Chroniques rebelles
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Samedi 31 décembre 2022
"Ce que peut le cinéma". Rencontre avec Basile Carré Agostini, Emmanuel Gras, Laurie Lasalle, Jean-Gabriel Périot. Que fait la police ? et comment s’en passer de Paul Rocher. Tirailleurs de Mathieu Vadepied. Venez voir de Jonas Trueba. Every Thing Everywhere All at once des Daniels.
4h — Chroniques rebelles Radio Libertaire de 11h30 à 15h30
Article mis en ligne le 18 décembre 2022
dernière modification le 31 décembre 2022

par CP

Rencontre avec Basile Carré Agostini (À demain mon amour, 9 mars), Emmanuel Gras (un Peuple, 23 février), Laurie Lasalle (Boum boum ! 15 juin), Jean-Gabriel Périot (Retour à Reims [fragments] 30 mars)…

Que fait la police ?
et comment s’en passer

Paul Rocher (la fabrique éditions)

Entretien avec Paul Rocher

Tirailleurs
Film de Mathieu Vadepied (4 janvier 2022)

Entretien avec le réalisateur

Venez voir
Film de Jonas Trueba (4 janvier 2023)

Every Thing Everywhere All at once
Film des Daniels (Daniel Kwan et Daniel Scheinert) (sortie en DVD BRD le 4 janvier 2023.)

Ce que peut le cinéma Rencontre et discussion avec Basile Carré Agostini, Emmanuel Gras, Laurie Lasalle, Jean-Gabriel Périot

Depuis quelque temps, il semble que le cinéma devienne ou redevienne un lieu actif de débat. Pour preuve, depuis le début de l’année plusieurs films qui ont des choses à dire, et, sur les écrans, toute une génération de cinéastes se lancent… Des films ambitieux, tous inventifs, critiques, qui s’engagent et ne s’enferment ni dans les codes ni dans les genres… Residue de Merawi Gerima, Luzzu d’Alex Camilleri, Les Graines que l’on sème de Nathan Nicholovitch, Un Peuple d’Emmanuel Gras, À demain mon amour de Basile Carré-Agostini, Retour à Reims [Fragments] de Jean-Baptiste Périot ou Boum Boum ! de Laurie Lasalle…

Un Peuple d’Emmanuel Gras

À demain mon amour de Basile Carré-Agostini

Boum Boum de Laurie Lassale

Retour à Reims [Fragments] de Jean-Gabriel Périot

Ce que peut le cinéma, beau titre que j’emprunte au livre coécrit par Alain Brossat et Jean-Gabriel Périot, un titre qui me semble coller avec les intentions et les envies de cette rencontre, suscitée par des films qui s’installent enfin sur nos écrans de cinéma ; des films documentaires dont l’ambition est de porter une réflexion différente, d’adopter un point de vue et une vision non consensuelle… Un mouvement qui se développe… À voir… « Je rêvais d’un cinéma politique qui interroge de manière critique le monde tout en restant dans une inventivité formelle » dit Jean-Gabriel Périot en 2018 ; lors d’un entretien dans les chroniques rebelles à la sortie en mars dernier de son film Retour à Reims [Fragments], il ajoute :
Extrait audio 1 de Jean-Gabriel Périot
Un peuple d’Emmanuel Gras, À demain mon amour de Basile Carré Agostini, Boum Boum ! de Laurie Lassalle, autant de films qui développent un autre angle de vision de la révolte des Gilets jaunes, ce qu’elle signifie pour celles et ceux qui revendiquent plus de justice, de respect et le droit de vivre décemment. C’est aussi la libération de la parole, des paroles, toutes différentes…
Extrait audio 2 de Jean-Gabriel Périot
Ce que peut le cinéma, c’est ce dont nous parlerons aujourd’hui dans les chroniques… en évoquant d’abord le début de l’aventure cinéma avec Laurie Lasalle, réalisatrice de Boum Boum !
Extrait audio 1 de Laurie Lasalle

« Il ne peut y avoir de “cinéma politique” qu’à la condition que les questionnements politiques qui sous-tendent les films soient portés par une “forme”, par le plein déploiement des techniques cinématographiques […] Toute tentative de faire du cinéma un lieu d’expression ou de réflexion “politique” ne peut se faire sans interroger les moyens techniques utilisés. »
Jean-Gabriel Périot, Ce que peut le cinéma, conversations d’Alain Brossat et Jean-Gabriel Périot (La Découverte, 2018)

Que fait la police ?
et comment s’en passer

Paul Rocher (la fabrique éditions)

Entretien avec Paul Rocher

« “La police n’empêche pas le crime. C’est un des secrets les mieux gardés de la vie moderne. Les experts le savent, la police le sait, mais le public ne le sait pas. Pourtant, la police prétend qu’elle est la meilleure défense de la société contre le crime et argue en continu que, si elle obtient plus de ressources, en particulier des effectifs, elle sera en mesure de protéger la population contre le crime. C’est un mythe.” »

Tirailleurs
Film de Mathieu Vadepied (4 janvier 2022)

