Les OFNI du cinéma fantastique & de SF
(…et quelques réalisateurs) d’Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane
Entretien avec les auteurs.
Ninjababy
Film de Yngvild Sve Flikke (21 septembre 2022)
Les OFNI du cinéma fantastique & de SF
(…et quelques réalisateurs) d’Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane
Entretien avec les auteurs
Rencontre avec deux adeptes des films étranges… Alain Pozzuoli, on le connaît pour son goût des vampires et sa connaissance de Bram Stoker et Philippe Sisbane est réalisateur…
Les Ofni du cinéma fantastique et de science fiction… Finalement c’est quoi un ofni ? Un chef d’œuvre déroutant, un film de série B n’hésitant pas à jouer sur les outrances, un film culte, une réalisation décalée ou en avance sur son temps, œuvres de réalisateurs et de réalisatrices hors normes, refusant les codes de l’industrie cinématographique ou l’air du temps ? La liste est longue de ces objets filmiques non identifiés… Ça laisse de l’espace à l’imagination et aux questions que se posent d’ailleurs les auteurs : Est-ce « un film invisible ? Un horrible nanar ? Une série z épouvantable ? Une tache sur le blanc pourpoint de la cinématographie dite sérieuse ? Tout cela à la fois, certes... mais pas seulement ! »
Pour le coup les chroniques ont concocté une liste tout à fait subjective en parcourant au hasard les pages du livre, les images se mêlant bien entendu aux souvenirs personnels avant de rencontrer Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane qui s’accordent pour dire que l’Ofni n’a pas de véritable nationalité, si ce n’est celle de l’étrange et de la singularité. Évidemment quelques oublis dans notre discussion, dont un très important, le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, merveille de fantastique politique. Mais ce qu’il y a de bien dans cette rencontre, c’est que les avis divergent et sont accompagnés par des illustrations musicales en osmose avec les Ofni…
>>>> Extrait BO la Jetée
— Jetée (La) de Chris Marker (1962) (126)
— Procès (Le) d’Orson Welles (1962) (171)
— Freaks de Tod Browning (1932) (112)
— Eraserhead de David Lynch (1976) (97)
— Vampyr de Carl Theodor Dreyer (1932) (220)
>>>> BO Only Lovers Left Alive, Funnel of Love
— Empreinte de Dracula (L’) de Carlos Aured (1973) (94)
— Dracula, pages tirées du journal d’une vierge de Guy Maddin (2002) (85)
— Crash de David Cronenberg (1996) (70) et Existenz de David Cronenberg (1999)
>>>> Musique Guillaume Martel
— Nains aussi ont commencé petits (Les) de Werner Herzog (1970) (139) et Freaks de Tod Browning (1932) (112)
— El Topo d’Alejandro Jodorowsky (1970) (91)
— Themroc de Claude Faraldo (1972) (202)
— Rocky Horror Picture Show (The) de Jim Sharman (1975) (183)
>>>> Musique Sweet Tranvestite BOF Rocky Horror Picture Show
— Sang d’un poète (Le) de Jean Cocteau (1930) (190)
— Action mutante d’Alex de la Iglesia (1992) (19)
>>>> Musique Qierro ser libre
— Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze (1999) (73)
— Alphaville de Jean-Luc Godard (1965) (22)et Jetée (La) de Chris Marker (1962)
— Barbarella de Roger Vadim (1967) (42)
>>>> Musique BOF La Belle et la bête (Auric) Le Miroir et le gant
— Sorcellerie à travers les âges (La) de Benjamin Christensen (1921)(196)
— Papesse (La) de Mario Mercier (1974) (149)
>>>> Musique BOF Vertigo (Hermann)
— Attaque de la moussaka géante (L’) de Pános h. Koútras (1999)(33)
— Attaque de la femme de 50 pieds (L’) de Christopher Guest (1993) (31)
— Delicatessen de Jeunet et Caro (1991) (76)
— Edward aux mains d’argent de Tim Burton (1990) (88)
>>>> Musique BOF Brazil, Power Station
— Brazil de Terry Gilliam(1985) (52)
