Chroniques rebelles
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Samedi 5 novembre 2022
Entretien avec Nour Bader. Une voix différente et critique venant de Palestine. Riposte féministe de Marie Perennès et Simon Depardon. Pacifiction d’Albert Serra. Rétrospective Louis Malle
Article mis en ligne le 11 novembre 2022
dernière modification le 18 octobre 2022

par CP

Une voix différente et critique venant de Palestine
Entretien avec Nour Bader
Chercheuse féministe palestinienne

Riposte féministe
Film de Marie Perennès et Simon Depardon (9 novembre 2022)

Pacifiction
Film d’Albert Serra (9 novembre 2022)

Rétrospective Louis Malle à partir du 9 novembre

Une voix différente et critique venant de Palestine
Entretien avec Nour Bader

Chercheuse féministe palestinienne, autrice de
L’ingénierie coloniale du contrôle des corps de femmes
Un titre provisoire de son ouvrage en arabe sur la souffrance et la domination du corps des femmes, notamment des prisonnières politiques

Chercheuse féministe palestinienne, autrice de
L’ingénierie coloniale du contrôle du corps des femmes
Un titre provisoire de son ouvrage en arabe sur la souffrance et la domination du corps des femmes, notamment des prisonnières politiques
Entretien avec Nour Bader est traduit par Naji El Khatib
L’entretien est aussi un appel au soutien des prisonnières politiques palestiniennes et dénonce leurs conditions carcérales, l’impossibilité d’avoir des soins, de même que pour l’ensemble des femmes palestiniennes des territoires occupés atteintes de cancer du sein.

Il faut souligner l’importance du cinéma pour parler de la situation et du quotidien engendrés par l’occupation.
Deux films sont évoqués dans l’entretien : Samouni Road de Stefano Savona (2018) et 3000 nuits de Maï Masri (2017), film pour lequel nous avions rencontré sa réalisatrice.
Musiques par le Trio Joubran : The Age of Industry, Roubbama, Our Final song, Once Upon a Time.

Harka
Film de Lotfy Nathan (2 novembre 2022)

Ali, jeune Tunisien, aspire à une autre vie, partir vers une Europe chimérique

pour échapper à l’avenir sans espoir que lui offre son pays. Pour cela, il économise peu à peu en vendant de l’essence de contrebande au marché noir, tout en se faisant racketter par la police pour être tranquille. Ali est un solitaire, il n’a pas fait d’études, ne vit pas dans sa famille et squatte un chantier en construction où il planque ses économies. Lorsque son père meurt, endetté auprès de la banque, la maison familiale est saisie et les deux sœurs cadettes sont expulsées. Ali ne peut les abandonner. Toujours aussi déterminé, il accepte alors la proposition de l’homme à la tête d’un réseau de contrebande d’essence, il s’agit de récupérer la marchandise à la frontière libyenne. Mais l’affaire tourne mal et il se retrouve de nouveau à vendre de l’essence à la sauvette sur le trottoir. Responsable de ses jeunes sœurs, il tente quand même d’obtenir le travail de son père, mais toutes ses démarches échouent. Face aux difficultés accumulées, à l’injustice permanente et à l’impossibilité de s’en sortir, Ali se révolte et tente encore désespérément de se faire entendre, mais se heurte à un mur, à l’image de ce que vit toute une génération.

Harka est un cri et le constat sans concessions d’une jeunesse toujours sacrifiée malgré les attentes du soulèvement de 2011 qui a chassé le dictateur. La société n’a pas changé, le système est resté en place et la corruption est systémique. Une voix off fait le récit de la vie d’Ali, de l’enchaînement tragique des événements, à la manière d’un conte moderne, décrivant surtout l’envers d’un décor idyllique, celui du tourisme de masse, la misère, la maladie, la catastrophe environnementale… Les très belles images accentuent l’impression de piège pour toute une partie de la population et en particulier pour la jeunesse tunisienne, qui se heurte à l’abandon, au mépris des autorités et à l’indifférence générale. D’où cette question : la situation sociale est-elle différente de celle qui, plus de dix ans auparavant, avait poussé Mohamed Bouazizi, jeune marchand de fruits et légumes, à s’immoler par le feu devant une préfecture ? Harka est un film politique et une description sociale très forte.

Adam Bessa a reçu le prix du meilleur acteur au festival de Cannes pour son interprétation à couper le souffle du rôle principal. Il exprime à merveille la détermination et la lutte d’un garçon taciturne qui se débat pour survivre et atteindre un rêve.
Harka de Lotfy Nathan est en salles depuis le 2 novembre.

Riposte féministe
Film de Marie Perennès et Simon Depardon (9 novembre 2022)

Un film inspirant… Il est en effet vivifiant de voir une nouvelle génération de de femmes pour qui l’égalité des droits et le féminisme vont de soi. Elles sont militantes, lucides, déterminées et dans l’action urgente… Pas de leader, pas de cheffe, ensemble elles disent non à la violence contre les femmes au nom du patriarcat qui n’en peut mais poursuit ses dégâts vaille que vaille, banalisant les drames et rejetant l’analyse des causes et le débat. Les femmes se mobilisent pour dénoncer les féminicides et l’absence d’écoute des femmes maltraitées.
« J’y pense et puis j’oublie » dit la chanson, c’est hélas une réalité contre laquelle les femmes écrivent et collent leur parole sur les murs.

Riposte féministe est un voyage dans une France de la contestation libératrice et de l’émancipation. Marie Perennès et Simon Depardon vont à la rencontre de dix groupes parmi les deux cents qui existent dans le pays. Depuis trop longtemps les violences faites aux femmes, les féminicides ont été ignorés, minimisés, sinon niés. Riposte féministe montre que ce n’est plus le cas et que les femmes s’affichent avec détermination avec humour parfois pour dénoncer l’insupportable, les meurtres de femmes. Les slogans, les paroles et la mémoire des femmes.

