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Samedi 12 novembre 2021
Retour de festival. 44ème CINEMED. Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier. Au Forum des images : 13e édition du Festival Un État du Monde. Huit Heures pour la Palestine 2022. Ariaferma de Leonardo di Costanzo. Black is Beltza, Ainhoa de Fermin Muguruza. Plus que jamais de Emily Atef
Article mis en ligne le 12 novembre 2022

par CP

Retour du 44ème festival international du cinéma méditerranéen, CINEMED

Au Forum des images : 13e édition du Festival Un État du Monde

Huit Heures pour la Palestine 2022
Maison des syndicats,12 Place des Terrasses à Evry

Ariaferma
Film de Leonardo di Costanzo (16 novembre 2022)

Black is Beltza, Ainhoa
Film d’animation de Fermin Muguruza (16 novembre 2022)

Plus que jamais
Film de Emily Atef (16 novembre 2022)

Retour du 44ème festival international du cinéma méditerranéen, CINEMED

Un 44ème festival marqué comme à l’accoutumée par l’engagement et la diversité, et certainement cette fois par la résistance, l’histoire, le genre, la famille et les femmes qui y tiennent une place majeure… L’Immensità d’Emanuele Crialese est un joli film d’ouverture qui décline certains des thèmes abordés pendant les neuf journées de découvertes passionnantes. Puisque nous sommes en Italie, il faut évoquer l’hommage à Francesco Rosi, quinze films à voir ou revoir avec bonheur sur grand écran.

Une belle surprise que de découvrir neuf réalisations de Iciar Bollain, importante cinéaste espagnole de même qu’au plan international, par les sujets brûlants qu’elle aborde et sa façon de filmer les femmes et de leur donner une place essentielle dans ses films, depuis Salut, tu es seule ? jusqu’à son nouveau film, les Repentis (au cinéma depuis le 9 novembre), sans oublier Fleurs d’un autre monde, Mataharis, le Mariage de Rosa, Te doy mis ojos (Ne dis rien) — film qui a changé la vision des violences contre les femmes. Ce n’est pas un hasard si le 44ème CINEMED a choisi pour son affiche l’image d’une femme les bras levés, tirée du Mariage de Rosa.

Actrice et réalisatrice, Iciar Bollain est inoubliable dans le rôle de révolutionnaire qu’elle incarne dans le film de Ken Loach, Land and Freedom, un femme qui se rebelle contre la discipline pendant la révolution espagnole et la guerre civile. Sa carrière cinématographique, tant devant que derrière la caméra, est couronnée de récompenses et elle a cofondé une maison de production en 1991, La Iguana.

Son nouveau film, Les Repentis, s’inspire d’une histoire vraie, celle Maixabel Lasa, dont le compagnon a été assassiné par l’ETA en 2000. Le film analyse la violence et ses conséquences pour les victimes et les bourreaux, mais également la difficulté de se déclarer repenti même si l’on a quitté l’organisation. Prendre pleine conscience des actes et adopter une position autocritique, signifie surmonter la crainte des représailles, mais surtout du constat d’échec. L’acceptation de Maixabel de rencontrer l’un des assassins de son époux malgré l’opposition de ses proches n’a rien à voir avec le pardon. « Elle croit profondément aux deuxièmes chances [rapporte Iciar Bollain] et c’est ce qu’elle voulait offrir à ceux qui lui avaient causé les pires dommages, qui ont quasiment détruit sa vie. Elle nous a dit qu’en allant à ces rencontres, elle n’attendait aucun bénéfice personnel. Mais pour elle et toutes les victimes qui ont participé à cette opération, cela représentait un certain soulagement, l’idée d’avoir tenté quelque chose, d’obtenir des informations sur ce qui s’est exactement passé, de confronter les bourreaux aux souffrances qu’ils ont causées. Et aussi d’obtenir des réponses à leurs questions basiques : pourquoi, comment ? J’ai commencé ce film en me disant qu’il traiterait des conséquences de la violence sur les victimes de l’ETA, mais au final, son sujet est l’inanité de la violence pour tout le monde, bourreaux inclus. Car les membres de l’ETA n’ont rien gagné politiquement, et ceux qui ont tué doivent ensuite porter un terrible fardeau toute leur vie. »