>>>> Musique BOF Brazil, Ducting Dream
— Evil Dead de Sam Raimi (1982) (100)
— Week-ends maléfiques du Comte Zaroff (Les) de Michel Lemoine (1974) (224)
>>>> Musique BOF Under the Skin (Mica Levi)
— Twixt de Francis Ford Coppola (2011) (217) et Nuit du chasseur (La) de Charles Laughton(1955) (142)
>>>> Musique BOF The Wicked Man, Appointement With the Wicker Man
— After Blue (Paradis sale) de Bertrand Mandico (2021) (13)
>>>> Musique BOF After Blue (Paradis sale), thème principal
— Livide de Julien Maury & Alexandre Bustillo (2011) (136)
>>>> Musique BOF La Jetée, Girl theme
Illustrations musicales et extraits de BOF : La Jetée de Chris Marker, Only Lovers Left Alive, Funnel of Love de Jim Jarmush, une composition Guillaume Martel, Sweet Tranvestite de la BOF Rocky Horror Picture Show, Qierro ser libre, BOF La Belle et la bête de Cocteau (musique de Auric) Le Miroir et le gant, BOF Vertigo de Hitchcock (musique de Hermann), BOF Brazil de Terry Gilliam, Power Station et Ducting Dream, BOF Under the Skin (musique de Mica Levi), BOF The Wicked Man, Appointement With the Wicker Man, BOF After Blue (Paradis sale) de Bertrand Mandico, BOF La Jetée, Girl theme.
Ninjababy
Film de Yngvild Sve Flikke (21 septembre 2022)
Rakel a 23 ans et découvre qu’elle est enceinte, mais pour elle, c’est impossible et totalement incongru… C’est son amie colocataire qui constate qu’elle a pris de la poitrine. De là, imaginer être enceinte et de 6 mois, c’est inconcevable et certainement pas dans son programme ! Elle prend rendez-vous à l’hôpital pour une IVG, car pour elle, il est hors de question d’élever un enfant. Et d’ailleurs qui est le père ? Elle s’envoie en l’air avec des mecs quand elle en a envie, de là à envisager une maternité ou une vie de couple, certainement pas ! Elle est libre, se fout pas mal des préjugés et des normes de la société norvégienne, avant tout elle veut se réaliser et mener à bien des projets encore indéfinis. Au cours de la consultation à l’hôpital, la gynécologue lui apprend que le délai est dépassé pour envisager une IVG et que toutes les femmes enceintes n’ont pas obligatoirement un ventre proéminant. Rakel s’énerve et calcule laquelle de ses aventures de passage serait à l’origine de sa grossesse. Elle annonce la nouvelle à deux de ses partenaires d’un soir et, face à deux hommes, étonnés et secoués par l’annonce d’une paternité non choisie, la jeune femme se dit bien décidée à mener sa vie seule et sans aucune entrave. Alors devenir mère… Rakel n’a ni l’envie ni l’intention de jouer ce rôle traditionnel, « je suis une sale égoïste » dit-elle. Dès lors une solution s‘impose : l’adoption de l’enfant. « Devenir parent est une expérience unique, de même qu’être enceinte [explique la réalisatrice] — le fait qu’un être humain grandisse en vous —, provoque des émotions incroyables et parfois paradoxales. Ma question était : “comment, en tant que cinéaste, décrire ce ressenti ?”, c’est ce que j’ai voulu explorer. »
Apparaît alors Ninjababy, un petit personnage animé qui surgit à l’improviste des dessins, des notes de Rakel, lui parle et ne se prive pas de commentaires critiques ou de donner son avis sur l’attitude de sa future mère, comme sur les adoptants potentiels assez pathétiques, ou encore sur le père géniteur, etc.… « T’as couché avec ce mec ! J’veux pas vivre avec lui ! » Ninjababy ne s’en laisse pas conter et envahit littéralement le quotidien de Rakel. Quand elle fait l’amour avec un père de substitution, Ninjababy se rebelle : « le sperme quelle saloperie ! Ils n’ont qu’à se vasectomiser, cela évitera les éjaculations irresponsables. » Et en plus, c’est reversible !