Manif à Lyon : « À bas le capital et le patriarcat ! À bas l’ordre capitaliste patriarcal ! »
Rencontre avec le groupe de collages féministes au Havre : « la terreur féministe… Ça me donne envie de niquer le patriarcat ! », « la honte doit changer de camp », il y a eu Me Too, « les questions après les agressions, c’est comment t’étais habillée ? Tu les as aguichés. Mais quand tu travailles à 16 ans comme serveuse et que ton patron de 50 ans te saute dessus, elle est où la responsabilité ?  »

Marseille : Collage « 86 ans et atteinte d’Alzheimer, tuée par son mari », « ne plus avoir peur la nuit dans la rue quand je colle ». « C’est une construction sociale de l’espace public. Avec le collage, ça change, c’est laisser sa trace dans la rue. Nous aussi, on a le droit de marquer notre territoire. Eux, ils font des bites partout. »

Montpellier : chanson. « Mon corps, mes choix. Nous les femmes, minorité de genre, on fait de la rue notre territoire. Il faut se réapproprier la rue. J’suis là et j’existe. » « Le consentement, c’est révocable. On peut changer d’avis. » « Ta main sur mon cul, mon poing dans ta gueule ! » « Le crime passionnel = féminicide ! »
Il faut déconstruire encore : « il ne faut pas que j’aie peur. Je ne veux pas me limiter, me cacher. »

Brest. Soutien aux femmes afghanes, « la solidarité n’a pas de frontières ». « Le sexisme est partout, nous aussi »
Paris. Une voiture de flics s’arrête devant les colleuses : « les flics ne font rien, ils passent. » « Relationner qu’avec des femmes, c’est politique. Je fais ça pour qu’un jour ce soit différent. Il faut se déconstruire pour penser différent. Ça demande des efforts. Il faut tout repenser. » « Fini l’impunité pour les agresseurs ! La révolution se féminise ou ne sera pas. Pas de violeurs, pas de supérieurs ! Assez de cette société où n’existent pas les gouines, les trans, les racisées. » Manifestation et provocation des anti IVG, la majorité sont des vieux en prière : « Cassez vous ! Mon corps, mon choix ! »
À Compiègne, un débat génial. À Amiens : « Flics, prenez nos places ! ». Gignac… La fin du voyage se fait en apothéose. Le tour de France de la réalisatrice et du réalisateur est à la fois un portrait panoramique de la mémoire, de l’éveil des consciences et de la contestation des femmes. Un film superbe à montrer partout !
Riposte féministe de Marie Perennès et Simon Depardon au cinéma le 9 novembre. À ne pas manquer et parlez-en.

Pacifiction
Tourment sur les îles
Film d’Albert Serra (9 novembre 2022)

Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le Haut-Commissaire de la République, représentant de l’État Français, est confronté à des rumeurs inquiétantes. On aurait aperçu un sous-marin dont la présence fantomatique annoncerait une reprise des essais nucléaires, il est vrai qu’un amiral paranoïaque et ne tenant pas l’alcool a débarqué sur l’île avec une escouade de marins, ce qui n’augure rien de bon. Le Haut-Commissaire surveille la population pour la rassurer, mais également des étrangers dont les liens et les intentions sont douteuses.

L’île est un paradis sur les images, mais existe-t-il vraiment ou n’est-ce qu’un mirage ? L’éventuelle reprise des essais nucléaires, l’arrivée de cet amiral qui voit des ennemis partout, la présence d’ingénieurs français, la corruption, la spéculation immobilière, « si tout cela n’est pas en vérité l’inverse même du paradis, [c’est, selon le réalisateur] une sorte de continuation du colonialisme au XXIe siècle. » Inspiré de souvenirs de la compagne de Marlon Brando, qui font apparaître « la présence parfois nocive des Occidentaux [avec] l’arrivée d’une équipe de tournage hollywoodienne » sur l’île, le film met en scène nombre de personnages déroutants autour du Haut-Commissaire, incarné par Benoît Magimel, notamment Shannah, qui fait partie, dans la tradition locale, d’hommes élevés par leur famille pour tenir des emplois féminins. Mais tout reste flou dans Pacifiction, ce qui alimente le suspens, d’une part avec la peur de nouveaux essais nucléaires, qui ont traumatisé le population entre 1966 et 1996, mais également sur le rôle des étrangers sur l’île et leurs intérêts.
La bande son de Marc Vergaguer nourrit aussi pour une part le climat interlope et angoissant du film.
Pacifiction. Tourment sur les ïles d’Albert Serra, le 9 novembre au cinéma

Rétrospective Louis Malle à partir du 9 novembre

La rétrospective s’ouvre avec ses films de la Nouvelle Vague, Les Amants, Ascenseur pour l’échafaud, Le Feu follet… et se poursuivra dans les mois suivants. Nous aurons donc le temps d’en reparler… J’attends évidemment le Voleur…
À suivre donc…

Les Repentis
Film de Iciar Bollain (9 novembre 2022)

L’histoire réelle de Maixabel Lasa, la veuve de Juan María Jáuregui, un homme politique assassiné par l’organisation terroriste ETA en 2000. Onze ans plus tard, elle reçoit une demande inhabituelle : l’un des auteurs du crime a demandé à lui parler dans la prison de Nanclares de la Oca (Álava), où il purge sa peine après avoir rompu ses liens avec le groupe terroriste. Malgré ses doutes et son immense douleur, Maixabel accepte de rencontrer en face à face la personne qui a assassiné son époux.


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