Maixabel est-elle une figure utopique ? On pourrait le penser en voyant son engagement dans une association de victimes de l’ETA et du GAL et l’incroyable interprétation de Blanca Portillo, qui donne tout son sens à la réflexion sur la violence, violence d’État et violence d’un groupe politique. Un sujet quasiment jamais évoqué, en fait « Maixabel voudrait qu’Espagnols et nationalistes basques coexistent sans violence, elle pense à l’après. [Et Iciar Bollain d’ajouter,] la question est aussi, comment raconter l’histoire ? Qui la raconte ? Doit-on entendre ceux qui justifient la violence, qui pensent qu’elle était nécessaire, ou ceux qui disent une bonne fois pour toutes que c’était une impasse, une erreur ? Les gens comme Mandela ou Maixabel sont des bâtisseurs de la société, des personnes constructives. Ayant tellement souffert, elles sont prêtes à écouter plutôt qu’à penser en termes de revanche. Je les admire parce qu’à titre personnel, je ne sais pas si je serais capable de faire comme eux. Il faut avoir vécu ce genre de drame pour savoir si on saurait résister à l’esprit de vengeance. » Une fois encore Iciar Bollain soulève des questions majeures et poursuit son parcours cinématographique placé sous le signe de la réflexion. Les repentis est un film à voir absolument.

En même temps que la rétrospective des films de la réalisatrice et comédienne Iciar Bollain, le 44ème Cinemed a offert une large rétrospective du travail de la documentariste Simone Bitton dont l’engagement marque toute la carrière comme le confirme les extraits de la table ronde qui lui était consacrée. Sa connaissance culturelle et politique du Maghreb et du Moyen-Orient initie une découverte intéressante de l’histoire et de l’actualité de ces régions, tant dans son parcours de documentariste pour la télévision française qu’ensuite dans ses réalisations cinématographiques à partir de Mur en 2004, premier film sur la construction de la barrière de séparation Israël/Palestine. Mur procure, grâce à une rigueur remarquable, la vision du contexte tragique d’un double ghetto de part et d’autre, du désastre environnemental et de la création d’un abîme entre deux populations… entérinant ainsi l’occupation, la spoliation d’une terre et un nouvel apartheid.

Simone Bitton est née au Maroc dans une famille juive-marocaine. Alors qu’elle est adolescente, sa famille émigre en Israël, premier exil — comme elle le décrit —, suivi en 1973 de son départ à Paris pour des études de cinéma, après la guerre du Kippour-Ramadan qui fait d’elle une pacifiste. Elle choisit de réaliser des documentaires, et c’est une quinzaine de films pour la télévision qui reflètent son parcours original et l’amplitude de ses connaissances multiculturelles de même que ses questionnements sur la création artistique et l’histoire de ces pays souvent méconnue en France, notamment avec Les Grandes Voix de la chanson arabe (1990), le portrait du poète palestinien Mahmoud Darwich : Et la terre comme la langue (1997), Ben Barka, l’équation marocaine (2001), L’Attentat (1999). Inlassablement, elle aborde des sujets difficiles, tabous avec la volonté d’aller au-delà des apparences pour déconstruire les informations superficielles, les dénis et les a priori colportés.

Lorsqu’elle décide de filmer Mur, elle est consciente que ce projet cinématographique implique d’être indépendante de la télévision pour le réaliser. Le film sera sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs et connaît un retentissement international. Suivent Rachel (2009), enquête sur la mort de Rachel Corry, activiste états-unienne écrasée par un bulldozer lors de la résistance aux démolitions de maisons dans la Bande de Gaza, enfin Ziyara (2020), road movie dans son pays natal, à la recherche de la mémoire juive partagée, et à la rencontre de celles et ceux qui la conservent.

Faisant suite à la rétrospective des films de Iciar Bollain, le festival international du cinéma méditerranéen, CINEMED, a offert au public l’opportunité de découvrir le travail de deux grandes cinéastes, tant par leur originalité créative que pour leur engagement.
Illustrations, bande son de Mur et de Mahmoud Darwich : Et la terre comme la langue, enfin le Trio Joubran, The Age of Industry.
La table ronde s’est déroulée le 24 octobre, présentée par Michèle Driguez et compagnie de son producteur.

