wissam à sa mère en voyant les avions et les bombes, « Personne » répond celle-ci, une manière de résumer la situation absurde et l’extrême violence de la guerre civile. Le film est un pamphlet sans équivoque contre la guerre et sa fatalité.

Cet entretien avec Oualid Mouaness a eu lieu en octobre 2020 après la projection de son film dans le cadre du festival international du cinéma méditerranéen, le CINEMED.

Le film se déroule dans une école privée en périphérie de Beyrouth. 1982, c’est le moment de l’invasion israélienne du Liban. Wissam, onze ans, tente de déclarer son amour à l’une de ses camarades de classe. Au même moment, ses professeurs, qui partagent un différend politique, essayent de masquer leurs craintes.
Liban 1982 de Oualid Mouaness au cinéma le 24 novembre 2021.

Frida Viva la vida
Film de Giovanni Trilo (24 novembre 2021)

Frida. Viva la vida est un voyage scindé en six parties sur les traces de Frida Kahlo, évoquant les différentes phases de sa vie intime, ses engagements, sa souffrance et son élan de liberté. Certes Frida Kahlo est une artiste majeure du XXème siècle, une femme forte et déterminée, mais elle est également vulnérable, torturée par les conséquences de son accident et tourmentée par sa relation passionnelle avec son compagnon, Diego Rivera. Entre ruptures et tentatives d’émancipation, Frida s’inspire de coutumes matriarcales, sans pouvoir toutefois se libérer de son couple, même après le divorce. Elle peint alors l’une de ses toiles les plus violentes, Quelques piqûres, une femme ensanglantée, assassinée par son amant.

Pour accompagner la narration de la dualité de cette artiste exceptionnelle, on ne pouvait imaginer meilleur choix qu’Asia Argento, comédienne et réalisatrice : « avec le réalisateur, [précise-t-elle] nous avons travaillé à garder une certaine distance pour raconter l’histoire de Frida, si intense, profonde, pleine de contradictions. » L’imaginaire de Frida Kahlo s’exprime dans « un monde onirique et sans limite ».

Les deux aspects de la personnalité de Frida sont révélés par ses propres mots, extraits de lettres inédites, de journaux intimes, découverts dans une pièce de la maison familiale, fermée depuis cinquante ans, également par des photos, celles de ses parents, de son enfance et de films. Asia Argento crée un lien entre les témoignages, les entretiens avec les experts et les artistes sollicités pour parler de Frida, les archives historiques et les images, ainsi qu’avec l’histoire des œuvres de l’artiste.

Quant aux reconstitutions, elles sont souvent métaphoriques, Frida courant dans un tunnel sans fin — à la fois une fuite et un enfermement —, Frida lovée sur le sol et s’imprégnant de la terre, libérée de son corps et de la douleur, Frida renouant avec les mythes précolombiens, adoptant les costumes et les coiffures traditionnelles, l’imaginaire aztèque de la vie et la mort… Et il y a son engagement politique, sa rencontre avec Trotsky, son rejet des Etats-Unis, des mœurs capitalistes et des inégalités sociales.

« Je me peins parce que je suis le sujet que je connais le mieux. Je ne peins pas mes rêves. Je peins ma propre réalité », disait-elle. Ses autoportraits bouleversants de beauté révèlent une femme blessée, qui sublime la souffrance en œuvres créatrices, pour preuve les tableaux intitulés Les Deux Fridas, en 1939, La Colonne brisée, en 1944, ou encore Le Cerf Blessé, en 1946. Elle devint en fait une œuvre d’art. Et le réalisateur d’ajouter : « Frida Kahlo est devenue au fil du temps un modèle pour bon nombre d’artistes. Son importance en tant que figure est allée aussi loin que l’intensité et la détermination qu’elle à mobilisées tout au long de sa vie. La douleur, bien qu’essentielle à son travail, n’explique pas la raison d’un tel engouement : dans le travail de Frida, il réside toujours un lien perpétuel avec sa force intérieure et l’amour, l’énergie débordante et les couleurs de son pays. »
Frida. Viva la vida à voir en salles dès le 24 novembre.