Entretien avec le réalisateur

1920, la fouille d’un terrain de mines dans les Ardennes, comme une sorte d’épilogue à la Première guerre mondiale.
De cette guerre, on verra surtout les tranchées, les destructions, la boue et les morts avec cette phrase — « Souvenez-vous de nous » — qui semble dominer tout le récit du film. Au début, il y a la beauté d’un paysage africain, en totale opposition au Nord de la France détruite, et là commence une traque, qui n’est pas sans rappeler la chasse aux esclaves, cette fois ce sont les jeunes des villages sénégalais qu’on enrôle dans l’armée française. 1917 est une année cruciale pour l’histoire de cette guerre et une année terrible pour Bakhari Dialo, qui voit son fils de 17 ans recruté de force et envoyé au front. Il s’engage donc pour protéger son fils, bien décidé à le soustraite aux combats et le ramener au pays. Mais sur place, Thierno est en quelque sorte subjugué par le chef de sa section qui rêve de gloire, il devient lui-même caporal, veut combattre et s’oppose à son père.
Pas de héros dans cette guerre, mais du racket entre soldats, la mort maquillée en gloire et les soldats tiraillés entre peur, sidération comme pour le jeune Adama qui sera broyé par cette guerre qui ne le concerne pas… En fin de compte, la grande boucherie ne reconnaîtra pas ses tirailleurs.

Tirailleurs est un film profondément anti-guerre, le dire ainsi simplifie la subtilité du récit et ce que le film montre en arrière plan. C’est un film contre la guerre, qui démonte les mécanismes de l’imaginaire guerrier et les images héroïques, les déserteurs sont pendus — c’est le temps du chemin des dames —, même s’il y a quelques clins d’œil sur un espace soudain d’innocence avec l’enfant ou l’utopie d’une rencontre avec l’autre. C’est également l’évolution d’une relation père-fils… Les dialogues en langue peule ajoute à la musicalité, un plaisir qui aide à la perception de l’autre culture. Et la plupart des comédiens, en dehors des rôles principaux, sont non professionnels, ce qui ajoute encore à la réalité du film. Quant à la fin, qu’il n’est évidemment pas question de dévoiler, c’est une trouvaille ironique et géniale.
« Souvenez-vous de nous » !
Tirailleurs de Mathieu Vadepied est en salles le 4 janvier 2023.
L’entretien s’est déroulé dans le cadre du festival international du cinéma méditerranéen, après la présentation en avant première de Tirailleurs par Mathieu Vadepied.
Illustrations musicales de Amine Bouhafa et Salif Keita

Venez voir
Film de Jonas Trueba (4 janvier 2023)

Deux couples d’amis se retrouvent à Madrid un soir d’hiver après s’être perdus de vue.
 Susana et Dani rayonnent depuis leur installation en banlieue et annoncent qu’ils attendent un bébé. Nouvelle vie qui ne correspond pas au choix de vie d’Elena et Guillermo. Deux cas typiques de couples près de la quarantaine. Le couple de banlieusards les invitent à venir voir le cadre de leur environnement, leur quotidien et finalement, ils se décident à répondre à l’invitation au printemps.
« Venez voir est né avec la vocation de ne pas être un film narratif. Je voulais aller au-delà de ça, faire un film qui tienne sur un sentiment, aussi fugace soit- il. Je voulais revendiquer, dans les temps qui courent, qu’on peut avoir envie d’aller au cinéma pour voir un film aussi simple que celui-ci. Le geste de proposer ça aux gens, maintenant, était très important pour moi. C’est un film sur deux couples, qui se voient un jour, conviennent de se revoir, finalement ils le font, mangent ensemble, jouent au ping-pong et se baladent. C’est tout. Ça peut sembler très peu, mais justement, pour ça, “venez voir”. Pour moi c’est une idée forte : le cinéma peut être ça aussi, ne rien vendre. » Effectivement, c’est la démarche du film qui ne vend rien, joue sur un minimalisme naturel pour aller peut-être au delà des faits et plus sur les choix existentiels de vie.
Trueba dit qu’il a voulu faire ce film après le confinement, de là on peut se demander pendant le déroulé du film, si cette simplicité, cette non narration n’est pas une manière de se poser la question du sens de la vie. Et c’est aussi peut-être plus encore un questionnement sur ce que signifie faire du cinéma. Bref cela provoque une interaction implicite entre le public et l’écran, je n’ose plus dire le film puisque c’est presque un « non film » avec des personnages qui ne sont pas vraiment construits ou aboutis… idée de donner à certaines et à certains l’envie de faire du cinéma, de prendre une caméra et de se lancer sans scénario vers une réalisation en construction. Pourquoi pas ?

Cependant, ce type de film nécessite une structure qui permette l’idée de la balade à travers les scènes pour leur garder une fluidité pour ne pas interrompre l’expérience… Pour Jonas Trueba, « l’expérience d’un film, […] peut vraiment ressembler à celle d’un bon dîner entre amis. Il devient alors un espace, confortable, où se retrouver, rester un moment ensemble. Le titre vient d’un désir de matérialiser cette idée. C’est presque une mauvaise blague – les personnages vont voir une maison, les spectateurs viennent voir le film –, mais je l’aime bien. Je dois avouer que souvent les titres de mes films arrivent très tôt, ils m’aident à concevoir “philosophiquement” ce qu’on va faire. »
De la ville à la campagne, le film se termine en partie de campagne, à la façon d’une esquisse bucolique, avec en voix off une texte poético-philosophique. Venez voir est avant tout une expérience originale, ancré dans un moment particulier, « chacun de mes films appartient à un moment très précis de ma vie [souligne d’ailleurs Trueba]. Venez voir sera toujours, même quand j’aurai oublié cette époque, le film qu’on a fait entre confinements. Moi qui n’ai jamais cherché à faire un cinéma réaliste, j’aime bien voir ces cicatrices de la réalité rentrer dans mes films. »
Venez voir de Jonas Trueba au cinéma le 4 janvier 2023
(Musique, Tony Hymas)


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