Dans la sélection des longs métrages en compétition, il faut souligner que tous les films se distinguaient par l’intérêt du sujet et l’exigence de la réalisation. Beaucoup d’ailleurs bénéficient d’une distribution et nous parlerons donc des rencontres avec les cinéastes qui accompagnaient leur film.

Commençons par la réalisation de Rachid Hami, Pour la France , qui s’inspire directement de son drame familial personnel, la mort de son frère, intervenue lors d’un « bahutage », rituel d’intégration dans l’école militaire de Saint-Cyr. Le récit mêle trois moments de la vie de la famille, le départ d’Algérie durant la décennie noire et la séparation du père, l’antagonisme des deux frères durant la période de leurs études — brillantes pour Aïssa, le plus jeune, comparée à l’itinéraire de son aîné, Ismaël —, enfin la lutte de la famille pour l’organisation des funérailles.
Extraits d’un entretien choral avec Rachid Hami et le comédien Shaïn Boumedine qui interprète Aïssa.
Pour la France de Rachid Hami sortira en salles le 15 février. C’est un des films de la compétition qui m’a le plus impressionné non seulement par la construction du scénario mais également par le rythme du récit et une fin magnifique, dont je ne dirai rien pour ne pas spolier sa découverte.

Autre film attendu dans la compétition, la Dernière reine du duo de réalisation, Damien Ounouri et Adila Bendimerad, qui en est aussi l’interprète principale. Enfin un film historique situé dans l’Algérie du XVIème siècle ! Comme pour démontrer que l’histoire algérienne ne commence pas avec la lutte pour l’indépendance. Damien Ounouri et Adila Bendimerad s’étaient déjà illustré dans un fascinant moyen métrage, Kindil, présenté au festival CINEMED en 2017. Cette fois, à travers le portrait de la reine Zaphira — légende ou réalité —, c’est un pan de l’histoire algérienne à un tournant important, juste avant la conquête ottomane. Film épique et féministe, la Dernière reine offre au public une épopée originale où la reine Zaphira résiste au pirate Aroudj Barberousse, et tout cela dans un chatoiement de costumes et de décors, sans parler de la chorégraphie des affrontements et la puissance d’interprétation de tous les personnages. Conçu en cinq actes à la manière d’une tragédie antique ou shakespearienne, le film déroule le récit d’une histoire méconnue. Très beau film et un premier long métrage passionnant.

L’entretien en compagnie de Damien Ounouri et Adila Bendimerad s’est tenu le 24 octobre 2022.
La sortie du film sur les écrans est prévue le 19 avril 2023.
Illustrations musicales de l’entretien : Idir et Houria Aïchi.

Ashkal de Youssef Chebbi

C’était un projet immobilier du régime Ben Ali sur le site de Carthage, la ville antique détruite par le feu, tout un quartier fantomatique dont la construction a été abandonnée au moment de la chute du régime. Dans un des bâtiments du quartier, pompeusement baptisé les Jardins de Carthage, deux flics, Fatma et Batal, découvrent le corps calciné de l’un des gardiens du chantier. Rien n’explique le geste et il ne semble pas avoir eu d’agression. Le cas est bientôt suivi par des immolations qui paraissant volontaires, sans que le mystère soit levé sur un geste qui devient récurrent dans le décor troublant du quartier désert aux fenêtres aveugles.
Fatma, la jeune policière cherche à comprendre les raisons de ce qui devient un phénomène tandis que, parallèlement, une commission d’enquête est mise en place pour déterminer les responsabilités de la police dans les exactions durant le régime Ben Ali. Si Fatma, femme indépendante et nouvelle dans la profession, n’est pas concernée, son collègue Batal l’est, il fait partie de cette génération qui a commis des abus et est mouillé dans des actes répréhensibles et la corruption. Les immolations sans trace de carburant se poursuivent et le seul indice est un jeune homme mystérieux dont le portrait robot ne révèle rien, « il donne le feu » dit un témoin. Le thriller bascule dans le fantastique, mis en scène dans un décor graphique et soutenu par une bande son très présente.
Ashkal qui signifie formes, motifs, est construit comme un jeu de pistes dans un décor métaphorique et vertigineux. Fatma est la seule qui semble entrevoir le mystère, ou plutôt elle pressent ce que signifie cette vague d’immolations, des formes qui se fondent dans le feu et sur les murs d’une cité abandonnée.
Ashkal de Youssef Chebbi a remporté l’Antigone d’or et deux autres prix au festival CINEMED. Sortie nationale le 25 janvier 2023.
Rencontre avec Youssef Chebbi et Fatma Oussaifi.