Entretien avec Asia d’Argento
Nous avons rencontré Asia d’Argento, narratrice du film documentaire Frida. Viva la vida, pendant le festival du cinéma méditerranéen de Montpellier. Elle était présidente du jury des longs métrages en compétition et nous lui avons posé des questions sur les femmes dans le monde du cinéma et la création… Ce qui complète la perspective de la vision des femmes dans l’expression artistique…

Soul Kids
Film de Hugo Sobelman (24 novembre 2021)

Dans la foulée de The Last Hillbilly de Diane Sara Bouzgarrou & Thomas Jenkoe, documentaire filmant des Rednecks, des laissés pour compte vivant dans les Appalaches, région du Kentucky où les mines ont fermé après une surexploitation des sols, laissant une terre empoisonnée. Et après 17 Blocks de Davy Rothbart, constat sur deux décennies d’une faillite sociale au sein d’une famille africaine américaine, à quelques Blocks ou pâtés de maisons du Capitole de Washigton DC. Ce documentaire filmé sur le long terme et en duo avec un des jeunes qui sera tué au cours d’une rixe, on peut se demander si les violences et l’abandon des quartiers n’ont pas été un moyen de chasser les Africains américains de la ville de Washington DC, pour permettre la gentrification de la ville. C’est ce dont parle le film de Marawi Gerima, Residue, sur les écrans le 5 janvier.

La « démocratie » états-unienne bat de l’aile, comme un peu partout d’ailleurs, mais ce qui est intéressant, c’est que le cinéma s’en fait l’écho, malgré l’avalanche des films de divertissement à gros budgets et vides de sens.

Voici donc un film, Soul Kids réalisé par Hugo Sobelman, au cinéma le 24 novembre qui, sans dissimuler les difficultés sociales, laisse entrevoir une lueur d’espoir, une autre forme de lutte et de résistance contre la discrimination et les stéréotypes ordinaires : l’expression musicale.
À Memphis, une des villes états-uniennes les plus sinistrées, la Stax Music Academy fait figure d’oasis. Fondée sur l’héritage du label légendaire des années 1960 qui accompagna la lutte pour les Droits Civiques, cette école de musique, extra-scolaire et gratuite, permet à des adolescent.es passionné.es d’apprendre, et surtout de se réapproprier l’Histoire noire états-unienne, grâce à la découverte des plus grands tubes de la Soul.
Un voyage musical ébouriffant et une plongée dans la pensée d’une nouvelle et — pourquoi pas ? — future génération.
Soul Kids de Hugo Sobelman au cinéma le 24 novembre.
Musics : Aretha Franklin, Hard Times (No One Knows Better Than I). Grana Louise, Good Woman Go Bad. BA Soul Kids.

Les Graines que l’on sème
Un film de Nathan Nicholovitch (24 novembre 2021)

Pour avoir tagué « Macron démission » sur les murs de son lycée, Chiara et plusieurs de ses camarades sont arrêté.es et placé.es en garde-à-vue. Mais voilà Chiara est découverte morte dans sa cellule. Mêlant fiction et faits réels, le réalisateur et les élèves dénoncent la violence de l’État à l’encontre des jeunes.
Réalisé avec les élèves d’un lycée de la banlieue parisienne, interprété par ces mêmes élèves, le film acquiert une puissance dans la narration des faits et l’émotion est tangible lorsque est lue la liste des victimes des violences policières au moment de l’enterrement de Chiara.
Le travail en commun crée une dynamique remarquable, à la fois documentaire et fictionnelle et donne la parole à des jeunes dans une double perspective. Comme l’écrit Gilles Tourman, « Cette mise en abime réel/fiction est menée de mains de maître au fil de plans fixes aux acteurs mouvants ou d’acteurs immobiles au sein de travellings et de zooms, le tout charpentant les séquences comme autant de chapitres : la peur ambiante, les funérailles, l’inhumation, le deuil, la révolte… En alternance, des images de vraies manifs (étudiants, Gilets jaunes…) et de la vie fictive de Chiara (au lycée, dans la rue…). Car le téléphone est l’autre témoin-héros de ce film. Qu’il soit à usage récréatif ou politique. »

Les Graines que l’on sème de Nathan Nicholovitch , après plusieurs décalages de sortie, sera enfin sur les écrans le 24 novembre.
Musics : Forbiden Oasis et On en a plein le dos par le groupe Kalune