Ninjababy est une comédie pleine d’humour malgré la situation sensible : celle d’une grossesse non désirée, découverte trop tard. Les dialogues sont savoureux, souvent subversifs et tout à fait synchrones avec ce personnage de jeune femme « désordonnée, [qui] se moque de ce qu’on peut penser d’elle. Nous voulions [ajoute le réalisatrice] que tout le film soit un peu crasseux, y compris Rakel ! » Cependant le film évoque aussi des évidences sur le désir féminin souvent nié, la volonté d’autonomie d’une femme, le refus de la pression sociale, et tous les commentaires sur la vasectomie qui n’est rien à côté d’un avortement ou d’un accouchement. Et puis, dans ce mélange très réussi de film et d’animation, les rôles hommes / femmes sont en quelque sorte inversés, réinventés, la femme refuse de jouer le jeu et de se soumettre au sacro saint instinct maternel, et les hommes-pères s’inquiètent. Ça change !
La fin est craquante, le film apporte des réflexions, de l’humour et beaucoup d’émotion !
Ninjababy de Yngvild Sve Flikke est sur les écrans à partir du 21 septembre.
Juste sous vos Yeux
Film de Hong Sangsoo (21 septembre 2022)
Un autre film de Hong Sangsoo, réalisateur coréen prolifique qui offre, avec Juste sous vos yeux un film magnifique, puissant et profond.
Une actrice revient sur les lieux de sa jeunesse et semble redécouvrir un environnement qui la trouble et l’émerveille. Ce retour prend l’allure d’un retour aux sources lorsqu’elle retrouve la maison de son enfance.
Sa rencontre avec un réalisateur, qui lui propose de jouer dans son prochain film, va dévoiler en même temps les raisons de son retour et un secret intime dont elle n’a pas encore parlé.
L’impression de vouloir garder en mémoire des lieux et des êtres est renforcée par la voix off de cette femme qui intervient au cours du film, alors qu’elle observe les gestes, les choses les plus simples, les réactions intimes et sans doute les plus émouvantes.
Juste sous vos yeux est une réflexion sur la mémoire, le temps et la disparition.
Un très beau film et une interprétation étonnante.
Juste sous vos Yeux de Hong Sangsoo sort en salles le 21 septembre.
18e Festival international du court-métrage fantastique, étrange et insolite Court Métrange, du 21 septembre au 2 octobre
C’est à Rennes mais également en ligne
« La science-fiction parcourt l’histoire du cinéma, questionnant systématiquement l’humanité sur ses choix, aussi bien politiques que philosophiques ; elle est l’exploration de futurs possibles qui se révèlent être les miroirs des attentes et des angoisses d’une époque. Dans bien des cas, elle propose une réflexion prospective et créative indissociable du contexte socio-économique dans lequel elle a été produite. Le développement de la science, les crises à répétitions (climatiques, épidémiques, économiques...), les défis idéologiques hantent ce genre cinématographique qui interroge sans cesse “Que craignons-nous ou qu’espérons-nous concernant l’évolution du monde ?” ».
Cette année, le festival Court Métrange a choisi comme thème l’espace et l’univers où se mêlent le réel et l’imaginaire, les fantasmes, les technologies et où l’on ne sait plus ce qui est fiction et réalité.
18e Festival international du court-métrage fantastique, étrange et insolite Court Métrange, du 21 septembre au 2 octobre
C’est à Rennes, mais également en ligne
Toutes les infos sur : https://courtmetrange.eu/festival-court-metrange/