Autre film étonnant, La Stranezza de Roberto Ando, où théâtre et cinéma se croisent et s’entraînent dans un récit situé en 1921. Luigi Pirandello est en pleine réflexion sur la création et en recherche d’une voie nouvelle de l’expression théâtrale.

Autrement dit, le film visite une hypothèse sur l’inspiration de la pièce Six personnages en quête d’auteur, qui bouleversa les codes, et renoua avec la pure comédie italienne. Mêlant fiction et réalité, drame et comédie, Roberto Ando livre une fresque sur la création de la pièce de Pirandello grâce à un éblouissant casting. Fellini n’est pas loin dans ce film et c’est pur plaisir !

On ne quitte pas la Méditerranée avec le film de Philippe Petit, Tant que le soleil frappe, belle histoire sur l’affrontement d’une utopie et du profit à court terme.

Swann Arlaud interprète un paysagiste qui rêve d’un jardin sauvage en plein quartier populaire de Marseille, un lieu de rencontre, de repos, histoire d’oublier la ville telle que décidée par le fric ; évidemment le Candide à la main verte affronte promoteurs, architectes et la Com de la mairie qui ont une toute autre idée de la ville, cela s’appelle la gentrification. Tant que le soleil frappe est sur les écrans le 8 février. Et nous en reparlerons car le sujet du film rappelle Residue de Merawi Gerima.

Dirty, Difficult, Dangerous de Wissam Charaf.

Après Tombé du ciel qui traitait de l’amnésie d’un combattant de la guerre civile libanaise, Wissam Charaf met en scène un couple d’amoureux, lui est un réfugié syrien qui vit dans la rue, elle est éthiopienne et domestique corvéable à merci dans une famille libanaise, où elle doit surveiller son employeur qui a des crises pendant lesquelles il se prend pour Nosferatu. Ahmed et Mehdia représentent des cas types d’immigré.es, exploité.es et rejeté.es, dans tous les cas ils et elles subissent le mépris d’une grande partie de la population libanaise. Le film de Wissam Charaf est une fable humaniste sur le comportement vis-à-vis de deux formes d’immigration, politique et économique, et sur l’impossibilité de s’aimer. La sortie nationale est prévue en avril.

Enfin, voici le nouveau film de Maha Haj, Fièvre méditerranéenne, ancré dans une profonde mélancolie, mais parsemé d’un humour décapant. Vivant à Haïfa, Walid est un dépressif fonctionnel, qui se sent responsable de tous les malheurs possibles, la mort d’une voisine, les violences en Cisjordanie et à Gaza montrées à la télé… Et s’il s’efforce d’écrire, il ne décolle pas de la page blanche. Sentiment d’impuissance et mal de vivre… Lorsque débarque un nouveau voisin, Jalal, qu’il juge d’abord grossier et sans gêne, il en devient l’ami avec une idée en tête pour échapper à cette dépression qui le ronge, la fièvre méditerranéenne ou être Palestinien en Israël. Sur fond de crise existentielle et identitaire, ce duo improbable brosse le portrait d’une société israélienne où il n’est pas simple d’être un Palestinien israélien. Déjà dans Personnal Affairs, Maha Haj montrait avec brio les décalages et les problèmes engendrés par la situation sociale et politique, dans ce film elle approfondit encore le sentiment d’enfermement au cœur d’une situation cul de sac. En exergue une citation de Tchékov qui en dit long sur cette fièvre qui frappe les Palestiniens : « Quel beau temps aujourd’hui. J’hésite entre boire une tasse de thé ou me pendre. »

Fièvre méditerranéenne est une merveille de subtilité, servie par l’interprétation remarquable des deux comédiens, Amer Hlehel et Ashraf Farah. Le film sort en salles le 14 décembre. Nous reparlerons donc de la rencontre avec Maha Haj, de même que des films montrés en avant première, par exemple Nos Frangins de Rachid Bouchareb, Tirailleurs de Mathieu Vadepied, du film de Roshdy Zem, Les Miens, du Principal de Chad Chenouga.