Au Crépuscule
Un film de Sharunas Bartas au cinéma le 24 novembre 2021

Au Crépuscule est un film sur la résistance lituanienne à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une histoire méconnue, effacée de la mémoire collective par la propagande soviétique. « Fin 1944, lors du rétablissement du régime soviétique, le processus idéologique de soviétisation a commencé. […] La mise en application de la camaraderie soviétique signifiait non seulement la dévaluation du patrimoine culturel, mais aussi l’effondrement du système de classe et la perte de la propriété privée. Les habitants ont naturellement résisté contre ce nouvel ordre et cette nouvelle idéologie, aussi bien les citadins que les ruraux ont lutté pour conserver leur identité propre. Une grande partie de la population a dû alors quitter le pays. Ceux qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas émigrer ont cherché refuge dans les forêts et ont formé un mouvement partisan pour aider la Lituanie à retrouver son indépendance et sa souveraineté. Cette bataille armée souterraine menée par ceux que l’on a appelé les “Frères de la forêt” a duré une décennie. […] C’est l’histoire de mon pays et c’est aussi mon histoire », explique le réalisateur.

La Lituanie représente un espace stratégique entre la Russie et l’Europe, et durant l’après-Seconde Guerre mondiale, le pays a été plus que mis à mal par l’idéologie soviétique. Des milliers de personnes ont été emmenées en Sibérie, assassinées, intimidées et emprisonnées. D’autres sont partis dans les forêts, devenant partisans et ont commencé une lutte inégale pour l’indépendance.
L’histoire du film se divise en deux parties ; la vie du jeune Unté dans le village, et la vie des partisans dans la forêt. L’idée étant de raconter l’histoire de plusieurs personnages différents se battant pour leurs croyances, car, ajoute Sharunas Bartas, « à l’école, on nous apprenait que c’étaient des gangsters [même procédé que pour Makhno]. De toute façon, on avait un livre assez mince consacré à l’Histoire de Lituanie, et un autre, beaucoup plus gros, sur l’Histoire du Parti Communiste de l’URSS ! Mais tout le monde savait que c’était de la propagande, et, en famille, nos aînés nous enseignaient une autre histoire. On savait qu’on était un pays occupé, que le rideau de fer nous séparait de la liberté. »
Au Crépuscule de Sharunas Bartas est en salles le 24 novembre

Les Choses humaines
Film de Yvan Attal (1er décembre 2021)

En prologue, il y a l’arrivée d’un étudiant poursuivant ses études aux Etats-Unis, issu d’un milieu privilégié, les parents sont séparés, le père vedette de la télé, la mère féministe radicale condamnant les violences sexuelles. Or leur fils est accusé d’avoir violé une jeune fille au cours d’une soirée arrosée où circulaient également d’autres substances.

Le film est construit en trois parties. Lui : la version du jeune homme qui nie les faits, même s’il avoue avoir bu et pris de la drogue. Elle : la version de Milla est tout à fait différente. Elle évoque sa sidération et se sent mise dans la situation d’une victime blâmée. Enfin, 30 mois plus tard. Le procès et les plaidoiries.
On ne saura pas ce qui s’est passé réellement, mais le film pose le problème du consentement, de la manière de l’exprimer et de la justice dans une société patriarcale. En l’occurrence, s’affrontent deux modes de vie, deux classes sociales, le père du garçon parle avec cynisme de « zone grise » et ose même faire ce commentaire devant le tribunal : « détruire un homme pour vingt minutes d’action ! ». Pourtant lorsque sa nouvelle compagne remarque « et si c’était ta fille ? », sa réponse fuse immédiatement : « je le tue ! ».

Adapté du roman de Karine Tuil, Les Choses humaines, Le film de Yvan Attal est un film à débat, l’idée de consentement est rarement abordée de manière précise, et d’ailleurs le consentement peut-il s’exprimer dans tel ou tel contexte ? Le jeune homme est condamné au nom de la morale, cinq ans avec sursis, mais acquitté au nom de la loi…
La rencontre avec Yvan Attal et ses les deux jeunes interprètes a eu lieu à Montpellier, en octobre 2021, dans le cadre du festival CINEMED
Les Choses humaines de Yvan Attal sort en salles le1er décembre.

Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval
Le cinéma en commun au centre Pompidou
Rétrospective | Installations | Rencontres
du 2 décembre 2021 au 2 janvier 2022

Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval travaillent en duo depuis la deuxième moitié des années 1980. Leur œuvre, fictions, documentaires, essais, installations, courts et longs métrages, repose sur le principe de transversalité. C’est une rencontre entre plusieurs disciplines : théâtre, cinéma, danse, musique, littérature, philosophie… La Blessure, La Question humaine, La frontière brûle… Les titres de leurs films désignent les champs de leur investigation cinématographique et leur engagement.

La rétrospective des films de Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval retrace un cheminement hors des sentiers battus jusqu’au film, Nous disons révolution, réalisé sur une commande du Centre Pompidou pour sa collection d’autoportraits de cinéastes « Où en êtes-vous ? »
Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval
Le cinéma en commun au centre Pompidou
Rétrospective | Installations | Rencontres
du 2 décembre 2021 au 2 janvier 2022

CQFD
Dossier : Et la mort, elle est à qui ? Elle est à nous !

Brasero n° 1
Revue de contre-histoire Illustrée par Jean Aubertin

Premier numéro d’une nouvelle revue de "contre histoire", intitulée Brasero, publiée aux éditions de l’Echappée pour laquelle, en compagnie de Sylvain Tanquerel, Rémy Ricordeau a réalisé un entretien avec Annie Le Brun au cours duquel elle retrace ses engagements, ses passions et les rencontres qui ont marqué le cours de sa vie.
« Chez Brasero, nous aimons les gens ordinaires et l’humanité haute en couleur : les dandys et les femmes à barbes, les binoclards et les escogriffes, les oiseaux rares et les herbes folles, les infâmes et les infimes, les excentriques et les rebelles. Nous aimons l’humanité tout court, non pas comme une notion abstraite et vague, mais comme potentialité présente en chacune et en chacun de nous, ici réprimée, diminuée, mutilée, là triomphante, rayonnante, par-delà l’esprit de parti et les lignes de front. Nous aimons les en-dehors et les bas-côtés, les armistices et les révolutions »… (note éditoriale)
Puisqu’il s’agit, pour la revue Brasero, d’éclairer l’histoire de manière oblique, en privilégiant les contestations, les marges, les personnages et événement obscurs, oubliés ou méconnus, voici le sommaire du premier Numéro :
La Gueuse blanche de Montmartre par Anne Steiner
Le Tour de France de Flora Tristan par Sidonie Mézaize Milon
Trotskisme et soucoupes volantes par Patrick Marcolini
La vérité sur Kronstadt par Marie Isidine
Jean-Louis Brau. LSD, mitraillettes et poésie sonore par Patrick Marcolini
Anna Mahé. De l’anarchie au jokari par Anne Steiner
Ali Ibn Muhammad et la révolte des Zandj par Nedjib Sidi Moussa
Sur la route de Joe Hill et de ses rebel girls par Michèle Jacobs-Hermès
L’habit ne fait pas le guérillero par Sebastián Cortés
« On n’arrête pas le progrès ». Retour sur l’invention d’un mythe moderne par François Jarrige
Les piqueurs. Paris à la pointe des attentats par Frédéric Lavignette
Tolstoï contre les bolcheviks par Pierre Thiesset
Monte Verità. Naissance difficile de la contre-culture par Jean-Christophe Angaut et Anatole Lucet
Le Grand Jeu. Révolution et révélation par Julien Lafon et Patrick Marcolini
Annie Le Brun. En toute dissonance par Rémy Ricordeau et Sylvain Tanquerel
Le socialisme typographique de William Morris par André Tschan
Le temps des œillets. Les murais de la révolution portugaise par Zvonimir Novak
« Approchez, approchez, mesdames et messieurs ! »
La foire, berceau des théâtres populaires
par Naly Gérard
Gribouille. Le cœur en berne par Jacques Baujard et Alice Guillemard
Claude Tchou. Bienvenue au club par Chantal Aubry
La semaine dernière nous avons fait un focus sur le fanzine Demain les flammes, aujourd’hui c’est l’annonce du premier numéro de la revue Brasero… Il paraît que ça brûle quelque part… et dernier article :
Demain les chiens. Science-fiction mélancolique par Renaud Garcia


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