À signaler la sélection des courts métrages, notamment AOC de Samy Sidali, abondamment récompensé, deux films d’animation, Ice merchants de Joao Gonzalez et Pentola de Léo Cernic, Last Days of Summer de Nayef Hammoud, Sur la tombe de mon père de Jawahine Zentar, Hush de Samar Quoty, The Third Notebook de Lur Olaizola et Siri Miri de Luay Awwad… Dans la sélection documentaires, le très intéressant Après une révolution de Giovanni Buccomino sur l’histoire d’une sœur et d’un frère engagés dans des camps opposés en Libye.
Quant à la nouvelle génération du cinéma géorgien, on ne peut que dire : belles découvertes ! Le 44ème CINEMED a été un plaisir de cinéma et ce qui évidemment ravit, c’est que les salles étaient pleines d’un public enthousiaste et curieux. Vive le cinéma !

Depuis hier et jusqu’au 17 novembre, le Forum des images présente la 13e édition du Festival Un État du Monde.
Un festival qui reflète des questions de société, génère des débats autour de films en avant premières, de films inédits en France comme El Agente topo du réalisateur chilien Sebastián Lelio, c’est également des rencontres avec des cinéastes, des auteurs et des autrices, de même qu’une journée de soutien à Jafar Panahi et au cinéma iranien, et un hommage au documentariste Adam Curtis… Parmi les avant premières, Alma Viva de Cristèle Alves Meira, et Fièvre méditerranéenne
de Maha Haj.
Rencontres également autour de la collection « Le mot est faible » des éditions Anamosa qui propose des ouvrages courts sur un mot omniprésent dans l’actualité. Discussion avec Sarah Mazouz, autrice de Race, Déborah Cohen pour Peuple, Samuel Hayat auteur de Démocratie, Laurent Fonbaustier pour Environnement et Antoine Vauchez auteur de Public.
13e édition du Festival Un État du Monde au Forum des images jusqu’au 17 novembre.

Huit Heures pour la Palestine 2022
samedi 19 novembre à 14h 30
Maison des syndicats,12 Place des Terrasses à Evry

Témoignages et table ronde sur le thème de « l’apartheid israélien en Palestine ; le reconnaître et le combattre », avec : Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France ; Sami Huraini, co-fondateur de l’ONG Youth of Sumud, miltant pour la défense de la région Sud de Hébron, Thomas Vescovi, chercheur indépendant sur Israël/Palestine et auteur de L’Échec d’une utopie : une histoire des gauches en Israël (2021).
Une exposition « Le crime de l’apartheid » ;
Enfin un concert : le Duo Wala Mara, le joueur de oud Issa Mourad et le rappeur Osloub.
Entrée libre : samedi 19 novembre à 14h 30
Maison des syndicats, 12 Place des Terrasses à Evry

Ariaferma
Film de Leonardo di Costanzo (16 novembre 2022)

Une prison vétuste dans les montagnes sardes doit fermer, les quelques détenus qui y sont encore gardés doivent être transférés vers un autre lieu d’incarcération. Or, pour des raisons administratives, le transfert de ces derniers détenus est suspendu. Le surveillant en chef est alors chargé de faire fonctionner la prison en équipe réduite. Ce temps d’attente et de transition va créer un rapprochement entre prisonniers et matons, favorisé par l’un des plus anciens détenus qui s’évertue à établir un contact différent entre surveillants et détenus. À cette fin, il propose de cuisiner les repas et peu à peu les rapports changent, la hiérarchie s’estompe malgré des conditions propres à la révolte.
Ariaferma traite de l’intime dans un lieu qui en a perdu le sens, où l’on est sans cesse entouré par l’autre, et cela en l’occurrence dans un confinement aggravé par les conditions dégradées de la prison. Durant cette parenthèse étrange, un duo de comédiens confirmés côtoie des non professionnels qui apportent une touche de spontanéité accentuant encore la sensation d’inattendu, de tension, entre menaces d’explosion et partage étonnant. Un lieu hors du temps et des habitudes carcérales bousculées.
Ariaferma de Leonardo di Costanzo est un très beau film, une fable profonde sur l’humanité, au cinéma le 16 novembre.

Black is Beltza, Ainhoa
Film d’animation de Fermin Muguruza (16 novembre 2022)

« L’intensité avec laquelle nous vivions ces années contrastait avec la mort prématurée qu’elle incarnait comme sinistre invitée ». Ce film d’animation, en parfaite osmose avec la musique, est un voyage initiatique dans une fin de siècle marquée au Pays basque par les attentats, la répression et la guerre sale, le SIDA et l’afflux massif d’héroïne, pour lequel on peut se demander si la drogue était un moyen de juguler toute forme de résistance.
Dans ce nouvel opus de la saga Black is Beltza, c’est à travers le regard d’une jeune fille que s’observent les derniers moments de la guerre froide, la répression policière espagnole face à une nouvelle génération d’activistes basques ayant soif de musique et de liberté. Ainhoa est étudiante aux Beaux arts, parle français, anglais, castillan ainsi que basque. C’est une lutteuse, à commencer contre un cauchemar, son cauchemar. Élevée à Cuba, elle débarque en Europe munie de son appareil photo offert par son père. Au cours de son voyage, elle rencontre Josune, passionnée de musique, journaliste et militante pour l’indépendance du Pays basque. Les deux jeunes filles s’entendent immédiatement et poursuivent le voyage ensemble.

Retour sur les années 1980 où les grands conflits de cette amorce de fin de siècle se règlent apparemment, qu’il s’agisse de la guerre entre l’Irak et l’Iran, de la guerre civile au Líban, des affrontements en Afghanistan, de l’imminent processus de paix entre le gouvernement espagnol et l’ETA… Apparemment, car en réalité les conflits demeurent en évoluant. L’expression mondialisation, utilisée pour faire croire à une soi-disant nouvelle ère de paix marque l’année où se déroule ce nouvel épisode de Black is Beltza, en 1988. Les protagonistes affrontent une succession de difficultés de plus en plus grandes qui fait voir à l’évidence que le local est en écho à l’international. Un film à voir et à entendre à partir du 16 novembre.

Plus que jamais
Film de Emily Atef (16 novembre 2022)

Dernier film tourné avec Gaspard Ulliel, Plus que jamais d’Emily Atef prend une résonance particulière du fait de la disparition du comédien, à qui le film est dédié, et du récit de la mort annoncée de l’héroïne du film. Hélène et Mathieu vivent ensemble depuis quelques années et le lien qui les unit est profond. Atteinte d’une fibrose pulmonaire idiopathique, la jeune femme s’isole de plus en plus, refuse les aides extérieures et la possibilité de greffe des poumons. Décidée à reprendre sa vie en mains et de lutter contre la mort à sa manière, elle annonce à Mathieu son départ en Norvège pour se ressourcer seule et retrouver un bloggeur atteint de la même maladie qu’elle.
On pourrait ne voir dans ce film qu’un mélodrame, mais la lutte et le choix d’Hélène d’une mort digne et contrôlée par elle-même apporte une profondeur au film et une réflexion sur la décision ultime. Très belle interprétation de deux personnages, dont celle de Gaspard Ulliel qui refuse la décision de sa compagne et ne comprend pas son hostilité à se battre contre la maladie. Dans le paysage norvégien, filmé magnifiquement par la réalisatrice, la sérénité d’Hélène fait face à l’impuissance de Mathieu et pose la question de l’amour et du choix de l’évasion confrontée à la mort.
Plus que jamais d’Emily Atef est en salles le 16 novembre 2022.


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